Tempête Alex : cinq ans après, la résilience à l’épreuve dans les Alpes-Maritimes
Cinq ans après la tempête Alex, des habitants de la vallée de la Vésubie sont encore coupés de leur vie d’avant. Certains, comme Patrick à Saint-Martin-Vésubie, doivent chaque jour parcourir un kilomètre à pied pour rejoindre leur domicile, faute de route réparée. Loin d’être un cas isolé, son histoire témoigne des défis persistants de la reconstruction et de l’adaptation face à la montée des risques climatiques dans les Alpes-Maritimes.
Un traumatisme collectif persistant dans les vallées
La tempête Alex a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire des habitants des Alpes-Maritimes. Les crues exceptionnelles ont détruit routes, ponts, maisons, entreprises et cimetières. De nombreux témoignages évoquent encore la peur, la perte de proches et l’angoisse qui revient à chaque épisode de fortes pluies.
Les réseaux d’entraide, initiés dès les premiers jours, restent actifs sur les réseaux sociaux, prolongeant la solidarité née dans l’urgence. Pour beaucoup, la reconstruction matérielle n’efface pas la blessure psychologique. Certains assimilent même ce choc à d’autres traumatismes collectifs, comme la guerre.
Saint-Martin-Vésubie : un quotidien bouleversé par l’absence de route
Dans le hameau du Villar, perché au-dessus de Saint-Martin-Vésubie, l’accès par la route reste coupé depuis la tempête Alex. Le 2 octobre 2020, l’Anduébis, habituellement un paisible ruisseau, a subitement gonflé, emportant le pont qui reliait le village au reste de la vallée.
Patrick Coquillat, l’un des rares habitants permanents, doit traverser chaque jour la passerelle provisoire et marcher 1 km pour rejoindre sa maison. Cette situation l’a contraint à acheter un studio sur le littoral pour éviter des retours nocturnes impossibles, surtout durant l’hiver.
La logistique du quotidien est devenue un défi : le foin pour ses animaux doit être livré par hélicoptère, avec un coût total de 20 000 euros en cinq ans. Les visites vétérinaires sont impossibles, obligeant Patrick à transporter lui-même ses bêtes.
Un chantier de reconstruction freiné par des questions foncières
La reconstruction du pont, estimée à 1,8 million d’euros, a été retardée par un litige foncier : un riverain refuse de céder une parcelle nécessaire au chantier. Pour éviter une procédure d’utilité publique longue de deux ans, le Syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau (Smiage) a dû trouver une solution alternative.
Selon la municipalité, le déblocage administratif permet d’espérer un lancement rapide des travaux. Mais, pour les habitants, chaque saison qui passe accentue l’isolement et la lassitude.
Des efforts de résilience et des obstacles multiples
Les collectivités, avec l’appui de l’État, ont engagé plus de 300 millions d’euros pour la reconstruction des infrastructures et la relance économique. Parmi les priorités : la construction de ponts plus longs et plus hauts, le renforcement des berges, l’indemnisation des logements condamnés et la restauration des réseaux d’eau et d’assainissement.
Malgré ces avancées — deux tiers des chantiers sont achevés —, les retards s’accumulent pour les chantiers les plus complexes. Les raisons ? L’inflation, des obstacles administratifs, des litiges de voisinage et des contraintes environnementales. Les financements, eux, restent figés alors que les coûts augmentent.
Dans ce contexte, la population fait preuve d’adaptation : adoption de comportements de prévention, développement de réseaux de bénévoles, équipements de communication d’urgence et repères de crues améliorés.
Bilan, chiffres clés et perspectives
| Élément | Donnée |
|---|---|
| Décès causés par la tempête Alex | 10 |
| Personnes disparues | 8 |
| Habitants isolés | 13 000 |
| Montant total de la reconstruction engagée | 300 millions € |
| Logements condamnés et indemnisés | 250 |
| Chantiers de reconstruction achevés | 2/3 |