Quel est le pays le plus froid du monde ? Décryptage du climat extrême
Quelles sont les frontières du froid sur notre planète ? Des villes où l’on sort à -50 °C, des fleuves gelés et des villages qui survivent là où tout gèle. Le pays le plus froid du monde n’est pas seulement une curiosité météo : c’est un défi quotidien pour ses habitants et un laboratoire à ciel ouvert pour les scientifiques.

Russie, championne toutes catégories du froid extrême
La Russie est sans conteste le pays où le froid règne en maître. Mais comment expliquer ce règne glacial ? Est-ce seulement une question de latitude, ou le fruit d’une combinaison unique de facteurs ? La Sibérie orientale concentre les conditions les plus extrêmes de la planète habitée.
Ce vaste pays, qui s’étend sur plus de 17 millions de km², abrite les terres habitées les plus froides du globe. Le record officiel a été mesuré à Oïmiakon, en République de Sakha (Iakoutie), le 6 février 1933 : -67,7 °C. À quelques centaines de kilomètres, la ville de Verkhoyansk flirte elle aussi avec ces températures extrêmes, dépassant régulièrement les -60 °C.
Pourquoi la Russie, et non le Groenland ou l’Antarctique ? Parce que ces derniers ne sont pas des États indépendants, et que les records de température extrême y sont relevés dans des bases scientifiques non permanentes. Seule la Russie compte des villages où l’on vit toute l’année, même au cœur d’un froid si intense que l’eau gèle en quelques secondes.
Pourquoi la Sibérie bat tous les records de froid extrême ?
La Sibérie orientale s’impose comme le cœur du froid extrême pour plusieurs raisons :
- Latitude très élevée : proche du cercle polaire arctique, la région subit des hivers interminables et un ensoleillement minimal.
- Climat continental sec : la mer est loin, aucun courant chaud ne tempère l’hiver, et la terre stocke peu la chaleur.
- Anticyclone sibérien : chaque hiver, une immense masse d’air froid et sec s’installe, piégeant les basses températures.
En janvier, les températures moyennes à Iakoutsk, la capitale locale, avoisinent -40 °C. À Oïmiakon, on reste sous les -50 °C pendant plusieurs semaines. Le froid extrême est si présent que la neige couvre le sol de septembre à mai et que les rivières se figent sur des centaines de kilomètres.
Vivre au pays du froid extrême : adaptation, solidarité et défis
Comment affronter des températures extrêmes qui descendent chaque hiver en dessous de -50 °C ? La vie en Russie arctique, c’est une question de survie et d’ingéniosité :
- Maisons sur pilotis pour éviter la fonte du permafrost, qui déstabiliserait les fondations.
- Vêtements épais et fourrures, multipliés en couches, pour se protéger du moindre souffle glacial.
- Menus riches en calories, à base de poisson, de viande séchée et de graisses animales pour résister au froid.
- Transports adaptés : arrêts de bus chauffés, moteurs de voitures réchauffés toute la nuit, pneus spéciaux.
Le froid extrême bouleverse tout : les écoles ferment dès -55 °C, les canalisations gèlent et les déplacements deviennent risqués. On raconte à Oïmiakon que l’encre gèle avant d’atteindre le papier lors des grands froids. La solidarité locale, un sens aigu de la prévoyance et la vigilance météo restent les meilleurs alliés pour affronter ces hivers d’une rare intensité.
Le froid face au changement climatique : la Sibérie en mutation
Même le pays le plus froid du monde n’échappe plus au réchauffement climatique. Les relevés de Copernicus montrent une hausse de plus de 3 °C depuis les années 1980 en Sibérie, soit trois fois la moyenne mondiale.
Le permafrost, ce sol gelé en permanence, commence à fondre, menaçant routes et villages et libérant du méthane, un gaz à effet de serre puissant. Paradoxalement, la région connaît aussi des épisodes de chaleur extrême : en juin 2020, Verkhoyansk a atteint 38 °C sous une vague de chaleur sans précédent pour le cercle polaire.
Le défi ? Adapter les infrastructures, renforcer la surveillance météo et sensibiliser sur les risques nouveaux.
Comparatif des températures extrêmes par pays
Le tableau ci-dessous est optimisé pour un affichage sur mobile et met en perspective la Russie face aux autres territoires du froid mondial. Les données sont issues de relevés officiels et validées par l’Organisation météorologique mondiale.
Pays | Température la plus froide (en °C) | Localité / Date |
---|---|---|
Russie | -67,7 | Oïmiakon, 1933 |
Canada | -63,0 | Snag, 1947 |
États-Unis (Alaska) | -62,2 | Prospect Creek, 1971 |
Groenland (Danemark) | -66,1 | Northice, 1954 |
Mongolie | -55,3 | Uvs Lake, 1976 |