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Travail en extérieur : quelle réglementation quand il fait froid ?

Publié par Claire Krust , le 28 sept. 2025 à 16:25

Chaque hiver, les températures chutent et des millions de professionnels se retrouvent confrontés au froid sur leur lieu de travail. Du bâtiment à la voirie en passant par l’agriculture et la logistique, travailler en extérieur par temps froid comporte des risques réels pour la santé. Qui est responsable, et peut-on refuser de travailler dehors lorsqu’il fait très froid ?

Un homme vêtu d'un gilet jaune travaille en extérieur

Travail en extérieur : quels dangers concrets quand il fait froid ?

Chaque année en France, on recense plusieurs centaines d’accidents du travail directement liés au froid, dont une vingtaine de cas graves d’hypothermie ou d’engelures selon l’INRS.

Les chantiers du BTP, les zones de stockage non chauffées ou les champs agricoles sont particulièrement concernés lors des épisodes de gel. Le froid agit à plusieurs niveaux :

  • Engelures : lésions de la peau et des tissus, parfois irréversibles, sur les doigts, orteils, nez ou oreilles.
  • Hypothermie : quand la température corporelle descend sous 35 °C, les fonctions vitales sont en danger.
  • Accidents : la perte de dextérité, la diminution des réflexes et la fatigue augmentent le risque de chutes ou de blessures.

Le danger est amplifié par le refroidissement éolien : il s’agit de l’effet combiné du vent et du froid sur la sensation thermique. Par exemple, une température de 0 °C avec un vent à 30 km/h équivaut à une exposition ressentie de -6 °C.

Quelle réglementation pour le travail en extérieur par temps froid ?

La loi française ne fixe aucune température minimale pour le travail en extérieur, même lorsque le froid s’intensifie. Cependant, la réglementation impose à l’employeur une obligation de sécurité renforcée, notamment à travers plusieurs textes :

  • Code du travail (R4225-1) : l’employeur doit prendre toutes mesures pour préserver la santé des salariés, y compris lors de froid intense.
  • Évaluation des risques : le froid doit figurer dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
  • Plan de prévention : pour les interventions conjointes ou les sites sensibles, la prévention du froid est obligatoire.

En cas de vigilance orange ou rouge (par exemple pour grand froid ou neige), les chantiers peuvent être suspendus si la sécurité ne peut plus être assurée. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), chaque épisode de froid intense multiplie par deux le nombre d’accidents déclarés dans le BTP.

Quelles obligations concrètes pour prévenir les effets du froid au travail ?

Face au froid, la prévention ne se limite pas à fournir une paire de gants : l’organisation du travail doit être revue pour protéger les salariés. L’employeur doit ainsi :

  • Mettre à disposition des équipements de protection individuelle (EPI) adaptés : gants, vestes isolantes, chaussures antidérapantes, bonnets…
  • Prévoir des pauses régulières dans un local chauffé ou à l’abri du vent et de l’humidité.
  • Adapter les horaires et organiser une rotation des équipes pour limiter le temps d’exposition au froid.
  • Informer et former les travailleurs sur les risques liés au froid et les signes d’alerte à surveiller.

Ces mesures sont incontournables : La prévention des risques liés au froid est une obligation légale, et non une option, rappelle la CNAM dans sa dernière circulaire sur le sujet. Le non-respect de ces règles engage la responsabilité de l’employeur, tant sur le plan civil que pénal.

Quels sont les droits des salariés face au froid sur leur lieu de travail ?

Quand il fait très froid, on n’est pas obligé de tout accepter : la réglementation prévoit plusieurs droits pour les salariés exposés au froid lors du travail en extérieur.

  • Droit de signalement : tout salarié peut alerter son employeur ou la médecine du travail en cas de risque lié au froid.
  • Droit de retrait : face à un danger grave et imminent (pas de protection, pas de pause chauffée…), le salarié peut cesser le travail sans sanction.
  • Demande d’aménagement : en cas de santé fragile ou de grossesse, il est possible de demander un poste adapté lors des vagues de froid.

En cas de conflit, l’inspection du travail ou le Conseil de prud’hommes peuvent être saisis pour arbitrer la situation. Selon la DARES, le nombre de signalements pour conditions de travail dangereuses en hiver a progressé de 12 % entre 2017 et 2022, preuve d’une vigilance accrue des salariés.

Froid, météo et climat : quelle évolution pour le travail en extérieur ?

Les vagues de froid restent un aléa météorologique majeur en France, même si le réchauffement climatique tend à réduire leur fréquence. Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), on observe une diminution du nombre de jours de froid extrême, mais une intensification possible des épisodes courts et intenses. Cela signifie que l’on doit rester vigilant, car ces événements peuvent surprendre et avoir des conséquences graves, en particulier pour les travailleurs en extérieur.

Les épisodes de froid peuvent aussi avoir un impact indirect : gel des routes, interruption des chantiers, perte de productivité dans l’agriculture. On assiste à une adaptation progressive des pratiques, mais la prévention reste la clé, surtout dans un contexte de dérèglement climatique où la météo devient plus imprévisible.

Tableau récapitulatif : risques et prévention lors du travail en extérieur par temps froid

Température Risques Obligations de l’employeur Conseils spécifiques
< 5 °C Engelures, hypothermie légère EPI chauds, pauses chauffées Limiter les tâches statiques, surveiller les mains/pieds
< 0 °C Hypothermie grave, accidents Suspension possible, vigilance renforcée Réduire le temps dehors, surveiller le refroidissement éolien
Vent > 20 km/h Refroidissement éolien accru Abri contre le vent, adaptation des pauses Consulter météo, doubler les vêtements coupe-vent