Typhon Fung-wong : vents jusqu’à 230 km/h, 1,4 million d’évacués et un bilan qui s’alourdit aux Philippines
Le « super-typhon » Fung-wong a balayé les Philippines par l’est avec des vents violents et des pluies diluviennes, avant de se diriger vers Taïwan. En quelques heures, le pays a dû évacuer massivement, alors que les inondations et les glissements de terrain ont fait monter le bilan humain. Deux jours après son passage, les secours déblayent, rétablissent les accès et l’électricité, tandis que Taïwan se prépare à des précipitations intenses et à des fermetures préventives.
Un super-typhon d’une ampleur exceptionnelle
Fung-wong a abordé les Philippines par l’est dans la soirée de dimanche 9 novembre, son vaste enroulement nuageux recouvrant pratiquement tout le pays. Un typhon est un cyclone tropical du Pacifique Ouest ; on parle de « super-typhon » pour les épisodes les plus intenses, quand les vents soutenus et les rafales atteignent des niveaux destructeurs.
Les rafales ont grimpé jusqu’à 230 km/h, avec des vents moyens proches de 185 km/h. Face au risque d’inondations soudaines et de houle, les autorités ont déclenché des évacuations massives, atteignant environ 1,4 million de personnes sur le week-end.
Dès lundi 10 novembre, écoles et bâtiments publics sont restés fermés dans de nombreuses zones, y compris à Manille, pour limiter l’exposition aux vents et aux crues.
Un lourd bilan humain et des scènes de destruction
Le bilan humain a d’abord fait état d’au moins 5 morts, avant de s’alourdir à 18 morts au 11 novembre. Parmi les victimes, une femme de 64 ans décédée en regagnant son domicile, une noyade lors d’une crue soudaine à Catanduanes, deux jumeaux de 5 ans et un homme âgé emportés par des glissements de terrain dans le nord de Luzon, ainsi qu’un enfant de 10 ans mort à Nueva Vizcaya.
Sur le terrain, la violence des éléments a laissé des images marquantes. À Catanduanes, des vagues frappant le brise-lame faisaient « trembler le sol », selon un habitant. Une vidéo authentifiée par l’AFP montre une église à Birac cernée par des eaux de crue montées à mi-hauteur de l’entrée. Face aux rafales, des habitants ont tenté d’arrimer leurs maisons avec des cordes.
Les inondations commencent à reculer dans plusieurs villages, mais de nombreuses localités restent privées d’électricité et certaines zones demeurent difficiles d’accès.
Secours et priorités : accès, routes, électricité, communications
Les opérations de secours s’organisent autour de priorités claires : rétablir les accès vers les secteurs isolés, dégager les routes encombrées, et remettre en service les lignes électriques et de communication. Pelleteuses et tronçonneuses sont mobilisées pour le nettoyage, mais les glissements de terrain ralentissent l’acheminement de l’aide.
Dans la province d’Isabela, une ville de 6 000 habitants était encore coupée du monde mardi 11 novembre. Des parties de Nueva Vizcaya restaient elles aussi isolées. Sur l’île de Catanduanes, la distribution d’eau courante pourrait être perturbée jusqu’à 20 jours, compliquant le quotidien des sinistrés.
La province de Cebu, déjà très touchée par le typhon Kalmaegi quelques jours plus tôt, a suspendu ses opérations de secours samedi à l’approche de Fung-wong pour ne pas mettre en danger les équipes. Les autorités évoquent une « reprise précoce » qui prendra des semaines.
Cap sur Taïwan : pluies extrêmes et fermetures préventives
Après avoir traversé les Philippines, Fung-wong a été rétrogradé en violente tempête tropicale et se dirige vers Taïwan, où un atterrissage est attendu mercredi. La tempête renforce la mousson du nord-est — un régime de vents saisonniers qui apporte des pluies soutenues —, avec des cumuls pouvant atteindre jusqu’à 400 mm en 24 heures.
Plusieurs comtés taïwanais ont annoncé la fermeture des écoles et des bureaux mardi. Le président Lai Ching-te appelle la population à éviter les zones montagneuses, les plages et plus largement les sites exposés, le temps de l’épisode.
Une saison éprouvante et un contexte de réchauffement
Fung-wong survient dans la foulée de Kalmaegi, qui a frappé les îles du centre des Philippines quelques jours auparavant, causant au moins 224 morts selon un bilan gouvernemental, et 5 morts au Vietnam. D’autres décomptes évoquent 232 morts pour les Philippines. Selon EM-DAT, Kalmaegi est le typhon le plus meurtrier de l’année 2025.
Les Philippines affrontent chaque année une vingtaine de tempêtes ou typhons en moyenne, avec un impact particulièrement lourd sur les régions les plus modestes. Des scientifiques rappellent que le réchauffement d’origine humaine crée les conditions d’épisodes plus intenses : océans plus chauds qui alimentent plus vite les cyclones, atmosphère plus chaude qui accroît les pluies.
Dans ce contexte, l’anticipation — évacuations rapides, fermetures ciblées, communication de crise — reste déterminante pour réduire les pertes humaines et accélérer la reprise.