Actualités météo | Cette station de ski démonte ses remontées : un tournant pour la montagne face au manque de neige
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Cette station de ski démonte ses remontées : un tournant pour la montagne face au manque de neige

Publié par Claire Météocity , le 02 déc. 2025 à 15:15

La station de ski de Céüze, dans les Hautes-Alpes, a lancé une opération inédite : le démontage de ses remontées mécaniques. Cette décision survient après plusieurs années d’enneigement insuffisant et de déclin économique. Le massif, témoin d’une histoire alpine de près de 90 ans, engage ainsi sa reconversion vers des activités de plein air, illustrant l’adaptation des montagnes françaises au réchauffement climatique.

Un télésiège avec des skieurs

Une station historique confrontée à la crise climatique

Implantée entre 1 550 et 2 000 mètres d’altitude près de Gap, la station de Céüze a vu le jour dans les années 1930. Première station civile du département, elle a accueilli pendant près de 90 ans des publics principalement locaux et marseillais. Mais dès 2015, les hivers deviennent trop secs, privant Céüze de son or blanc bouclier économique.

En 2017, la suspension des activités devient inévitable. Les faibles précipitations hivernales entraînent des ouvertures trop brèves pour assurer une rentabilité. Sans subventions régionales pour l’installation de canons à neige, la communauté de communes Buëch Dévoluy lance alors une large concertation pour décider de l’avenir du site. On constate ici la difficulté, pour de nombreux territoires, à trouver des alternatives face à la baisse de l’activité neige.

Un chantier inédit de démantèlement

Le chantier, entamé à l’automne 2023 et poursuivi au printemps 2024, consiste à déposer 25 pylônes et huit téléskis, ainsi que près de 90 tonnes de structures. Chaque rotation d’hélicoptère permet d’héliporter environ 900 kg de matériel, nécessitant plus de 50 tours aériens répartis sur deux mois.

Cette opération s’appuie sur une méthodologie élaborée avec des partenaires environnementaux : le conservatoire de botanique alpine, Natura 2000 (un réseau européen de sites naturels protégés), les services de l’État, Mountain Wilderness. Une étude spécifique faune-flore a précédé les travaux pour minimiser l’impact écologique, notamment sur une espèce endémique de genêt protégée (une espèce endémique étant une espèce présente uniquement sur un territoire déterminé) présente sur le massif.

Gestion des déchets et transition écologique

La particularité de ce chantier est d’allier réemploi et recyclage. Les pièces réutilisables sont transférées à d’autres stations alpines, notamment dans le Queyras et le Dévoluy. Les restes sont triés et envoyés à la ferraille.

Le financement, à hauteur de 137 000 euros, s’inscrit dans le contrat station régional, orienté vers la neutralité carbone (c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption par diverses solutions naturelles ou technologiques). Les blocs de béton, trop invasifs à extraire sans impacter la nature, sont les seuls éléments conservés sur place.

Une nouvelle ère pour Céüze et la montagne française

L’arrêt des installations et leur retrait ouvrent la voie à une reconquête de la montagne dédiée aux activités douces : randonnée, VTT, raquettes, escalade ou ski de randonnée. La communauté souhaite réaffirmer le caractère accessible et commun du site, tourné vers un tourisme de nature non motorisé. On voit là une mutation profonde dans la façon de vivre et de penser la montagne.

Ce choix opéré par Céüze inspire d’ores et déjà d’autres territoires : dans le Vercors, le Champsaur ou ailleurs, la question du démantèlement des installations désaffectées devient centrale. On recense désormais en France plus d’une centaine de petites stations de ski locales (appelées « microstations ») laissées à l’abandon, ce qui traduit une transformation de fond du tourisme hivernal en montagne.