Actualités météo | Les hivers froids deviennent de plus en plus rares en France
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Les hivers froids deviennent de plus en plus rares en France

Publié par Sandrine Météocity , le 11 oct. 2025 à 09:35

Alors que certains se souviennent avec nostalgie des hivers rigoureux — neige, verglas, gel prolongé — ces épisodes semblent désormais être des exceptions. En France, les hivers véritablement froids perdent progressivement du terrain. Pourquoi ?

Rue enneigée

Les observations : les hivers deviennent plus doux

Quelques records récents

L’hiver 2023‑2024 s’est classé comme le 3ᵉ plus chaud jamais mesuré en France, avec une anomalie positive d’environ +2 °C par rapport à la normale (référence 1991‑2020). 

De façon plus générale, depuis la décennie 2010, on observe peu d’hivers particulièrement froids — et ceux-ci restent de plus en plus marginaux dans les bilans climatiques.

Tendance des climats régionaux

Dans les études régionales (comme celles de DRIAS ou d’analyses de climat régional français), on observe une diminution des climats tempérés frais au profit des climats plus chauds. 

Ainsi, les stations météorologiques montrent un recul du nombre de jours de gel ou de températures extrêmes négatives.

Les causes : pourquoi cette raréfaction du froid ?

Le réchauffement climatique : base du phénomène

L’élévation progressive et durable de la température moyenne de la planète entraîne naturellement moins de scénarios où l’air froid, surtout en hiver, peut s’imposer de manière prolongée. Ce forçage de fond rend les hivers vraiment « glaciaux » nettement moins probables.

En France, cette tendance est confirmée par les modèles climatiques utilisés par Météo‑France (Climat HD) et les scénarios de projection régionale. 

Modifications de la circulation atmosphérique

Le jet stream et les flux d’ouest

Le jet stream (courant-jet) — ce courant d’air rapide dans la haute troposphère — influence fortement l’établissement ou non de grandes oscillations méridiennes (ondulations) capables de faire descendre de l’air polaire vers les latitudes moyennes. Avec le réchauffement, certaines études suggèrent que ce courant pourrait être plus « zonal » (orienté ouest-est), réduisant les plongées méridiennes de masses d’air froid.

Le vortex polaire et les réchauffements stratosphériques

Dans l’hémisphère nord, le vortex polaire stratosphérique est la zone de basses pressions au niveau stratosphérique autour du pôle, censée « contenir » l’air extrêmement froid. Si le vortex est instable ou perturbé (par exemple par des réchauffements soudains stratosphériques), il peut se fragmenter ou se déformer, favorisant des incursions d’air froid vers les latitudes tempérées.

Lorsque ces perturbations sont moins fréquentes ou moins marquées, les vagues de froid profondes ont moins de chance de se produire.

Oscillation nord-atlantique (NAO) et modes de variabilité climatique

L’oscillation nord-atlantique (NAO) est un indicateur de la différence de pression entre l’Islande et les Açores. En phase positive, les vents d’ouest dominants sur l’Europe de l’Ouest sont renforcés, ce qui tend à limiter l’advection d’air continental froid.

En phase négative, les conditions sont plus propices aux flux continentaux froids sur la France. Si, dans un contexte réchauffé, la fréquence ou l’amplitude des phases négatives est moindre, cela diminue les opportunités de froid durable.

Modèles et projections : vers une raréfaction accentuée

Les simulations du XXIᵉ siècle (scénarios divers) montrent que la tendance observée actuellement va se renforcer :

  • Réduction continue des climats « frais » : les stations montrent déjà une conversion des zones « climatiquement tempérées fraîches » en zones plus chaudes selon les projections.
  • Moins de jours de gel, moins de nuits très froides : les modèles anticipent une baisse du nombre de jours avec températures négatives.
  • Des hivers doux plus fréquents : dans les projections, les hivers avec des températures au-dessus de la normale deviendraient la norme.

Ces scénarios, sauf action forte pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, laissent peu de place à des hivers aussi rigoureux que ceux du passé.

Limites, incertitudes et quelques exceptions

Variabilité naturelle

Malgré la tendance dominante au réchauffement, la variabilité interannuelle (facteurs aléatoires, dynamisme de la circulation atmosphérique) peut toujours produire des hivers ponctuellement très froids, voire extrêmes. Ces événements deviennent simplement des exceptions plutôt que la règle.

Effets régionaux et d’altitude

Certaines zones, notamment en montagne ou dans des vallées abritées, peuvent conserver des épisodes de froid intense plus longtemps que les plaines. La topographie locale peut moduler la tendance générale.

Rôle des conditions de circulation à grande échelle

Si des phénomènes comme des réchauffements stratosphériques soudains ou des anomalies dans le jet stream venaient à se renforcer (ce qui est peu certain dans un climat plus chaud), ils pourraient occasionnellement contrarier la tendance.