Actualités météo | New Delhi : pour enrayer la pollution, les autorités déclenchent une pluie artificielle
Actualités météo

New Delhi : pour enrayer la pollution, les autorités déclenchent une pluie artificielle

Publié par Sandrine Météocity , le 27 oct. 2025 à 14:52

Face à une pollution atmosphérique record, les autorités indiennes ont tenté, pour la première fois, de déclencher une pluie artificielle au-dessus de New Delhi. L’idée ? Dissiper le nuage toxique qui recouvre la capitale, juste après la fête de Diwali. Cette expérience, très attendue, soulève autant d’espoirs que d’interrogations. 

Pollution dans une rue de New Delhi

Pourquoi New Delhi suffoque-t-elle chaque hiver ?

Chaque année, quand l’hiver arrive, on constate que l’air de New Delhi devient irrespirable. Mais pourquoi ? La mégapole, peuplée de plus de 30 millions de personnes, subit un phénomène météorologique qui bloque les polluants au niveau du sol : l’inversion thermique. Résultat : les particules émises par la circulation, les usines et les brûlis agricoles stagnent dans l’atmosphère.

Et après Diwali, la fête des lumières, la situation s’aggrave encore. Les feux d’artifice, même limités par la loi, ajoutent leur lot de toxines dans l’air. On a ainsi vu les niveaux de particules fines PM2.5 atteindre des sommets, jusqu’à 60 fois la limite préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon les relevés d’IQAir.

On sait que la pollution atmosphérique à Delhi cause chaque année près de 120 000 morts prématurées, représentant plus d’un décès sur dix d’après l’OMS. Une étude de l’université de Chicago estime même que l’espérance de vie des habitants pourrait être amputée de près de 12 ans à cause de cette exposition chronique.

Comment fabrique-t-on une pluie artificielle ? Le pari technologique indien

Pour tenter de faire baisser la pollution, les autorités de Delhi ont misé sur une technique qui peut sembler digne d’un film de science-fiction : l’ensemencement des nuages

On utilise un avion, ici un Cessna, pour libérer dans les nuages des substances chimiques (souvent de l’iodure d’argent ou du sel, même si dans ce cas précis, le produit utilisé n’a pas été révélé). L’objectif : accélérer la formation de gouttes d’eau et provoquer une averse.

L’essai du 23 octobre s’est déroulé au nord de la ville, au-dessus du secteur de Burari. Des fusées d’ensemencement ont aussi été tirées, histoire de maximiser les chances de réussite. L’Institut indien de technologie de Kanpur a supervisé l’opération, qui servait avant tout de test : on voulait vérifier la bonne coordination des équipes, la fiabilité des équipements et la réactivité des services impliqués.

Et maintenant ? Si la météo le permet, une opération de plus grande ampleur pourrait suivre dès le 29 octobre. Mais tout dépendra de la couverture nuageuse et des conditions atmosphériques, car sans nuages adaptés, pas de pluie possible !

Peut-on vraiment compter sur la pluie artificielle ?

La pluie fabriquée en laboratoire peut-elle vraiment nous aider à mieux respirer ? Cette méthode, déjà utilisée ailleurs pour lutter contre la sécheresse ou les incendies, suscite des espoirs mais aussi beaucoup de scepticisme. À Delhi, on espère surtout agir vite pour éviter les pires effets du smog.

Mais attention, l’efficacité de l’ensemencement des nuages reste incertaine. Tout dépend du bon vouloir du ciel : il faut des nuages « prêts à pleuvoir ». Et au-delà de l’effet immédiat, on manque de recul sur les impacts environnementaux à long terme. Est-ce une solution durable ou juste un pansement temporaire ?

La pollution ne menace pas que la santé : elle attaque aussi le patrimoine. Le célèbre Fort Rouge, classé par l’Unesco, a vu ses murs noircir sous l’effet des particules en suspension.