Les plages des Hauts-de-France pourraient bientôt être couvertes de granulés de plastiques
Des millions de petites billes de plastique, échappées d’une station d’épuration anglaise, pourraient s’échouer sur les plages des Hauts-de-France dans les jours à venir. Ce risque, inédit et étendu, suscite une forte inquiétude quant aux impacts durables sur l’environnement côtier et la faune locale. Les autorités recommandent la plus grande vigilance face à ces déchets plastiques, connus pour leur persistance dans le milieu marin.
Un risque inédit pour les plages des Hauts-de-France
Depuis la fin novembre 2025, la perspective de voir des millions de granulés de plastique, mesurant environ 5 mm, atteindre les plages des Hauts-de-France suscite une forte inquiétude.
Ces biomédias – des petites billes noires en plastique – sont utilisés dans les stations d’épuration pour servir de support aux bactéries et filtrer les eaux usées. À la suite d’une fuite survenue dans une station d’épuration anglaise à Eastbourne, gérée par Southern Water, un grave épisode de pollution plastique d’environ 10 tonnes de ces microplastiques ont été relâchées en mer.
Directement après l’accident, les plages anglaises les plus proches, comme Camber Sands, ont vu s’échouer d’importantes quantités de granulés. 80 % des billes collectées en Angleterre ont déjà été ramassées grâce à d’importantes opérations de nettoyage, mais des millions d’autres poursuivent leur dérive, emportées par les courants de la Manche vers la région des Hauts-de-France.
Conséquences pour la faune marine et les promeneurs
Les autorités françaises, appuyées par des associations environnementales, redoutent un impact durable sur la biodiversité côtière. Si ces particules ne présentent pas de toxicité chimique directe – leur matière plastique étant déclarée inerte –, elles peuvent toutefois être recouvertes de bactéries issues des eaux usées, ce qui expose les personnes qui les manipulent sans gants à des risques sanitaires.
Le danger principal concerne la faune marine : poissons, oiseaux et crustacés risquent d’ingérer ces microplastiques, qu’ils peuvent confondre avec de la nourriture. Les chiens, souvent en liberté sur les plages, sont également exposés. Les scientifiques estiment que ces particules pourraient rester présentes et actives dans le milieu marin pendant dix à vingt ans, ce qui rend la pollution particulièrement préoccupante.
Comparaison avec la situation en Angleterre
Au Royaume-Uni, où la catastrophe s’est produite début novembre, le sud du littoral a subi une pollution étendue. À Camber Sands et sur plusieurs plages voisines, le nettoyage est complexe, les granulés se mêlant intimement au sable et aux algues. Les bénévoles, soutenus par les collectivités locales, ont permis la collecte d’une large majorité de billes, mais le flux de matériaux continu, poussé par la marée, ne permet pas de parvenir à une élimination totale.
L’incident, évalué comme l’un des plus graves épisodes de pollution plastique de l’histoire récente du littoral britannique, a coûté plus de 2 millions d’euros à Southern Water. Cet épisode de pollution relance le débat sur la gestion des fuites et des infrastructures vieillissantes des stations d’épuration anglaises, souvent pointées du doigt pour pollution chronique et manque d’investissements.
Mesures et recommandations officielles
Face à la menace imminente, la préfecture maritime de la Manche - Mer du Nord a appelé à redoubler de vigilance. Même si aucune pollution n’était encore constatée sur les plages françaises fin novembre, les promeneurs, habitants et collectivités locales sont invités à surveiller toute apparition suspecte de billes noires dans le sable ou sur les algues. Le port de gants est recommandé en cas de ramassage, afin d’éviter tout contact avec les résidus bactériens présents sur les microplastiques.
La faune marine et côtière constituant le principal enjeu environnemental, les associations françaises travaillent en synergie avec leurs homologues britanniques pour limiter la dérive de ces polluants et alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’un suivi à long terme.