Réchauffement climatique : des vignerons se mettent à cultiver... des oliviers à la place des vignes
Face à l’accélération du réchauffement climatique et à la fonte des glaciers, les agriculteurs du Valais, en Suisse, réinventent leur paysage agricole. La vigne, symbole régional, souffre de la sécheresse. On voit émerger l’olivier, plante méditerranéenne, comme nouvelle alternative. Focus sur la mutation d’un terroir en première ligne du bouleversement climatique.
        Le Valais suisse face à la crise climatique : une mutation agricole inédite
Dans le canton du Valais, la crise climatique n’est plus une abstraction. On observe une fonte rapide des glaciers suisses, qui alimente d’ordinaire les réseaux d’irrigation nécessaires à l’agriculture locale. Cette disparition met en péril l’approvisionnement en eau, essentiel pour la viticulture, activité historique et pilier économique de la région.
Durant la COP 30, la Suisse a souligné l’urgence d’adopter des mesures plus ambitieuses de réduction des gaz à effet de serre. Mais sur le terrain, l’adaptation est déjà en marche. Les agriculteurs valaisans, inquiets pour la survie de leurs exploitations, cherchent de nouvelles solutions pour maintenir leur activité, alors que les canicules rendent de plus en plus difficile la culture traditionnelle de la vigne.
L’olivier : un nouvel allié pour les agriculteurs du Valais
À Leytron, Julien Guillon figure parmi les pionniers de cette transition. En 2024, il a planté environ 200 oliviers sur ses terres, constatant que ces arbres méditerranéens s’adaptent sans difficulté au climat alpin en mutation. Résistant à la sécheresse et capable de supporter des températures négatives jusqu’à -20°C, l’olivier présente un avantage décisif face aux aléas climatiques.
Les premières observations sont encourageantes : les oliviers plantés ne montrent aucune maladie et se développent correctement. Ce choix s’explique aussi par la capacité de l’olivier à se contenter d’apports en eau réduits et d’un recours limité aux produits phytosanitaires par rapport à la vigne.
Julien Guillon vise l’installation de 4 000 oliviers supplémentaires d’ici 2030, envisageant une première récolte majeure à cette échéance. Selon ses projections, la Suisse romande pourrait compter jusqu’à 100 000 oliviers dans les trois à quatre prochaines années.
Conséquences pour la viticulture et enjeux de la diversification
Les surfaces viticoles du Valais pourraient diminuer de 20 à 30 % en dix ans, sous l’effet conjugué de la raréfaction de l’eau et des températures extrêmes – on a déjà relevé près de 50°C en été dans certaines zones. Pour préserver la rentabilité des exploitations, la diversification apparaît comme une stratégie incontournable.
L’objectif affiché par Julien Guillon et d’autres pionniers n’est pas seulement de sauver leur activité, mais aussi de produire une huile d’olive de qualité. Ils insistent sur la nécessité d’encadrer cette filière naissante, par exemple en créant une appellation d’origine contrôlée (AOC), garantissant l’excellence du produit final.
Cette adaptation illustre la transformation des pratiques agricoles en zone alpine, où le réchauffement avance deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Le Valais devient ainsi un laboratoire de l’agriculture de demain, contraint de repenser ses traditions pour survivre.