Pollution aux PFAS : l'eau du robinet interdite dans un village des Vosges
Dans le village des Arrentès-de-Corcieux, la préfecture des Vosges a interdit la consommation de l’eau du robinet en raison d’une contamination majeure aux PFAS, des substances chimiques réputées persistantes et dangereuses. Cette décision intervient après la découverte de concentrations très élevées de ces « polluants éternels » dans le réseau public.

Résumé
- Interdiction de boire l’eau du robinet aux Arrentès-de-Corcieux depuis le 15 octobre 2025, après la détection de PFAS en quantité largement supérieure à la future norme européenne.
- Distribution quotidienne d’eau en bouteille pour chaque habitant, jusqu’au retour à la normale.
- L’origine probable de la pollution serait liée à l’épandage de boues issues d’une usine de blanchiment textile voisine.
- Risques sanitaires et colère des habitants face au manque de transparence et à la gestion de la crise par les autorités.
Une interdiction liée à des taux de PFAS très élevés
L’alerte sanitaire concerne l’ensemble des personnes raccordées au réseau public du village, situé près de Gérardmer, dans le Grand Est. L’arrêté préfectoral, pris le 14 octobre 2025, fait suite à des analyses révélant un taux de PFAS total de 0,73 microgramme par litre. Ce chiffre dépasse de sept fois la future norme européenne fixée à 0,1 microgramme par litre pour l’eau destinée à la consommation humaine, qui entrera en vigueur en janvier 2026.
Les campagnes de prélèvements menées par l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, couvrant près de 99 % du réseau vosgien, ont permis d’anticiper cette obligation européenne et d’identifier la contamination. Les résultats ont mis en évidence des concentrations inquiétantes : les quatre PFAS les plus préoccupants atteignent 0,72 microgramme par litre, soit 36 fois la limite recommandée par le Haut Conseil pour la santé publique.
Une contamination environnementale et industrielle
La source de la pollution est pointée par plusieurs associations environnementales, telles que Générations Futures et Vosges Nature Environnement. Selon elles, les boues issues du traitement des eaux usées d’une usine de blanchiment textile voisine seraient en cause. Elles sont traitées dans une station d’épuration, puis épandues sur des terres agricoles de communes alentour, propageant ainsi les PFAS dans l’environnement et, in fine, dans le réseau d’eau potable.
Ce scénario rappelle des cas similaires observés récemment dans les Ardennes et la Meuse, où des restrictions ont également été imposées pour des raisons sanitaires.
Malgré des alertes d’associations et des résultats alarmants dès juin 2025, la population n’a été informée qu’en octobre lors d’une réunion publique. La presse et certains acteurs locaux ont dénoncé un manque de transparence et un retard dans la communication des risques.
Des conséquences sanitaires et sociales préoccupantes
En réponse à l’interdiction, les autorités ont mis en place une distribution quotidienne d’eau en bouteille (une par personne) pour les habitants concernés. Ceux alimentés par un réseau privé ne sont pas visés par la mesure, mais il leur est conseillé de contrôler la qualité de leur eau.
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont des molécules synthétiques très utilisées dans l’industrie et les produits de consommation courante (antiadhésifs, textiles, mousses anti-incendie). Leur stabilité chimique extrême leur vaut le surnom de « polluants éternels », car ils persistent dans l’environnement et l’organisme. Ces composés sont suspectés d’induire divers troubles : élévation du cholestérol, effets sur la fertilité, certains cancers, et perturbations du développement du fœtus.
La gestion tardive de la crise et l’absence d’informations pendant plusieurs mois ont suscité colère et incompréhension parmi les habitants, mais aussi chez les associations environnementales. La préfecture a promis un plan d’actions et un suivi régulier, sans détailler à ce stade les modalités de dépollution ou le calendrier du retour à la normale.