Actualités météo | Ce pays produit trop d'électricité solaire : ses habitants vont bénéficier de 3 heures gratuites par jour
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Ce pays produit trop d'électricité solaire : ses habitants vont bénéficier de 3 heures gratuites par jour

Publié par Claire Météocity , le 05 nov. 2025 à 14:35

L’Australie expérimente une mesure inédite pour répondre à l’essor rapide du solaire : à partir de juillet 2026, plusieurs régions – notamment la Nouvelle-Galles du Sud, l’Australie-Méridionale et le sud-est du Queensland – devront offrir à leurs habitants trois heures d’électricité gratuite par jour.

Panneaux solaires sur le toit d'une maison

Cette décision fait suite à la croissance exceptionnelle du photovoltaïque dans le pays, où plus de 4 millions de foyers sont désormais équipés de panneaux.

Résultat : le réseau fait face à des surplus importants en milieu de journée, amenant le gouvernement à réinventer les règles du marché. Cette évolution pourrait bien inspirer la France, alors que l’Hexagone observe lui aussi une montée de la production solaire et des signaux de déséquilibre sur le réseau.

Une gestion innovante du surplus d’énergie solaire

Grâce à l’essor massif du solaire résidentiel, l’Australie se retrouve avec des volumes importants d’électricité excédentaire, surtout aux alentours de la mi-journée. Lors de ces pics, la quantité d’électricité produite dépasse parfois largement la demande.

Sur le marché de gros, cela conduit à un phénomène appelé prix négatifs : dans ce contexte, les producteurs doivent rémunérer les acheteurs pour que l’électricité soit consommée, car le réseau ne peut pas stocker l’excès. Cette situation, peu intuitive pour le grand public, traduit un déséquilibre ponctuel entre production et consommation.

Pour transformer ce défi en atout, l’État australien a choisi d’imposer un nouveau cadre aux fournisseurs d’énergie. Dès 2026, ils devront accorder trois heures gratuites d’électricité chaque jour à l’ensemble des ménages des régions concernées. Il ne sera plus nécessaire d’être équipé de panneaux solaires : l’accès à cette gratuité dépendra plutôt de la souscription à une offre dédiée et de la présence d’un compteur intelligent – un appareil qui relève la consommation en temps réel et communique directement avec le fournisseur, facilitant ainsi la facturation selon l’heure effective de consommation.

Concrètement, la gratuité s’appliquera durant la période où l’afflux d’électricité solaire est maximal, généralement entre la fin de la matinée et le début d’après-midi. Cette approche pourrait être élargie à d’autres États australiens dès 2027.

Consommation flexible : un nouveau réflexe à adopter

L’enjeu, pour les consommateurs australiens, sera d’ajuster leurs usages énergétiques à ces nouvelles plages horaires avantageuses. On pourra, par exemple, privilégier l’utilisation de ses appareils électroménagers ou recharger sa voiture électrique pendant ces trois heures, afin de profiter pleinement de la gratuité. Cette logique, dite de flexibilité de la demande, consiste à déplacer volontairement ses usages énergivores vers des périodes où l’électricité est abondante et moins coûteuse.

La mise en place du dispositif s’appuie sur la généralisation des compteurs intelligents. Ces équipements, déjà déployés dans de nombreux foyers, permettent de mesurer précisément la consommation à chaque instant et de proposer des tarifs variables selon l’heure. On dépasse ainsi le modèle traditionnel des "heures creuses", bien connu en France, pour instaurer une modulation encore plus fine et dynamique.

Selon Chris Bowen, ministre australien de l’Énergie, si une large partie de la population adopte ce réflexe, le coût global de l’électricité pourrait baisser pour tous. Cependant, plusieurs analystes mettent en garde : seuls les foyers capables de déplacer leurs usages tireront un bénéfice réel de la mesure, tandis que les autres risquent de voir leur facture stagner, voire augmenter si le prix hors gratuité est relevé pour compenser.

Quels impacts économiques et limites ?

Les spécialistes du secteur énergétique soulignent un risque : pour équilibrer la gratuité accordée sur certaines plages, les fournisseurs pourraient ajuster à la hausse les tarifs des heures restantes. Ainsi, l’économie réalisée dépendra fortement de la capacité de chacun à organiser sa consommation autour des horaires gratuits. Ce modèle vise donc en priorité les consommateurs les plus flexibles, équipés pour piloter leurs usages ou ayant des besoins déplaçables.

Malgré ces réserves, la démarche australienne marque un tournant. Elle place la flexibilité des usages et l’adaptabilité des clients au centre du système énergétique, une orientation qui pourrait inspirer d’autres pays en transition.

En France, une transition progressive vers la flexibilité

La France scrute attentivement l’expérience australienne. Depuis peu, on observe également dans l’Hexagone des épisodes où la production solaire dépasse ponctuellement la demande, ce qui conduit parfois à ce que l’électricité s’échange à des "prix négatifs" sur le marché de gros, c’est-à-dire que les producteurs paient pour écouler leur offre, un phénomène encore marginal mais en progression.

Pour l’heure, la réponse française se limite principalement à l’extension des heures creuses, mais des fournisseurs comme Engie (avec "Happy Heures Vertes") ou Octopus Energy (recharge illimitée à certaines heures) testent déjà des solutions qui incitent à consommer pendant les périodes de forte disponibilité d’électricité renouvelable. À terme, on pourrait voir émerger des offres plus dynamiques et personnalisées, où la flexibilité deviendra un levier clé pour alléger sa facture.