La foudre touche-t-elle toujours le sol ? Décryptage d’un phénomène fascinant
La foudre frappe-t-elle systématiquement le sol à chaque éclair ? Ce questionnement n’est pas anodin, puisqu’il conditionne notre vigilance vis-à-vis des risques d’incendies, de coupures de courant ou d’accidents lors des orages.

Quels sont les différents types d’éclairs et leurs conséquences ?
Faut-il toujours craindre pour sa sécurité quand le ciel s’illumine lors d’un orage ? Tous les éclairs n’ont pas le même comportement, ni le même impact au sol. Les scientifiques distinguent plusieurs catégories, dont la proportion et le danger varient fortement.
- Les éclairs intra-nuageux : ils se produisent à l’intérieur d’un même nuage d’orage, sans jamais atteindre le sol. Selon Météo-France, ils représentent environ 70 à 80 % des éclairs observés lors des orages en France. Ils illuminent le ciel, mais ne présentent pas de danger direct pour le sol ou les infrastructures.
- Les éclairs nuage-sol : ce sont eux qui matérialisent la foudre telle qu’on la redoute. Ils relient directement un nuage à la surface terrestre et provoquent un impact de foudre. Ces éclairs ne constituent que 20 à 30 % des cas, mais sont responsables de la majorité des dommages matériels, d’incendies et d’accidents corporels.
- Les éclairs nuage-nuage : plus rares, ils circulent entre deux nuages distincts et participent à l’activité électrique générale, sans conséquence directe pour le sol.
Lorsque la foudre frappe le sol, l’intensité du courant, mesurée en ampères (unité de mesure de l’intensité électrique), peut atteindre entre 10 000 et 200 000 ampères. Ce niveau de puissance, libéré en une fraction de seconde, explique la violence des dégâts constatés.
Pourquoi la foudre ne touche-t-elle pas toujours le sol ?
Le trajet de la foudre dépend des différences de potentiel électrique, c’est-à-dire de la différence de charge électrique entre deux points, notamment entre le nuage et le sol. Lorsqu’un orage se forme, des charges positives et négatives s’accumulent dans différentes parties du nuage, créant une tension extrême.
Si la différence de potentiel entre la base du nuage et la surface terrestre devient assez forte, une décharge électrique se produit et la foudre frappe le sol. Mais en réalité, la plupart des éclairs libèrent leur énergie à l’intérieur même du nuage, là où la différence de potentiel est la plus facile à « combler ».
De nombreux facteurs influencent ce trajet :
- L’humidité de l’air : une atmosphère saturée d’eau conduit mieux l’électricité, augmentant les risques d’impact au sol.
- La nature du terrain : l’eau, les surfaces métalliques ou humides attirent davantage la foudre que les terrains secs.
- La topographie : collines, arbres isolés ou bâtiments élevés sont des cibles privilégiées lors des orages.
En bref, il est impossible de prévoir avec certitude où et quand la foudre frappera le sol, d’où l’importance d’une vigilance accrue lors des alertes orageuses.
Quelles conséquences pour la sécurité et l’environnement ?
Si tous les éclairs ne deviennent pas des impacts de foudre au sol, ceux qui le font peuvent avoir des conséquences majeures. En France, on recense chaque année entre 250 000 et 500 000 éclairs nuage-sol, principalement de mai à septembre, selon le réseau européen Météorage.
- Incendies : la foudre est responsable d’environ 10 % des feux de forêts chaque année, particulièrement dans le Sud-Est.
- Accidents : chaque année, 100 à 200 personnes sont frappées directement ou indirectement par la foudre, avec parfois des blessures graves, voire mortelles.
- Dommages matériels : toitures détruites, installations électriques endommagées, réseaux de télécommunication perturbés.
Sur le plan environnemental, la foudre joue aussi un rôle dans la formation de nitrates, indispensables à la fertilité des sols. Mais avec le réchauffement climatique, la fréquence et l’intensité des orages pourraient augmenter, exposant davantage les zones sensibles aux incendies et aux accidents. Selon le dernier rapport du GIEC, les épisodes de sécheresse, alliés à de fortes chaleurs, rendent les forêts françaises plus vulnérables aux départs de feu liés à la foudre. Ce phénomène s’est déjà observé lors des canicules récentes, où la vigilance des pompiers est renforcée lors d’alertes orages.