Climat : la concentration de CO₂ dans l’atmosphère a battu un record historique en 2024
En 2024, la concentration mondiale de dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère a franchi un seuil inédit, selon l’Organisation météorologique mondiale.

Une envolée sans précédent du CO₂ dans l’air
Le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) indique que la quantité de CO₂ mesurée dans l’atmosphère a connu, en 2024, son bond annuel le plus important jamais observé depuis le lancement des suivis scientifiques en 1957. Concrètement, en douze mois, la teneur moyenne a progressé de 3,5 parties par million (ppm : unité désignant le nombre de molécules de CO₂ pour un million de molécules d’air).
En comparant avec les niveaux de l’époque préindustrielle (avant 1750), on constate une hausse de 152 %. À titre de repère, la croissance annuelle était aux alentours de 0,8 ppm dans les années 1960, puis elle s’est accélérée pour atteindre 2,4 ppm par an entre 2011 et 2020.
Ce phénomène ne concerne pas uniquement le CO₂. Les quantités de méthane (CH₄) et de protoxyde d’azote (N₂O) dans l’atmosphère affichent également des sommets. Le méthane est monté à 1 942 parties par milliard (ppb, soit une molécule sur un milliard), soit 266 % de plus qu’avant la révolution industrielle. Le protoxyde d’azote, lui, atteint 338,0 ppb, en progression de 125 %.
Des causes multiples pour une dynamique inquiétante
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse exceptionnelle. D’abord, les émissions générées par l’activité humaine – industrie, transport, agriculture – continuent d’augmenter. À cela s’ajoute l’impact des incendies de grande ampleur, ou « mégafeux », qui libèrent d’énormes quantités de carbone dans l’atmosphère.
Autre élément-clé : la baisse de l’efficacité des puits de carbone (c’est-à-dire les milieux naturels comme les forêts et les océans qui absorbent et stockent le CO₂). Les scientifiques soulignent que, lors d’années très chaudes comme 2024, marquée par un phénomène El Niño (variation cyclique des températures de surface de l’océan Pacifique qui perturbe le climat mondial), les océans retiennent moins de CO₂ en raison de la réduction de la solubilité à température élevée. Les terres, quant à elles, souffrent davantage de sécheresses, ce qui diminue leur capacité à absorber le carbone. Ainsi, la nature compense moins bien les émissions croissantes.
Cercle vicieux : les risques d’une spirale climatique
La multiplication des gaz à effet de serre crée une dynamique auto-entretenue. Plus la concentration atmosphérique s’élève, plus la planète retient de chaleur : cela accentue la fréquence des épisodes extrêmes et fragilise les puits de carbone, qui deviennent moins performants. Ce mécanisme complique toute tentative de stabilisation du climat.
L’OMM rappelle qu’il ne s’agit pas seulement d’un enjeu environnemental, mais aussi d’un défi pour l’économie et pour la santé publique. Agir sur les émissions devient crucial pour préserver l’équilibre de nos sociétés et réduire l’exposition aux phénomènes extrêmes.
Quelles perspectives à l’approche de la COP30 ?
Ce nouveau signal d’alarme intervient alors que la 30e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30) se prépare, prévue du 10 au 21 novembre 2024 au Brésil. Malgré les objectifs fixés par l’Accord de Paris (limiter le réchauffement à 2°C, idéalement 1,5°C), la progression actuelle des gaz à effet de serre éloigne ces ambitions.
L’Organisation météorologique mondiale insiste sur la nécessité d’une action rapide et massive pour freiner les émissions, tout en renforçant la surveillance des gaz responsables du réchauffement. La France et l’ensemble des pays sont ainsi confrontés à des défis sans précédent pour s’adapter et anticiper les conséquences climatiques à venir.