Été « pourri » : et si c’était juste les normales saisonnières ?
Depuis deux semaines, les vacanciers grimaçants parlent d’un été « pourri » : pluie, fraîcheur, orages localement violents… Mais le phénomène est-il vraiment exceptionnel, ou simplement une transition entre conditions normales saisonnières et dérèglement climatique ? Décryptage.

Une météo instable… mais pas décalée ?
Après un printemps 2025 exceptionnellement chaud (+1,1 °C par rapport aux normales 1991–2020), l’été a débuté sur un mode très contrasté. Dès fin mai et début juin, l’air chaud remonte depuis l’Afrique du Nord, se heurtant à des masses océaniques fraîches : un conflit propice aux orages fréquents, parfois violents sur le sud-est et le Massif-central.
Parallèlement, juin 2025 s’est classé 2ᵉ mois de juin le plus chaud jamais mesuré en France, avec une anomalie de +3,3 °C, derrière juin 2003. Une canicule précoce a concerné toute l’Hexagone entre le 19 juin et début juillet, avec journées réparties en vigilance orange ou rouge selon les départements.
Ce contraste – vagues de chaleur et épisodes orageux – n’est donc pas paradoxal : il s’insère dans un schéma typique d’été instable, avec des transitions fréquentes de type montagne russe météo, comme anticipé par les modèles climatiques pour la saison.
Normales saisonnières versus perceptions biaisées
Le sentiment de mauvais temps généralisé peut émerger d’une vision tronquée : mettre en relief deux semaines pluvieuses masque les pics de chaleur historiques et le déficit global de précipitations depuis juin.
D’abord, les normales saisonnières de juin et juillet s’établissent respectivement aux alentours de 15,4 °C et 18,9 °C pour les températures moyennes mensuelles (1991–2020). Or, ce an, les moyennes ont oscillé nettement au-dessus en juin (+3,3 °C), puis sont entrées dans une phase plus instable mais toujours dans une amplitude normale élevée ou supérieure.
Ensuite, le temps pluvieux des « deux semaines » survient principalement dans le nord-ouest ou certaines zones orageuses localisées : cela ne suffit pas à qualifier l’ensemble de l’été de globalement « pourri ». La pluie était attendue, conformes aux configurations habituelles entre perturbations estivales et dégradations ponctuelles.
Conclusion : un été typique des normales instables… mais bien au-dessus des standards
En synthèse, cette période maussade s’inscrit dans les normales saisonnières d’un été instable, avec des phénomènes certes désagréables sur le moment, mais caractéristiques des transitions entre chaleur et dépressions saisonnières. L’été 2025 reste dans une anomalie globale de chaleur : les records de mai, de printemps et de juin témoignent d’un contexte de réchauffement généralisé, sur lequel viennent se greffer des orages normaux en climat estival.
Alors, plutôt que d’un été « pourri », il s’agit d’un été atypique dans sa dynamique, mais bien conforme à des modèles météo prévus – tout en s’inscrivant dans une trajectoire claire de réchauffement climatique de fond.