Actualités météo | Qualité de l’air à Paris : une amélioration spectaculaire en dix ans, mythe ou réalité ?
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Qualité de l’air à Paris : une amélioration spectaculaire en dix ans, mythe ou réalité ?

Publié par Claire Météocity , le 02 sept. 2025 à 10:26

La mairie de Paris affirme que la capitale n’a jamais connu un air aussi pur depuis dix ans, chiffres à l’appui. Mais cet optimisme est-il justifié ? Retour sur les données publiées par AirParif et les enjeux qui persistent autour de la pollution de l’air à Paris, entre progrès tangibles et vigilance à maintenir.

Paris avec un banc de brume

Une décennie de progrès : baisse des polluants et respect des normes

En 2024, Paris n’a franchi aucun des seuils réglementaires en matière de pollution atmosphérique. Cette situation inédite est saluée par la mairie, qui s’appuie sur une étude publiée par AirParif le 27 août. Selon Dan Lert, adjoint au plan climat, la capitale connaît une “amélioration sans précédent de la qualité de l’air sur les 10 dernières années”.

Les chiffres sont parlants : entre 2012 et 2022, la concentration de dioxyde d’azote (NO2) — un gaz principalement émis par le trafic routier — a reculé de 40 % dans la capitale. Les particules fines (PM10 et PM2,5), connues pour leur impact sur la santé respiratoire, ont diminué de 28 %. Cette tendance est confirmée par l’organisme de référence AirParif.

Cette amélioration concerne aussi les émissions de dioxyde de carbone (CO2) issues du trafic routier, en baisse de 35 % sur la même période. Le respect des normes européennes en 2024 marque un tournant : c’est la première fois que Paris n’enfreint aucune des valeurs limites, selon les relevés disponibles.

Des politiques et mesures en débat : entre satisfaction et inquiétudes pour l’avenir

Malgré ce bilan encourageant, la mairie de Paris reste critique face au plan régional de protection de l’atmosphère pour 2025-2030, piloté par la région Île-de-France. Celui-ci est jugé “obsolète” et “pas à la hauteur de l’urgence sanitaire” par la municipalité, qui a déposé un recours en justice en juin dernier.

Au cœur de la discorde : la suppression récente de la zone à faibles émissions (ZFE) par l’Assemblée nationale. Cette mesure phare devait limiter la circulation des véhicules les plus polluants, mais son abandon risque de compromettre les objectifs climatiques pour 2030. La mairie redoute notamment une stagnation, voire une remontée des taux de pollution si la dynamique actuelle n’est pas maintenue.

Cette bataille politique s’inscrit dans un contexte sanitaire préoccupant : 11,4 % des décès annuels à Paris sont imputés aux particules fines et 5,4 % au dioxyde d’azote, d’après l’Observatoire régional de santé. Même si la situation s’améliore, la pollution de l’air demeure la première cause de mortalité et de maladies chroniques dans la capitale.

Pourquoi rester prudent malgré l’amélioration ?

Peut-on alors baisser la garde ? Les spécialistes alertent sur la nécessité de poursuivre les efforts, car la pollution de l’air reste un enjeu majeur pour la santé publique. Les gains réalisés pourraient être remis en cause par une évolution des politiques urbaines, la croissance du parc automobile, ou de nouveaux aléas climatiques.

L’exemple de la suppression de la ZFE rappelle que la vigilance s’impose : sans contraintes fortes, les progrès observés pourraient ralentir, voire s’inverser. Par ailleurs, Paris demeure exposée à des épisodes de pollution liés aux conditions météo extrêmes (canicule, stagnation de l’air) qui nécessitent d’adapter sans cesse les stratégies locales.