Actualités météo | Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain, et pourquoi aggrave-t-il la canicule ?
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Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain, et pourquoi aggrave-t-il la canicule ?

Publié par Claire Krust , le 10 août 2025 à 15:23

Les villes françaises font face à des canicules de plus en plus intenses, et la sensation d’étouffement y est souvent bien plus marquée qu’en campagne. Ce contraste s’explique par le phénomène d’îlot de chaleur urbain, qui transforme nos centres-villes en véritables fournaises lors des pics de chaleur. Comprendre ce mécanisme est essentiel : il a des conséquences directes sur la santé, l’environnement et la vie quotidienne.

Ville sous le soleil

Un îlot de chaleur urbain, c’est quoi exactement ?

On parle d’îlot de chaleur urbain (ICU) lorsque, sous un même épisode de chaleur, la température de l’air en ville grimpe jusqu’à 10 °C de plus qu’en zone rurale voisine.

À Paris, Lyon ou Marseille, les écarts dépassent souvent 5 °C lors des soirées d’été. Comment expliquer un tel fossé, alors que la météo, à quelques kilomètres, semble pourtant identique ? Imaginons la ville comme une immense plaque chauffante : le béton, l’asphalte, les murs épais absorbent la chaleur le jour… et la restituent la nuit, comme un radiateur géant.

Les rues étroites empêchent l’air de circuler, piégeant la chaleur. On a alors l’impression que la ville « garde » la chaleur, même quand le soleil se couche. « En ville, la nuit, on retrouve la chaleur stockée pendant la journée, ce qui empêche le rafraîchissement nocturne », explique Samuel Morin, directeur du Centre national de recherches météorologiques de Météo-France.

Pourquoi l’îlot de chaleur urbain aggrave-t-il la canicule ?

En période de canicule, l’îlot de chaleur urbain agit comme un soufflet sur les braises : il prolonge et amplifie les pics de température.

Résultat : la ville ne « respire » plus la nuit, et le thermomètre ne redescend pas sous les 25 °C dans certains quartiers, contre 18 °C en campagne.

L’îlot de chaleur urbain peut augmenter la température de jusqu’à 10 °C lors des nuits caniculaires à Paris intra-muros par rapport à la petite couronne.

Ces conditions extrêmes mettent à mal le corps humain, surtout les personnes âgées, les enfants et les malades.

Un effet accentué par le changement climatique

Avec le réchauffement global, les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et plus intenses. Les villes françaises enregistrent déjà des records : en juillet 2022, la station de Toulouse-Blagnac affichait plus de 40 °C en journée, et un écart de plus de 8 °C entre centre-ville et périphérie, illustrant pleinement le phénomène d’îlot de chaleur urbain.

Le GIEC (IPCC) estime que la fréquence des canicules va doubler d’ici 2050 si rien n’est fait. L’îlot de chaleur urbain agit alors comme un multiplicateur de risques : inconfort thermique, augmentation des demandes de soins, surconsommation d’énergie pour la climatisation, problèmes de qualité de l’air, et même risques accrus d’incendies urbains.

Comment limiter les îlots de chaleur urbain en ville ?

Face à ce défi, plusieurs villes françaises multiplient les initiatives contre les îlots de chaleur urbain :

  • Planter des arbres et développer des espaces verts (objectif : 30 % de canopée urbaine à Lyon d’ici 2030)
  • Déminéraliser les sols, remplacer l’asphalte par des revêtements clairs ou perméables
  • Favoriser les toitures et murs végétalisés
  • Installer des fontaines et zones d’eau pour rafraîchir l’air
  • Adapter l’urbanisme : rues plus larges, ventilation naturelle, îlots de fraîcheur ouverts au public

Chaque geste compte, même à l’échelle individuelle : installer des plantes sur les balcons, limiter la climatisation (qui réchauffe l’extérieur), privilégier l’ombre et l’aération nocturne. Ensemble, on peut lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain.