Actualités météo | Sécheresse record : l'Iran teste l'ensemencement des nuages pour déclencher la pluie
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Sécheresse record : l'Iran teste l'ensemencement des nuages pour déclencher la pluie

Publié par Sandrine Météocity , le 17 nov. 2025 à 13:56

L’Iran déclenche des vols d’ensemencement des nuages au-dessus du bassin du lac d’Ourmia pour tenter de relancer des pluies quasi absentes depuis des mois. Le pays traverse un automne exceptionnellement sec, avec un déficit de précipitations inédit depuis des décennies et des réservoirs à des niveaux très bas. Des pluies et même des premières neiges sont apparues localement, sans lever l’alerte sur la disponibilité en eau.

Terre craquelé par la sécheresse

Un automne historiquement sec, des réserves au plus bas

Le pays, à dominante aride, enchaîne sécheresses et vagues de chaleur, avec un nouveau seuil franchi cet automne. Les cumuls sont annoncés en chute de **89 %** par rapport au taux moyen de long terme, faisant de la saison en cours la plus sèche depuis **50 ans**.

Un bilan annuel provisoire évoque **152 mm** de pluie, soit **40 %** de moins que la moyenne calculée sur **57** années. La situation est particulièrement préoccupante à Téhéran, où les précipitations sont décrites comme les plus faibles depuis **un siècle** et où la moitié des provinces n’ont pas reçu de pluie depuis des mois.

Conséquence directe : les réservoirs qui alimentent de nombreuses provinces se situent à des niveaux historiquement bas. Dans la capitale, métropole de plus de **10 millions** d’habitants, des coupures périodiques sont mises en place pour réduire la consommation d’environ **3 millions de m³ par jour**.

Face à la gravité de l’épisode, les autorités ont mis en garde : en l’absence de pluie avant l’hiver, une évacuation de Téhéran a été évoquée comme un signal d’alerte à la population, et non comme un plan opérationnel.

Ensemencement des nuages : méthode, calendrier et zones ciblées

Un premier vol a été effectué au-dessus du bassin du lac d’Ourmia, plus grand lac d’Iran, fortement réduit par la sécheresse. D’autres opérations sont programmées dans les provinces d’Azerbaïdjan oriental et occidental, au nord-ouest. Il s’agit du premier déploiement de l’année hydrologique, qui démarre en **septembre**.

L’ensemencement des nuages consiste à introduire des particules dans des nuages propices pour favoriser la condensation et déclencher des précipitations. Le composé le plus cité est l’iodure d’argent. L’Iran a annoncé avoir développé sa propre technologie en la matière, une pratique également utilisée dans la région, notamment aux Émirats arabes unis.

Après ces opérations et le passage d’un régime perturbé, des pluies ont été signalées dans l’ouest et le nord-ouest, avec des mentions à Ahvaz, Shoushtar, Salmas, Ourmia et Abdanan. Des inondations localisées ont été rapportées dans certains secteurs. Au nord de Téhéran, les premières chutes de neige de la saison ont blanchi le massif de l’Alborz et la station de Tochal.

Pourquoi le bassin d’Ourmia est prioritaire

Le lac d’Ourmia a subi un rétrécissement marqué ces dernières années, sous l’effet combiné de la sécheresse et d’une pression hydrique accrue. Son bassin versant concentre logiquement les premières opérations pour tenter d’augmenter, même modestement, les apports atmosphériques.

L’objectif affiché est d’intensifier les précipitations sur une zone critique pour l’équilibre hydrologique régional. La stratégie inclut plusieurs missions, afin de multiplier les fenêtres d’intervention lorsque des nuages potentiellement précipitants sont présents.

Efficacité et limites : une réponse de court terme

L’ensemencement des nuages est une technique de géo-intervention atmosphérique dont l’efficacité à grande échelle reste discutée. Les résultats dépendent fortement de la structure des nuages, de l’humidité disponible et des conditions dynamiques au moment de l’intervention.

Dans le contexte actuel, la méthode apparaît comme une mesure d’appoint : utile pour exploiter au mieux les rares configurations favorables, mais insuffisante pour inverser une tendance imposée par le déficit hydrique et par le réchauffement climatique. Elle ne constitue pas une solution durable aux modifications du régime des pluies.

Mobilisation dans la capitale et signaux météorologiques contrastés

À Téhéran, la tension sur l’eau a aussi pris une dimension sociale et religieuse, avec une prière collective pour la pluie dans une grande mosquée du nord de la ville. La participation a été forte, dans le respect des usages, avec séparation des espaces et port du voile traditionnel pour les femmes.

En parallèle, des signaux météo contrastés se superposent : quelques épisodes pluvieux parfois intenses, des neiges précoces sur les reliefs et, surtout, un déficit global toujours très marqué. La tendance dominante demeure celle d’une sécheresse persistante en ce début d’année hydrologique.