La fonte des glaces en Arctique ralentit selon les scientifiques, ce n'est que temporaire
Depuis deux décennies, les scientifiques observent une atténuation du rythme de fonte des glaces en Arctique. Un phénomène inattendu, qui intrigue la communauté scientifique, mais ne remet pas en cause la dynamique du changement climatique global.

Un ralentissement depuis 20 ans
Depuis le début des observations satellitaires en 1979, l'Arctique est devenu l’un des indicateurs les plus sensibles du réchauffement climatique. La banquise a longtemps connu une fonte rapide, atteignant des records de minimum entre 2007 et 2012.
Cependant, depuis le début des années 2000, les données issues des satellites de la NASA et de l’ESA montrent un ralentissement inattendu de cette fonte.
Selon une étude publiée en août 2025 dans Geophysical Research Letters, le rythme annuel de perte de surface de glace en été — longtemps évalué à près de 70 000 km² par an — semble s’être stabilisé. Le volume total de glace aurait diminué de 2,9 millions de km³ par décennie depuis 1979, mais cette baisse est bien plus lente depuis 2000-2020, avec un plateau entre 0,78 et 0,79 million de km² de surface minimum estivale.
Pourquoi ce ralentissement ?
Ce phénomène n’est pas synonyme d’un arrêt de la fonte ni d’un « répit climatique ». Plusieurs facteurs naturels semblent en jeu, selon les climatologues :
- Variabilité climatique naturelle : L’évolution du climat arctique ne dépend pas uniquement du réchauffement causé par les activités humaines. Le système climatique est également influencé par des cycles naturels à différentes échelles de temps, qui modulent temporairement les effets du changement climatique global. C'est ce que l'on appelle des "oscillations".
- Circulation atmosphérique : Certains hivers récents ont favorisé une extension temporaire de la glace, sans changer la tendance de fond.
- Événements ponctuels : Des phénomènes comme une météo estivale moins chaude ou une moindre intrusion de courants chauds dans l’océan Arctique peuvent affecter la fonte à court terme.
Mark England, auteur principal de l’étude, insiste sur le caractère transitoire de ce ralentissement : « Il s’agit probablement d’un signal superposé à la tendance à long terme, non d’un retournement climatique. »
Et pour la suite ?
Même si les chiffres actuels peuvent paraître rassurants, ils ne doivent pas faire oublier les dynamiques de fond :
- Le réchauffement climatique global se poursuit. Les années 2023 et 2024 ont été parmi les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures mondiales record.
- La banquise arctique reste fragile. Son épaisseur moyenne a fortement diminué, rendant la glace plus vulnérable aux épisodes chauds futurs.
- La modélisation climatique confirme que ce plateau est probablement temporaire. Les projections indiquent une poursuite de la fonte dès que les oscillations naturelles changeront de phase.
Le risque ? Un retour brutal à une fonte rapide, avec un effet amplifié par la perte de glace plus fine et plus jeune. Ce phénomène s’inscrirait dans le cercle vicieux du réchauffement arctique, où la disparition de la glace réduit l’albédo (réflexion solaire) et accélère encore la hausse des températures.
Attention aux interprétations erronées
Ce ralentissement, bien que réel, ne doit pas être récupéré par les climatosceptiques pour remettre en cause le réchauffement climatique.
Comme le souligne Julienne Stroeve, spécialiste des glaces polaires : « Ces pauses apparentes sont fréquentes dans les séries climatiques. Elles ne signifient pas que le problème est résolu. »
Source de l'étude : Geophysical Research Letters