Humidité et sensation de froid en hiver : pourquoi aérer aide vraiment à garder la chaleur
En hiver, beaucoup ont l’impression d’un « froid humide » qui traverse les vêtements. Ce ressenti s’explique par des mécanismes physiques simples : humidité relative, point de rosée et température radiante des parois. Bien aérer, même par temps froid, permet de réduire l’humidité et d’améliorer le confort, tout en optimisant le chauffage.
Pourquoi l’humidité donne froid à l’intérieur
On ressent le froid selon plusieurs facteurs combinés : la température de l’air, la vitesse de l’air, la température des parois autour de nous et l’humidité. Les modèles de confort (PMV/PPD) montrent que ces paramètres pèsent autant que le thermomètre.
L’humidité relative est la part de vapeur d’eau présente dans l’air par rapport au maximum possible à la même température. À 20 °C, un air à 70 % d’humidité contient bien plus de vapeur qu’à 10 °C. Quand l’air humide touche une surface froide, on atteint le point de rosée : la vapeur condense, mouille la paroi et abaisse sa température.
Des parois plus froides réduisent la température radiante moyenne autour du corps : on a froid même si l’air indique 19 °C. L’humidité humidifie aussi les textiles (pulls, couettes), ce qui diminue leur pouvoir isolant. Résultat : échanges thermiques plus rapides, sensation de froid accrue.
Aérer pour garder la chaleur : un « paradoxe » très efficace
Ouvrir grand les fenêtres en hiver semble contre‑intuitif. Pourtant, l’air extérieur est souvent plus sec en valeur absolue. En remplaçant un air intérieur saturé par un air plus sec, on baisse la teneur en vapeur d’eau et on limite la condensation sur les parois. Celles‑ci se réchauffent plus vite et la sensation de confort augmente.
Une aération courte et franche — 10 à 15 minutes, idéalement matin et soir — ne laisse pas le temps aux murs de se refroidir en profondeur. On évite au contraire l’entrebâillement prolongé, qui fait chuter la température des parois.
Cette stratégie réduit aussi les odeurs, le CO₂ et les polluants domestiques, tout en soulageant le chauffage : un air plus sec atteint la consigne plus vite et stabilise le confort.
Pourquoi un logement est plus humide qu’un autre ?
Plusieurs facteurs expliquent des écarts marqués entre logements pourtant voisins.
- Ventilation insuffisante : bouches obstruées, VMC défaillante, entrées d’air calfeutrées.
- Isolation et ponts thermiques : jonctions froides (planchers, linteaux) où la condensation s’installe.
- Infiltrations et remontées capillaires : humidité structurelle qui nourrit les moisissures.
- Usages : douches, cuisson sans hotte, séchage du linge à l’intérieur, nombre d’occupants.
- Matériaux : certains murs stockent l’humidité et la restituent lentement.
- Exposition : logements bas, peu ensoleillés ou face au vent dominants.
Comment mesurer et suivre le taux d’humidité chez soi
Un hygromètre mesure l’humidité relative. On vise une plage de 40 à 60 % la majeure partie du temps ; au‑dessus de 60 %, le risque de condensation et de moisissures augmente. Placez le capteur à 1,1 à 1,7 m du sol, loin d’une source de chaleur ou d’une fenêtre.
Le point de rosée se calcule à partir de la température et de l’humidité : lorsqu’une surface descend sous cette valeur, l’eau se dépose. Un thermomètre infrarouge aide à repérer les parois froides et à cibler l’isolation.
Des capteurs connectés enregistrent l’évolution heure par heure. On visualise ainsi les pics après douche / cuisson et l’efficacité de l’aération.
Solutions concrètes pour faire baisser l’humidité
- Aérer en grand : 10 à 15 minutes, 2 fois par jour, fenêtres opposées pour créer un courant d’air.
- Ventiler mécaniquement : VMC entretenue, bouches dépoussiérées tous les 3 à 6 mois, entrées d’air dégagées.
- Hotte et extraction : hotte à l’évacuation extérieure pendant la cuisson ; extraction 30 minutes après douche.
- Limiter l’apport de vapeur : couvercles, douches plus courtes, ne pas sécher le linge dedans ; si nécessaire, utiliser un déshumidificateur (viser 50 %).
- Chauffer de façon régulière : environ 19 °C dans les pièces de vie et 17 °C dans les chambres pour maintenir des parois moins froides.
- Traiter les causes : réparer fuites, drainer les zones humides, corriger les ponts thermiques, isoler murs et planchers.
- Gestions des plantes : regrouper les espèces très évapotranspirantes et éviter l’arrosage excessif.
Dans les bâtiments récents, une VMC hygroréglable adapte le débit à l’humidité. Dans l’ancien, une aération naturelle renforcée, associée à des débits mesurés, améliore le bilan sans refroidir les parois.