Les forêts tropicales d’Australie émettent désormais plus de carbone qu'elles n'en absorbent
Longtemps considérées comme des alliées majeures dans la lutte contre le réchauffement climatique, les forêts tropicales du nord de l’Australie sont aujourd’hui au cœur d’un bouleversement scientifique. Selon de récentes études, ces écosystèmes, traditionnellement réputés pour absorber le dioxyde de carbone (CO2), sont désormais devenus des émetteurs nets de carbone.

Des forêts tropicales bouleversées par le climat
C'est une nouvelle à laquelle on ne s'attendait pas.
Traditionnellement, les forêts tropicales sont qualifiées de puits de carbone : on parle de « puits de carbone » pour désigner les milieux naturels capables d’absorber et de stocker le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, contribuant ainsi à limiter l’effet de serre. En Australie, les forêts du nord, particulièrement dans l’État du Queensland, étaient jusque récemment un modèle de ce rôle écologique fondamental.
Or, une étude publiée dans la revue Nature dévoile un changement de paradigme : ces forêts tropicales, analysées sur près de 50 ans, sont devenues, depuis le début des années 2000, des sources nettes d’émissions de carbone. Les chercheurs ont constaté que la quantité de CO2 relâchée par la décomposition des arbres morts dépasse désormais celle absorbée par la croissance des arbres vivants.
Quelles sont les causes de ce basculement ?
À l’origine de cette inversion, plusieurs facteurs liés au changement climatique :
- Températures extrêmes : les épisodes de chaleur intense limitent la croissance des arbres et augmentent leur mortalité.
- Sécheresses sévères : les périodes prolongées sans pluie affaiblissent les arbres, les rendant plus vulnérables.
- Demande accrue en eau atmosphérique : l’air plus chaud favorise l’évaporation et accroît le stress hydrique des plantes.
- Cyclones : leur intensité en hausse provoque davantage de dégâts structurels sur les forêts.
L’augmentation de la mortalité des arbres liée à ces phénomènes climatiques a été déterminante. Les scientifiques ont également observé que la croissance des arbres n’a pas suffi à compenser ces pertes, accentuant le déficit de carbone.
Des conséquences mondiales et un signal d’alerte
Ce phénomène, observé sur des forêts naturelles non perturbées, s’est maintenu dans la durée. Selon l’équipe de recherche, il s’agit des premières forêts tropicales connues à basculer ainsi d’un rôle de puits à celui d’émetteur net de carbone.
Des constats similaires ont été faits en Amazonie, où la mortalité accrue des arbres réduit la capacité de stockage du carbone. L’étude alerte donc sur la possibilité que d’autres forêts tropicales du globe suivent cette trajectoire, selon des mécanismes et à des rythmes variables.
À l’échelle mondiale, le contexte est préoccupant : la température moyenne sur la planète a dépassé +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle en 2023-2024 (source : observatoire Copernicus). L’Australie, quant à elle, reste l’un des pays aux émissions de CO2 par habitant les plus élevées, en grande partie du fait de l’exportation et la subvention de combustibles fossiles.