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Climat : L’Europe se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde

Publié par Sandrine Météocity , le 29 sept. 2025 à 09:27

L’Europe, souvent citée en exemple pour ses efforts contre le changement climatique, doit aujourd’hui intensifier ses actions pour préserver sa nature et renforcer sa résilience. Un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE), publié fin septembre 2025, dresse un constat alarmant : le continent se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale et subit une dégradation rapide de son environnement.

Un homme tient un smartphone dans la main

Un réchauffement accéléré et des progrès insuffisants : l’Europe peut-elle suivre le rythme ?

Selon le dernier rapport quinquennal de l’AEE, l'Europe connaît un réchauffement climatique deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Cette accélération se traduit par des records de chaleur annuels, des vagues de canicule plus fréquentes et une raréfaction des ressources en eau dans des régions précises comme l’Italie, l’Espagne ou le sud de la France.

Les gaz à effet de serre sont des composés (comme le dioxyde de carbone ou le méthane) qui piègent la chaleur dans l’atmosphère et contribuent au réchauffement planétaire.

Malgré une réduction de 37 % des émissions depuis 1990, obtenue grâce à la baisse de la consommation de combustibles fossiles et au développement des énergies renouvelables, l’état général de l’environnement européen demeure préoccupant. La pollution de l’air – notamment l’exposition aux particules fines, ces poussières microscopiques nocives pour la santé humaine – a baissé (les décès liés à ces particules ont chuté de 45 % entre 2005 et 2022), mais cela ne suffit pas à enrayer la dégradation écologique globale.

Les institutions scientifiques telles que Météo-France, Copernicus (le programme européen d’observation de la Terre) et le GIEC (IPCC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirment ces tendances dans leurs analyses annuelles et alertes.

Une nature sous pression : biodiversité, eau et sols en danger

Le rapport de l’AEE est formel : la nature européenne continue de se dégrader sous l’effet de la surexploitation, de la pollution et du changement climatique. En France, par exemple, de nombreux cours d’eau du bassin méditerranéen affichent des niveaux d’eau historiquement bas. En Allemagne, la qualité des sols agricoles se détériore rapidement.

  • 81 % des habitats protégés présentent un état médiocre ou mauvais, un chiffre qui inclut par exemple la Camargue ou les zones humides de Hongrie.
  • 60 à 70 % des sols sont dégradés, affectant l’agriculture et la sécurité alimentaire de pays comme la Pologne ou l’Italie.
  • 62 % des masses d’eau n’atteignent pas un bon état écologique – ce terme désigne la capacité d’un cours d’eau, d’un lac ou d’une nappe à maintenir des équilibres biologiques et chimiques compatibles avec la vie des espèces locales.

La biodiversité – c’est-à-dire la variété et la richesse des espèces animales et végétales – est en fort recul sur l’ensemble du continent. La raréfaction des ressources en eau s’aggrave, mais l’AEE estime qu’il est possible de réduire jusqu’à 40 % la consommation d’eau grâce à une meilleure gestion, à l’innovation et à la sensibilisation.

Des impacts humains et économiques en forte hausse

Les conséquences du changement climatique et de la dégradation de la nature se manifestent concrètement sur la santé, la sécurité et l’économie. Entre 1980 et 2023, plus de 240 000 décès ont été causés par des événements climatiques extrêmes (canicules, inondations, feux de forêt, glissements de terrain) dans l’Union européenne. En 2022, la France, l’Espagne et l’Allemagne ont recensé des centaines de décès supplémentaires lors des vagues de chaleur.

Le coût économique de ces événements explose : les pertes annuelles moyennes entre 2020 et 2023 étaient 2,5 fois plus élevées que durant la décennie précédente. L’exemple de la Slovénie, où les inondations de 2023 ont représenté 16 % du PIB national, illustre l’ampleur du défi. En France, les sécheresses à répétition ont provoqué d’importants dégâts agricoles et infrastructurels.

En outre, 19 % des Européens ne peuvent pas maintenir une température confortable chez eux, exposant une part croissante de la population aux effets des vagues de chaleur, notamment dans les grandes villes comme Paris, Rome ou Madrid.

Quelles réponses européennes face à l’urgence ?

Face à ces défis, l’AEE insiste : il faut renforcer la mise en œuvre des politiques climatiques prévues dans le Pacte vert européen. Ce plan européen vise à rendre l’économie de l’UE neutre en carbone d’ici 2050, à restaurer la biodiversité et à améliorer la qualité de vie tout en préservant la compétitivité. Les progrès sont notables en matière d’énergies renouvelables, mais les États membres peinent à s’accorder sur des objectifs plus ambitieux, en particulier pour réduire de 90 % les émissions d’ici 2040 par rapport à 1990.

L’agence recommande aussi de poursuivre la réduction des émissions, d’adopter des mesures pour la santé lors des épisodes de chaleur (seuls 21 pays sur 38 disposent de plans d’action en cas de canicule), et d’accélérer la transition vers une économie durable. La notion de résilience – la capacité d’une société à s’adapter et à se relever face à des chocs climatiques ou environnementaux – devient centrale.

En matière d’énergie, l’AEE met en garde sur les limites du recours au nucléaire, celui-ci contribuant au réchauffement des cours d’eau, et privilégie la montée en puissance des renouvelables. Préserver une nature en bon état écologique est, selon l’AEE, un levier indispensable pour l’adaptation au changement climatique et la survie des sociétés européennes, aujourd’hui et demain.