7 morts à cause d'un glissement de terrain à Tahiti : que s'est-il passé ?
Un vaste glissement de terrain s’est produit sur la presqu’île de Tahiti, dans le village d’Afaahiti, dans la nuit du 26 au 27 novembre. Une importante masse de terrain s’est détachée sur une hauteur d’environ 30 mètres après plusieurs jours de pluies soutenues, ensevelissant des maisons et faisant au moins sept morts, ainsi que des disparus.
Un glissement de terrain meurtrier à Afaahiti
Le glissement de terrain s’est produit à Afaahiti, sur la presqu’île de Tahiti, dans l’est de l’île principale de la Polynésie française. L’événement survient dans la nuit du 26 novembre, à l’aube heure locale, alors que de nombreux habitants dormaient encore.
Une large masse de terre, de boue et de blocs rocheux s’est détachée de la colline dominant une zone résidentielle. Le volume en mouvement correspond à une bande de terrain haute d’environ 30 mètres, arrachée à flanc de versant.
En contrebas, plusieurs habitations se trouvaient directement sur la trajectoire de ce mouvement rapide. L’une d’elles a été entraînée par la coulée et violemment propulsée contre une seconde maison, qui a elle aussi été engloutie par les matériaux. Au moins deux bâtiments ont été totalement recouverts par l’amas de terre et de boue, laissant très peu de chances aux occupants surpris dans leur sommeil.
Un glissement de terrain a fait sept morts et plusieurs disparus à Tahiti ce mercredi 26 novembre. Deux maisons ont été ensevelies. #JT13H pic.twitter.com/njeHAaZmbo
— franceinfo (@franceinfo) November 27, 2025
Un bilan humain très lourd et encore provisoire
Le bilan humain est particulièrement grave. Les autorités font état d’au moins sept personnes décédées à la suite de ce glissement de terrain, chiffre confirmé au niveau national.
Plusieurs habitants restent par ailleurs portés disparus. Un premier point de situation faisait état de quatre morts et de quatre disparus, avant la découverte de nouveaux corps au fil des recherches. Les équipes interviennent avec l’hypothèse que d’autres victimes puissent encore se trouver sous les décombres.
Face à la violence du phénomène et à la destruction de plusieurs habitations, une cellule psychologique a été déployée pour accompagner les familles endeuillées, les personnes évacuées et les voisins directement impactés.
Pluies intenses, sols saturés : un contexte météorologique défavorable
Ce glissement de terrain est directement lié à la succession d’épisodes pluvieux des jours précédents. La région d’Afaahiti a connu plusieurs jours à une semaine de pluies abondantes, inhabituelles pour la période. Progressivement, ces précipitations ont profondément humidifié et affaibli les pentes de la presqu’île de Tahiti.
Lorsque la pluie tombe de façon quasi continue, l’eau s’infiltre d’abord dans les couches superficielles du sol. Tant que ces couches restent partiellement vides, elles peuvent stocker une certaine quantité d’eau. Au-delà d’un seuil, les pores entre les grains se remplissent totalement : on parle alors de saturation des sols. À ce stade, l’eau ne peut plus être absorbée et s’écoule en surface ou s’accumule dans certaines strates.
Dans les régions tropicales comme Tahiti, les épisodes de pluies intenses peuvent être alimentés par des perturbations liées à la zone de convergence intertropicale ou à des dépressions locales. La combinaison de ces pluies soutenues et d’un relief volcanique très marqué crée un environnement particulièrement sensible aux mouvements de terrain.
Un terrain encore instable et des secours sous haute vigilance
Après la première rupture, la zone reste hautement instable. Une partie du versant a déjà cédé, mais d’autres secteurs présentent encore des signes de fragilité. Les précipitations n’ayant pas totalement cessé, le sol demeure très humide, ce qui maintient un risque de nouveaux décrochages.
Les opérations de secours ont dû être momentanément suspendues pendant plusieurs heures à la suite d’un autre mouvement de terrain survenu dans le même secteur. Pour les équipes sur le terrain, cette situation impose de progresser avec beaucoup de prudence afin de ne pas exposer les sauveteurs à un danger supplémentaire.
La durée des recherches s’annonce élevée : les autorités évoquent une intervention qui pourrait s’étendre sur plusieurs jours, avec un minimum de deux jours de fouilles continues. Les équipes avancent désormais de manière très progressive sur l’amas de boue et de débris, en limitant au maximum la pression exercée sur les zones où des victimes pourraient encore se trouver.
Une mobilisation de secours d’envergure à Tahiti
Face à l’ampleur du sinistre, un dispositif d’intervention conséquent a été déployé. Sur le terrain, on compte environ :
- 40 pompiers
- 30 policiers municipaux
- 20 gendarmes
- 30 militaires du régiment d’infanterie de marine du Pacifique-Polynésie
- les équipes médicales du SAMU
- 3 drones pour la surveillance aérienne et la reconnaissance du versant
- 1 hélicoptère Dauphin de l’armée pour les survols et les acheminements rapides
Pour retrouver les personnes disparues et sécuriser la zone, les secours s’appuient sur différents outils techniques : pelleteuses pour déplacer progressivement les matériaux, chiens de recherche pour détecter d’éventuelles victimes, mais aussi un radar et une caméra endoscopique permettant d’explorer des cavités ou poches d’air sans alourdir excessivement l’amas de terre.
Ce travail minutieux vise à concilier deux objectifs : avancer suffisamment vite pour maximiser les chances de retrouver des survivants, tout en préservant la sécurité des équipes dans un environnement encore vulnérable aux glissements.