Tignes protège son glacier avec des bâches géotextiles : une course contre la montre pour sauver la neige
À Tignes, au cœur de la Savoie, le glacier de la Grande-Motte incarne l’urgence climatique qui affecte les massifs alpins. Situé à 3 656 mètres d’altitude, ce site subit une fonte accélérée, menaçant la pratique du ski d’été dans un avenir proche. Pour préserver suffisamment de neige et permettre, notamment, l’entraînement des équipes de France de ski, la station s’appuie sur des méthodes de conservation avancées, dont la couverture de certaines zones par des bâches protectrices.

Des méthodes de préservation pour retarder la fonte
Perché au sommet du domaine skiable, le glacier de la Grande-Motte est essentiel pour l’activité sportive, tout particulièrement à l’approche de l’hiver. Confrontée à une réduction rapide du manteau neigeux, la station s’appuie désormais sur une stratégie appelée « culture de la neige » ou gestion assistée de la neige.
Cette technique consiste à accumuler un maximum de neige naturelle dans les dépressions du glacier pendant l’hiver, puis à la recouvrir, dès le printemps, avec de larges bâches en textile technique d’environ un centimètre d’épaisseur.
Ces bâches jouent un rôle de barrière contre la chaleur et les rayons du soleil, limitant la fonte au maximum. A l’ouverture, l’épaisseur de neige préservée sous bâche atteint plusieurs mètres, ce qui permet de disposer d’une réserve précieuse pour le début de la saison. Ce dispositif est un élément-clé pour garantir l’accès des équipes sportives à une neige de qualité dès l’automne.
REPORTAGE - Réchauffement climatique : à Tignes, on bâche le glacier pour conserver la neige
— ici Pays de Savoie (@icipaysdesavoie) September 24, 2025
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Des résultats encourageants, mais un glacier toujours en danger
La récente opération de retrait des bâches sur la zone de la Combe, réalisée au cours des quinze derniers jours, a permis de constater que la majorité du volume de neige placé sous protection a été sauvegardée : environ 70 % du stock initial reste utilisable. Cette gestion maîtrisée permet d’anticiper l’ouverture du glacier dès le début octobre, un atout majeur pour les skieurs professionnels.
Cependant, le constat général reste alarmant. En quatre décennies, on mesure parfois une diminution de la glace supérieure à quarante mètres sur certains secteurs.
Cette dynamique illustre la rapidité de la transformation du paysage alpin. De plus, la station estime que la poursuite du ski d’été pourrait devenir impossible sous cinq ans, malgré tous les efforts déployés.
La gestion de la neige s’étend à de nouveaux secteurs
Pour renforcer la conservation du manteau neigeux, la station a élargi depuis peu l’application de ces techniques à d’autres parties du glacier. Deux nouveaux sites bénéficient désormais de cette gestion assistée de la neige : le plateau de Champagny, en bout de domaine, et la piste de la face menant vers le télésiège de Vanoise.
Cette extension montre que le défi est de taille : il s’agit de préserver la ressource neigeuse, de ralentir la fonte et de permettre la continuité de l’activité skiable, tout en adaptant les moyens à l’évolution rapide des conditions climatiques.