Etude : la pollution de l'air causerait une forme de démence très répandue
De nouvelles recherches alertent sur le rôle de la pollution de l’air dans le développement de la maladie à corps de Lewy, une forme de démence neurodégénérative très répandue après Alzheimer. Les particules fines présentes dans l’atmosphère pourraient être un déclencheur majeur de cette pathologie, qui touche chaque année des milliers de personnes en France, en particulier dans les grandes villes exposées à une pollution chronique.

Particules fines : un ennemi invisible du cerveau
Les particules fines PM2,5, au diamètre inférieur à 2,5 micromètres, sont omniprésentes dans l’air des grandes métropoles françaises comme Paris, Lyon ou Marseille. Issues du trafic routier, du chauffage et de l’industrie, elles franchissent la barrière pulmonaire et, selon de récentes études, peuvent même atteindre le cerveau. Mais quel est leur réel impact sur notre santé neurologique ?
Les chercheurs de l’université Johns Hopkins à Baltimore se sont penchés sur les données de 56 millions de bénéficiaires du système Medicare aux États-Unis. Leur constat est clair : l’exposition régulière à la pollution de l’air et aux particules fines est associée à une hausse significative des risques d’hospitalisation pour des maladies neurodégénératives, notamment la maladie à corps de Lewy.
Cette démence, parfois méconnue, se manifeste par des troubles cognitifs progressifs, des symptômes moteurs, des hallucinations visuelles ou encore des troubles de l’odorat. En France, plus de 200 000 personnes seraient affectées, un chiffre probablement sous-estimé dans les grandes agglomérations où la pollution de l’air est persistante.
Démence à corps de Lewy : quels mécanismes et facteurs de risque ?
La maladie à corps de Lewy partage des symptômes avec Alzheimer et Parkinson, ce qui la rend parfois difficile à diagnostiquer. Elle concerne avant tout les plus de 60 ans.
Cette pathologie est caractérisée par une accumulation anormale de la protéine alpha-synucléine dans certaines régions du cerveau, un phénomène que la pollution de l’air, via les particules fines, pourrait renforcer selon les dernières découvertes.
Si la pollution de l’air est désormais reconnue comme un facteur de risque général de démence, les scientifiques précisent que le lien précis entre exposition aux particules fines et apparition de la maladie à corps de Lewy reste à approfondir.
Néanmoins, ce risque s’ajoute à ceux déjà connus pour les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, confirmant que la qualité de l’air que l’on respire a un impact direct sur notre cerveau. Faut-il rappeler que la majorité des maladies neurodégénératives ne sont génétiques que dans moins de 5 % des cas ? Pour les autres, l’environnement joue un rôle déterminant.
Pollution de l’air, changement climatique et santé publique : un trio indissociable
Peut-on encore ignorer le lien entre pollution de l’air, changement climatique et explosion des maladies chroniques ? Les épisodes de pollution, souvent aggravés par les canicules et la sécheresse liées au réchauffement climatique, touchent de plus en plus de villes françaises. Paris, Lyon, Lille ou encore Grenoble sont régulièrement placées en vigilance pour dépassement des seuils de particules fines.
À mesure que le climat se réchauffe, la fréquence des phénomènes météo extrêmes augmente, et avec elle, la concentration de polluants dans l’air. Cette situation fragilise particulièrement les populations urbaines, les personnes âgées et celles souffrant déjà de troubles neurologiques. Autant de raisons d’agir sur les deux fronts : la lutte contre la pollution de l’air et l’adaptation aux effets du changement climatique.
Où la pollution de l’air pèse-t-elle le plus ? Focus sur la France
En France, les grandes agglomérations sont en première ligne face à la pollution de l’air. Selon Santé publique France, des villes comme Paris, Lyon, Marseille, Lille, Grenoble ou Strasbourg enregistrent régulièrement des taux élevés de particules fines. Ces pics coïncident souvent avec une hausse des admissions à l’hôpital pour troubles respiratoires et neurologiques, y compris pour des formes de démence comme la maladie à corps de Lewy.
À Paris, par exemple, les épisodes de pollution sont plus fréquents lors des périodes de canicule. Dans le Rhône, la vallée de l’Arve ou le bassin lyonnais, la topographie et la circulation dense aggravent la stagnation des particules fines. Les populations urbaines, les personnes âgées et celles déjà fragilisées par des antécédents médicaux y sont donc particulièrement exposées.