Première tempête de neige sur l’Amérique du Nord : un épisode précoce et massif du Québec au Golfe du Mexique
Une coulée d’air polaire d’ampleur continentale a précipité l’hiver sur l’est de l’Amérique du Nord, avec un pic d’intensité le mardi 11 novembre 2025. Le Québec a connu sa première tempête de neige de la saison, tandis qu’aux États-Unis, le gel a gagné jusqu’aux rives du Golfe du Mexique. Des cumuls notables et une neige lourde ont provoqué pannes d’électricité et perturbations.
Une coulée polaire précoce et étendue
Depuis le week-end précédant le 11 novembre 2025, une descente d’air arctique a balayé le Canada et la façade est des États-Unis. En altitude (niveau 850 hPa, environ 1500 m), la masse d’air a atteint -10 à -14 °C jusque sur le sud-est américain. Ce déficit d’environ 15 à 20 °C par rapport aux normales saisonnières a suffi à installer un froid marqué très au sud.
Un affaissement du courant-jet associé à un noyau d’air froid d’altitude — souvent désigné comme un vortex polaire — a favorisé cette plongée. Concrètement, le gel a gagné les régions littorales du Golfe du Mexique et même le nord de la Floride, un fait notable si tôt dans la saison.
Québec : neige lourde, cumul rapide et pannes d’ampleur
Sur l’est du Canada, les minimales ont fréquemment plongé entre -10 et -20 °C. Le Québec a basculé en régime hivernal avec la première tempête de neige de la saison. À Montréal, on a relevé 20 cm au sol le 11 novembre.
La neige est dite lourde et humide lorsque la température proche du sol avoisine 0 °C. Sa densité plus élevée sollicite davantage la végétation encore feuillue. Dans le sud de Montréal (Montérégie), la casse de branches a entraîné environ 250 000 foyers privés d’électricité.
Les conditions ont perturbé la vie locale, jusque dans les stades. La finale de la ligue professionnelle à Ottawa, le dimanche 9 novembre 2025, s’est jouée au cœur des précipitations. Les arbitres ont dû interrompre la rencontre à intervalles réguliers pour retracer les lignes sous la neige, devant près de 30 000 spectateurs.
États-Unis : du Midwest au Golfe, un froid remarquable pour la saison
Le mardi 11 novembre, plus de 150 millions d’Américains se sont réveillés sous 0 °C. Le gel a touché les abords du Golfe, avec -1,7 °C à Mobile (Alabama) et -2,2 °C à Jacksonville (Floride), où l’on enregistre habituellement près de 15 °C le matin à cette période.
Dans le Midwest, la neige s’est invitée dès le lundi 10 novembre. Certaines zones de l’Indiana, de l’Illinois, du Wisconsin et du Michigan ont accumulé plus de 30 cm. Plus à l’est, New York a observé de faibles chutes le mardi 11, avec des rafales et des averses réduisant la visibilité. Par précaution, des avions (type A320) ont été dégivrés sur certains aéroports.
Autour des Grands Lacs, les premiers épisodes notables liés à l’effet de lac se sont déclenchés. Sur le littoral du lac Michigan, Chicago a reçu environ 5 cm, tandis que d’autres secteurs en ont cumulé 20 à 30 cm, sous des bandes neigeuses organisées par le contraste thermique avec les eaux encore relativement douces.
Pourquoi cet épisode est-il si marquant ?
Trois éléments se combinent. D’abord, l’ampleur spatiale : de larges portions du Canada et des États-Unis ont été concernées simultanément. Ensuite, l’intensité du décrochage thermique, jusqu’à 15 à 20 °C sous les normales à 850 hPa. Enfin, la précocité du phénomène, avec un gel descendant jusqu’à la Floride au début de novembre.
Quelques définitions utiles pour lire les cartes :
- 850 hPa : niveau de pression situé vers 1500 m d’altitude. On y analyse les masses d’air, moins influencées par la surface, pour anticiper la nature des précipitations.
- Vortex polaire : zone d’air très froid en altitude, centrée sur les hautes latitudes. Lorsqu’elle s’étire vers le sud, elle favorise des intrusions hivernales précoces.
- Effet de lac : neige convective générée quand de l’air froid survole des lacs relativement doux. L’humidité captée est relâchée sous forme d’averses neigeuses intenses sur les rives sous le vent.
Évolution : vers un retour à des valeurs plus conformes
Après le pic du 11 novembre, un atténuation est attendue, avec un retour vers des valeurs plus proches des normales dès mercredi. Les cumuls posés et les sols refroidis pourront toutefois prolonger des conditions hivernales localement, notamment au lever du jour.