Actualités météo | Le sable du Sahara est-il dangereux pour la santé ?
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Le sable du Sahara est-il dangereux pour la santé ?

Publié par Sandrine Météocity , le 16 nov. 2025 à 15:27

Des voiles jaunâtres, des voitures maculées, une lumière ocre… À intervalles irréguliers, des panaches de poussières sahariennes remontent jusqu’à nos latitudes. Spectaculaires, ces épisodes interrogent sur leurs effets sanitaires. Voici ce qu’il faut savoir pour se protéger tout en comprenant le phénomène.

Ciel ocre

D’où vient la poussière saharienne et comment voyage-t-elle ?

Le Sahara, plus grand désert chaud du monde, libère chaque année des centaines de millions de tonnes de poussières minérales. Les tempêtes de sable arrachent des grains au sol ; la convection les élève, puis les vents de sud à sud-ouest et les courants en altitude (1 000 à 5 000 m) les transportent sur des milliers de kilomètres.

En Europe occidentale, on observe surtout ces intrusions de fin d’hiver à printemps, mais un retour est possible à l’automne. L’air devient laiteux, le ciel prend des reflets orangés, et des dépôts apparaissent au sol après la pluie. Le phénomène peut affecter une large partie de la France en moins de 24 heures, puis se dissiper au gré des fronts et des précipitations.

Que contient cette poussière ?

La poussière saharienne est composée majoritairement de silicates (quartz, feldspaths), de carbonates (calcite, dolomite) et d’oxydes de fer qui donnent la teinte jaune-orangé. On y trouve aussi des traces d’argiles, de sels et, de manière variable, des éléments biologiques (pollen, spores) transportés sur de longues distances.

Les grains sont hétérogènes : la fraction la plus visible est rugueuse et se dépose vite, tandis que la fraction fine peut rester en suspension et pénétrer plus profondément dans l’appareil respiratoire. C’est ce cocktail – quantité, taille, durée d’exposition – qui conditionne l’impact sanitaire.

Quels risques pour la santé ?

Pour la majorité de la population en bonne santé, un épisode bref reste surtout inconfortable : gorge sèche, yeux qui piquent, toux légère. Le risque augmente pour les asthmatiques, les personnes souffrant de bronchite chronique (BPCO), les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes. Les services de santé publique observent lors des pics de poussières une hausse des consultations pour symptômes respiratoires et une consommation accrue de bronchodilatateurs.

Sur le plan réglementaire, la gestion en France s’appuie sur des seuils de particules : PM10 ≥ 50 µg/m³ sur 24 h déclenche des mesures d’information, et PM10 ≥ 80 µg/m³ conduit souvent à des recommandations renforcées (réduction du trafic, limites d’activités sportives pour les scolaires). Les recommandations de santé publique incitent alors à réduire l’exposition, en particulier pour les publics sensibles.

PM10, PM2,5 : où vont les particules dans l’organisme ?

Taille (µm)CatégorieZone d’impactEffets possibles
10 à 2,5PM10Nez, gorge, bronchesIrritation, toux, exacerbation de l’asthme
 2,5PM2,5Bronchioles, alvéolesInflammation, essoufflement ; risque accru chez sujets fragiles
> 10GrossièresVoies supérieuresGêne locale, retombée rapide au sol

Message clé : la poussière saharienne augmente surtout les PM10. Selon les épisodes, une petite fraction de PM2,5 peut aussi progresser, justifiant les précautions chez les personnes à risque.

Pourquoi voit-on plus souvent ces épisodes ?

La fréquence perçue dépend de la circulation atmosphérique saisonnière. Des flux méridiens persistants, un anticyclone positionné différemment ou des orages de poussière plus actifs sur le Maghreb peuvent favoriser les remontées. À l’échelle climatique, les études indiquent des tendances contrastées : certaines régions voient une baisse globale des émissions de poussières, d’autres une variabilité accrue. Conclusion : on n’observe pas une hausse uniforme partout, mais une alternance d’années calmes et d’années très marquées.

Localement, les panaches touchent d’abord le sud (Pyrénées, Méditerranée) puis remontent vers le centre et le nord, parfois jusqu’à Paris, Lyon ou la côte provençale en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Des épisodes notables sont aussi observés en Île-de-France lors de flux de sud bien établis.

Effets au quotidien : air plus chargé, visibilité réduite

Au-delà de la santé, ces intrusions dégradent la visibilité sur la route et en montagne, en particulier au lever et au coucher du soleil. Les retombées minérales s’accrochent aux carrosseries et aux panneaux solaires, réduisant temporairement leur rendement. Lors d’une « pluie de boue », chaque litre d’eau peut déposer une pellicule visible de particules sur les surfaces.

Les réseaux de surveillance de la qualité de l’air publient des bulletins et des cartes en temps quasi réel. Ils permettent d’anticiper les efforts sportifs, d’adapter la ventilation des bâtiments et de planifier les activités sensibles (chantier, peinture, lavage de vitres), le tout pour quelques heures à quelques jours.

Comment se protéger lors d’un épisode ?

Les bons réflexes

  • Limitez l’effort intense en extérieur, surtout pour les asthmatiques, enfants et seniors.
  • Aérez au bon moment : privilégiez les fenêtres tôt le matin ou après une averse ; refermez lors des pics.
  • Filtrez l’air intérieur : utilisez un purificateur avec filtre HEPA, entretenez la VMC, évitez l’encens et les bougies.
  • Protégez vos voies respiratoires si vous êtes vulnérable ou exposé longtemps (travail extérieur) : un masque FFP2 filtre les particules fines.
  • Rincez yeux et nez au sérum physiologique en cas d’irritation, hydratez-vous.
  • Conduite : nettoyez pare-brise et optiques, augmentez la distance de sécurité, allumez les feux en cas de brume poussiéreuse.

Sports et écoles

  • Au-delà de 50 µg/m³ de PM10, on recommande de réduire la durée et l’intensité des activités physiques soutenues en plein air.
  • Au-delà de 80 µg/m³, privilégiez les activités calmes en intérieur, surtout pour les enfants et adolescents.