Canicule : pourquoi les personnes âgées sont-elles les plus vulnérables ?
Alors que les épisodes de chaleur extrême se multiplient en France, les personnes âgées paient un lourd tribut lors des canicules. Quels mécanismes expliquent cette fragilité accrue ? Comment prévenir les dangers et protéger nos aînés ?

Pourquoi la chaleur est-elle si dangereuse pour les personnes âgées ?
Pendant une canicule, le thermomètre peut dépasser 35 °C l’après-midi dans de nombreuses régions, voire 40 °C dans le Sud-Ouest, comme lors de l’été 2022. Pour la majorité des adultes, le corps parvient à maintenir sa température interne autour de 37 °C grâce à la transpiration et à la vasodilatation. Mais chez les seniors, ce système de régulation s’essouffle.
Un organisme qui s’adapte moins bien
Avec l’âge, la capacité à transpirer diminue et la circulation sanguine s’adapte moins rapidement aux variations de température. Résultat : le corps peut surchauffer, exposant à de graves complications comme l’hyperthermie ou la déshydratation. Selon Santé publique France, plus de 80 % des décès liés à la canicule concernent des personnes de plus de 75 ans.
Des facteurs aggravants : maladies chroniques et médicaments
Les pathologies cardio-vasculaires, le diabète, les troubles cognitifs ou la maladie d’Alzheimer compliquent la gestion de la chaleur. Certains médicaments, tels que les diurétiques ou les anxiolytiques, favorisent la perte d’eau ou diminuent la perception de la soif. « La canicule agit comme un révélateur des fragilités déjà présentes », rappelle le Dr Jean-Philippe Derenne, pneumologue et auteur du rapport sur la canicule de 2003.
Isolement, environnement urbain : le cocktail de risques
Au-delà des facteurs biologiques, l’isolement social joue un rôle déterminant dans la surmortalité observée lors des épisodes de canicule en France. À Paris ou à Lyon, de nombreux seniors vivent seuls et hésitent à solliciter de l’aide.
- Perte de la sensation de soif : avec l’âge, on perçoit moins bien le besoin de boire, d’où un risque accru de déshydratation.
- Logements mal adaptés : absence de climatisation, fenêtres exposées au soleil, étages élevés… autant de facteurs qui transforment les appartements en véritables fours.
- Îlots de chaleur urbains : la température peut y rester 3 à 5 °C plus élevée qu’en périphérie, accentuant le stress thermique.
En milieu rural, l’accès limité aux soins ou à l’assistance rapide complique aussi la prise en charge. La canicule de 2003, qui a fait plus de 15 000 victimes en France, l’a tragiquement illustré.
Le changement climatique : des canicules de plus en plus fréquentes
La fréquence des vagues de chaleur a doublé depuis les années 1980. Les projections du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) annoncent des canicules plus longues, plus précoces et plus intenses.
La population de seniors augmente : en 2040, près d’un Français sur quatre aura plus de 65 ans. « L’adaptation de notre société à ces nouveaux défis est un enjeu de santé publique majeur », souligne le climatologue Christophe Cassou.
Conseils pratiques : comment protéger les personnes âgées lors d’une canicule ?
- Hydratation : proposer régulièrement de l’eau, même en l’absence de soif (au moins 1,5 L/jour).
- Rafraîchir l’habitat : fermer volets et fenêtres le jour, aérer la nuit, utiliser un ventilateur ou des linges humides.
- Éviter les sorties : privilégier les heures fraîches (avant 10 h et après 18 h), porter des vêtements légers.
- Veillez au lien social : rendre visite, téléphoner, inscrire les proches sur le registre canicule de la mairie.
- Surveiller les signes d’alerte : fièvre, fatigue inhabituelle, maux de tête, crampes… En cas de doute, appeler le 15.