Carte interactive : l'eau de votre robinet est-elle consommable ?

66% des Français consomment l'eau du robinet

66% des Français boivent l'eau du robinet au lieu de l'eau en bouteille. Moins chère, plus écologique, permettant d'éviter d'avoir à porter de lourds packs depuis le supermarché, la consommation de l'eau du robinet s'est particulièrement développée ces vingt dernières années.

D'ailleurs, il existe désormais de nombreuses solutions pour améliorer la qualité de l'eau chez soi : filtres, adoucisseur, carafes spéciales... Nous sommes nombreux à en être équipés. Toutefois, aucun de ces filtres n'est à 100% efficace contre les polluants (sans compter que certaines solutions coûtent cher), comme l'a analysé ce site. 

Une carte interactive pour suivre la pollution de l’eau au robinet

Mais alors, comment savoir si l'on peut consommer l'eau du robinet chez soi ?  Grâce à la carte « Dans mon eau », cette question trouve enfin une réponse claire et locale. Cet outil interactif, alimenté par des données officielles des agences régionales de santé, permet de visualiser en temps réel la présence de différents polluants chimiques dans l’eau du robinet, commune par commune.

Quels contaminants surveille-t-on ?

• Pesticides : issus des traitements agricoles, ils restent l’un des premiers motifs d’alerte sur la qualité de l’eau potable.
• Nitrates : principalement dus aux engrais, ils inquiètent en particulier dans les régions à forte activité agricole.
• PFAS : ces « polluants éternels », persistants dans l’environnement, représentent un défi croissant pour la santé publique.
• CVM (chlorure de vinyle monomère) : un gaz organique utilisé dans l’industrie plastique.
• Perchlorates : des résidus issus de la dégradation d’explosifs, parfois retrouvés dans les eaux souterraines.

La carte propose un moteur de recherche par adresse, pour accéder à une photographie précise de la pollution de l’eau du robinet, adaptée à votre quotidien. En cas de doute, on peut ainsi comparer la situation de sa commune avec celle de la région ou du département.

ℹ️ L'eau en bouteille n'est pas forcément de meilleure qualité, contrairement aux idées reçues. Si elle contient moins de polluants, elle est moins contrôlée et les bouteilles regorgent de microplastiques... 

Une qualité de l’eau globalement rassurante, mais des disparités notables

Selon Générations Futures, plus de 87 % des unités de distribution de l’eau en France respectent la réglementation et ne dépassent pas les seuils sanitaires. La carte utilise un code couleur du vert (aucun polluant détecté) au rouge (dépassement des limites de qualité).

La majorité du territoire apparaît en jaune, ce qui signifie que si des polluants ont été détectés, ils restent en dessous des seuils réglementaires. Les zones orange indiquent, elles, qu’au moins un polluant dépasse les limites fixées pour la qualité. Enfin, les zones rouges signalent un franchissement de ces limites, sans pour autant que le seuil sanitaire soit dépassé. Cela signifie que même en zone rouge, la consommation de l'eau du robinet n'est pas interdite.

Le nord de la France particulièrement concerné

En observant la carte, on remarque que les Hauts-de-France et le nord du bassin parisien sont les plus exposés à la pollution de l’eau du robinet. Les départements de la Somme et du Pas-de-Calais affichent des taux élevés de nitrates, issus principalement des engrais agricoles. On y retrouve aussi des niveaux préoccupants de pesticides, conséquence d’une agriculture intensive utilisant ces substances de façon massive.

Dans ces zones, la vigilance n’est pas un luxe : pour les femmes enceintes, il devient préférable d’éviter toute consommation d’eau du robinet si les concentrations en nitrates dépassent 50 milligrammes par litre. Par ailleurs, des traces de perchlorates sont également détectées, ces molécules provenant de la dégradation des munitions et explosifs enfouis dans les sols après la Seconde Guerre mondiale. Les nourrissons de moins de six mois sont particulièrement vulnérables à ce type de pollution chimique : pour la préparation des biberons, il est conseillé d’opter pour une source d’eau garantie sans perchlorates.

En dehors du nord, d’autres points rouges apparaissent dans des départements comme la Corrèze, la Dordogne ou la Seine-et-Marne.

Vers un renforcement de la surveillance des PFAS

Générations Futures attire l’attention sur la question des PFAS. La surveillance de ces « polluants éternels » deviendra obligatoire à partir de 2026. Ce basculement réglementaire pourrait révéler de nouveaux foyers de pollution de l’eau du robinet, jusqu’ici méconnus.

Il est important de noter que la carte ne prend pas encore en compte l’acide trifluoroacétique (TFA), un type de PFAS très répandu dans l’eau potable. Face à cette incertitude, les associations lancent une pétition pour réclamer une surveillance renforcée, une meilleure protection à la source et une gestion transparente axée sur la santé publique. 

Nos conseils pour mieux consommer l'eau du robinet

1. Consultez régulièrement la carte « Dans mon eau » pour suivre la pollution de l’eau du robinet dans votre commune.
2. En zone rouge, il est recommandé aux femmes enceintes et aux nourrissons d’éviter l’eau du robinet pour la boisson ou la préparation des biberons.
3. Renseignez-vous sur les filtres les plus efficaces contre les polluants présents spécifiquement dans votre commune
4. Si vous résidez dans une région à forte activité agricole, surveillez les mises à jour mensuelles pour anticiper d’éventuels dépassements.

Tableau comparatif des polluants surveillés :