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Climat : nouveau record d’émissions en 2025, le seuil des 1,5 °C se rapproche

Publié par Sandrine Météocity , le 13 nov. 2025 à 18:49

Un bilan scientifique international publié mi-novembre confirme la poursuite de la hausse des émissions mondiales de CO2 en 2025. La trajectoire actuelle met le seuil de 1,5 °C à portée immédiate, avec un budget carbone qui se réduit rapidement. Malgré une légère accalmie liée aux feux de forêts, la tendance globale reste orientée à la hausse.

Ville sous le soleil

Émissions mondiales en hausse en 2025 : où en est‑on ?

Les émissions de CO2 liées à la combustion des énergies fossiles et à la production de ciment devraient augmenter d’environ 1,1 % en 2025, comme en 2024. Le total attendu atteint ainsi 38,1 milliards de tonnes de CO2 sur l’année.

En ajoutant le changement d’usage des sols (forêts, agriculture), les rejets montent à environ 42,2 milliards de tonnes de CO2. Cette composante « terres » apparaît en léger repli cette année, en particulier grâce à une baisse des feux de forêts évaluée à environ −200 millions de tonnes par rapport à 2024. Cette accalmie ne suffit toutefois pas à inverser la tendance globale.

Comparées à 2015 (année de l’Accord de Paris), les émissions fossiles sont environ 10 % plus élevées. La croissance observée en 2025 dépasse la moyenne annuelle de la dernière décennie (0,8 %), confirmant une progression plus rapide qu’espéré.

Budget carbone et trajectoires : le cap des 1,5 °C en ligne de mire

Le « budget carbone » représente la quantité maximale de CO2 que l’humanité peut encore émettre pour avoir une chance de limiter le réchauffement à un niveau donné. Pour 1,5 °C, il reste environ 170 GtCO2, soit l’équivalent d’environ quatre années d’émissions au rythme actuel.

Le franchissement du seuil de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle pourrait intervenir avant 2030. Les trajectoires associées aux politiques et engagements actuels convergent vers un réchauffement nettement supérieur : autour de 2,3 à 2,5 °C d’ici 2100 si les promesses sont tenues, et jusqu’à environ 2,6 °C selon d’autres analyses de référence.

En clair, au rythme présent, la fenêtre pour maintenir 1,5 °C se referme rapidement. Réduire les émissions de manière soutenue et immédiate devient un enjeu de court terme, pas une perspective lointaine.

Secteurs fossiles : charbon, pétrole et gaz toujours orientés à la hausse

Le charbon devrait atteindre un nouveau record en 2025 avec une hausse d’environ +0,8 %, portée notamment par des progressions aux États‑Unis et en Inde. Le pétrole suivrait une trajectoire ascendante de +1 %, tandis que le gaz naturel augmenterait d’environ +1,3 %, renouant avec sa tendance d’avant l’invasion de l’Ukraine.

Ces hausses simultanées des trois grands piliers fossiles contredisent la baisse rapide nécessaire pour infléchir durablement les émissions globales. Elles confirment la dépendance persistante des systèmes énergétiques aux combustibles fossiles, malgré l’essor des renouvelables dans plusieurs pays.

Dynamiques régionales : États‑Unis et Union européenne en hausse, Chine quasi stable

Les émissions augmenteraient de +1,9 % aux États‑Unis. Dans l’Union européenne, la hausse attendue est plus modérée, autour de +0,4 %, en partie sous l’effet d’hivers plus froids qui ont accentué les besoins de chauffage.

La Chine affiche une évolution proche de la stabilité, autour de +0,4 %. La dynamique y semble davantage contenue que celle observée aux États‑Unis, même si le niveau absolu des rejets y reste élevé. Dans plusieurs pays, des reculs d’émissions sont attribués à la montée des énergies renouvelables, à l’électrification des véhicules et à la baisse de la déforestation ; ces signaux, encourageants localement, demeurent insuffisants à l’échelle mondiale.

Ce bilan intervient alors que la COP30 se tient au Brésil, sans participation des États‑Unis. Cette absence, couplée à des manœuvres de lobbying évoquées dans le débat public, fragilise la dynamique diplomatique autour d’objectifs plus ambitieux.

Rôle des terres : moins de feux, mais un répit insuffisant

Le « changement d’usage des sols » regroupe la déforestation, la dégradation et la conversion des milieux naturels. En 2025, cette composante reculerait légèrement, en grande partie grâce à une réduction des feux de forêts estimée à environ −200 millions de tonnes de CO2 par rapport à 2024.

Ce répit rappelle l’importance des écosystèmes comme puits de carbone, mais il ne compense pas l’augmentation des émissions fossiles. La baisse des feux, sensible sur un an, ne modifie pas à elle seule la trajectoire structurelle des rejets mondiaux.