Paris veut devenir une « ville éponge » : mais de quoi parle-t-on ?
Face à l’intensification des épisodes pluvieux liée au changement climatique, la mairie de Paris s’engage dans une transformation urbaine majeure. Son nouveau plan « Parispluie » ambitionne de rendre la capitale bien plus perméable, réduisant ainsi le ruissellement et la pression sur les réseaux d’égouts.

Résumé
- Objectif 2050 : rendre 40 % du territoire de Paris perméable et déconnecter 15 % des surfaces du réseau d’égouts grâce à la végétalisation.
- Depuis 2018, 150 hectares ont été désimperméabilisés et 130 hectares déconnectés des égouts, évitant le rejet de 950 000 m³ d’eaux pluviales.
- Une expérimentation dans le quartier de la Butte-aux-Cailles montre des résultats prometteurs sur l’infiltration des eaux de pluie à la source.
- Limiter les rejets dans les égouts améliore la qualité de la Seine, profite à la baignade urbaine et à la biodiversité.
Pourquoi transformer Paris en « ville éponge » ?
Paris se caractérise aujourd’hui par sa forte minéralisation : 75 % de ses surfaces sont imperméables. Ce phénomène accentue le ruissellement lors de fortes pluies, surchargeant le réseau d’égouts. Résultat : près de 40 millions de m³ d’eaux pluviales s’y déversent chaque année, se mélangeant aux eaux usées. En cas de saturation, le surplus est rejeté dans la Seine, ce qui impacte la qualité de l’eau et l’équilibre écologique du fleuve.
Avec le réchauffement climatique, les épisodes de pluies intenses deviennent plus fréquents. Les risques d’inondations et de pollution augmentent de fait, d’où l’urgence d’adapter l’environnement urbain à ces nouvelles réalités.
Le plan Parispluie : objectifs, réalisations et expérimentations
Des objectifs ambitieux pour 2050
Le plan Parispluie vise à :
- Rendre 40 % du territoire perméable, principalement via la végétalisation (création de jardins, plantations d’arbres, réaménagement des chaussées).
- Déconnecter 15 % des surfaces du réseau d’égouts pour gérer les eaux de pluie à la source.
Un bilan intermédiaire déjà significatif
Depuis le lancement du premier plan en 2018, 150 hectares ont été végétalisés et désimperméabilisés. Parallèlement, 130 hectares ont été déconnectés du réseau d’égouts, ce qui a permis d’éviter le rejet de 950 000 m³ d’eaux pluviales.
Expérimentation à la Butte-aux-Cailles
Dans ce quartier, des jardinières ont été installées pour favoriser l’infiltration directe des eaux de pluie dans le sol. Sur 700 m² de trottoirs et chaussées, environ 430 m³ d’eau de pluie ne sont plus dirigées vers les égouts chaque année. Si cette expérimentation s’avère concluante, elle pourrait être étendue à l’ensemble des rues à faible trafic de la ville, où le risque de pollution est limité.
Quels bénéfices pour Paris et la Seine ?
La réduction des rejets d’eaux pluviales dans les égouts profite directement à la qualité de l’eau de la Seine. Moins de polluants et de matières en suspension, c’est une meilleure sécurité pour la baignade publique et un milieu plus sain pour la biodiversité aquatique.
Ces aménagements s’inscrivent dans la continuité du plan climat adopté à l’automne dernier, renforçant la résilience de la ville face aux impacts du dérèglement climatique.