Les 10 phénomènes météo les plus impressionnants observés en France ces 10 dernières années
Au cours de la dernière décennie, la France a été le théâtre de phénomènes météorologiques d’une intensité croissante — vagues de chaleur records, pluies diluviennes, inondations soudaines, tempêtes violentes… Ces événements frappent les imaginaires et soulignent combien le climat est en mutation. Voici une sélection — non exhaustive — de dix phénomènes météo particulièrement remarquables entre 2015 et 2025.

Canicule de juin-juillet 2019 : la France suffoque sous des températures inédites
L’été 2019 reste un tournant dans l’histoire météorologique française. Le 28 juin, une chaleur d’intensité exceptionnelle s’abat sur le sud du pays. À Vérargues, dans l’Hérault, le thermomètre grimpe jusqu’à 46,0 °C, battant le record national absolu de température, détenu jusque-là par Conqueyrac (44,1 °C en 2003). Ce jour-là, des centaines de stations pulvérisent leurs précédents maxima.
Deux vagues de chaleur successives touchent la France : fin juin puis fin juillet. Elles placent 20 départements en vigilance rouge, une première depuis la création du dispositif. Les nuits deviennent tropicales : celle du 24 au 25 juillet est la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne nationale de 21,4 °C.
Au total, cette canicule provoque 1 435 décès en excès, principalement chez les plus de 75 ans. Des travailleurs exposés sont aussi touchés : dix décès professionnels sont recensés dans le secteur du BTP et de l’agriculture.
Juillet 2022 : une canicule durable, étendue et redoutable
Trois ans plus tard, la France connaît un autre épisode caniculaire marquant, cette fois par sa durée. Du 12 au 25 juillet 2022, les températures s’envolent sur tout le territoire, avec des pointes à plus de 40 °C jusqu’au nord-ouest. Ce sont 14 jours consécutifs de chaleur extrême à l’échelle nationale, un record de durée pour un épisode de cette intensité.
Les sols se dessèchent, la végétation souffre, les incendies se multiplient, notamment en Gironde. L’été 2022 cumule 33 jours de canicule au total, un record national, battant largement celui de 2003. Plusieurs records locaux sont battus dans des villes habituellement épargnées par les excès thermiques, comme Brest ou Rennes.
La sécheresse de 2022 : un territoire à sec
La canicule de 2022 est doublée d’un épisode de sécheresse météorologique et agricole d’ampleur historique. Le mois de juillet est l’un des plus secs jamais enregistrés en France : certaines régions n’enregistrent que quelques millimètres de pluie sur l’ensemble du mois. Le déficit hydrique dépasse 85 % dans plusieurs départements du sud et de l’ouest.
Les nappes phréatiques plongent à des niveaux critiques. Plus de 90 départements sont placés sous arrêtés de restriction d’usage de l’eau, du jamais vu. L’agriculture souffre : pertes de rendement, cultures grillées, bétail assoiffé. Cette sécheresse entraîne aussi des tensions sur l’approvisionnement en eau potable dans certaines communes rurales.
Octobre 2024 : un épisode cévenol d’une intensité extrême
À l’automne 2024, un épisode cévenol déferle sur l’Ardèche et les Cévennes. En quelques heures, les précipitations atteignent des niveaux dignes de records historiques. À certains endroits, les cumuls dépassent 864 mm sur une courte période, soit l’équivalent de quatre mois de pluie.
Les rivières sortent brutalement de leur lit. Routes, ponts et villages sont submergés. Les montées d’eau sont fulgurantes, et des centaines de personnes doivent être évacuées. Bien que les pertes humaines restent limitées grâce à l’anticipation et aux alertes, les dégâts matériels sont colossaux, en particulier sur les routes départementales et les bâtiments situés en zone inondable.
Tempête Ciarán (octobre 2023) : vents destructeurs sur l’ouest du pays
Fin octobre 2023, la tempête Ciarán frappe la Bretagne et le nord-ouest avec une violence rare. Des rafales de plus de 200 km/h sont enregistrées en bord de mer, en particulier dans le Finistère et sur la côte d’Armor. Le vent arrache des toitures, déracine des milliers d’arbres et détruit plusieurs lignes électriques.
Le bilan humain fait état d’un mort et de plusieurs dizaines de blessés, dont des pompiers mobilisés pour les secours. Plus d’un million de foyers sont privés d’électricité. Le coût total des dégâts est estimé à 1,3 milliard d’euros, faisant de Ciarán l’une des tempêtes les plus coûteuses depuis les années 1990.
Crues dévastatrices dans la Roya et la Vésubie – octobre 2020
Au début de l’automne 2020, des pluies diluviennes s’abattent sur les Alpes-Maritimes. En moins de 24 heures, les cumuls atteignent 600 mm dans certaines vallées. La Roya et la Vésubie, deux cours d’eau encaissés, sortent brutalement de leur lit, entraînant maisons, routes, et ponts.
Le bilan est dramatique : 10 morts et 8 disparus. Des villages entiers comme Saint-Martin-Vésubie sont partiellement isolés, certains ne sont accessibles que par hélicoptère. Les infrastructures sont pulvérisées : routes emportées, réseaux coupés, rivières élargies de plusieurs centaines de mètres. La violence morphologique de la crue est sans précédent pour la région.
Tempête Kirk (automne 2024) : pluies records et vigilance maximale
Peu après Ciarán, la tempête Kirk arrose copieusement le nord et l’est de la France. Les cumuls de pluie dépassent les normes mensuelles dans de nombreuses stations. Les sols déjà gorgés d’eau ne peuvent plus absorber les précipitations : les crues éclairs se multiplient.
Des records de pluie pour un mois d’octobre sont battus localement. Plusieurs villes déclarent l’état de catastrophe naturelle. Si aucun mort n’est recensé dans les bilans officiels, les dommages matériels sont importants et les transports fortement perturbés.
Août 2025 : deux journées caniculaires exceptionnelles
L’été 2025 offre deux journées d’une chaleur remarquable, pendant lesquelles 119 records de chaleur sont battus à travers la France. Des villes comme Reims, Chartres, ou Nancy enregistrent des températures jamais vues depuis le début des relevés, parfois supérieures à 42 °C.
Ces deux jours suffisent à faire basculer l’ensemble du mois d’août dans les classements des plus chauds. La brutalité de cet épisode frappe autant les climatologues que la population. Si aucun chiffre officiel n’est encore publié sur les conséquences sanitaires, les hôpitaux et les services d’urgence connaissent une nette hausse de fréquentation.
Étés orageux : la grêle et les rafales deviennent plus violentes
Au fil des années, les orages d’été deviennent plus intenses. Grêlons de grande taille, rafales destructrices, pluies diluviennes sur de courtes périodes : les épisodes de type supercellulaire se multiplient. L’été 2022 notamment est marqué par des orages de grêle d’une violence inédite dans le Centre et en Bourgogne.
Des viticulteurs perdent jusqu’à 80 % de leur récolte en quelques minutes. Les assureurs notent une recrudescence des sinistres liés à la grêle. Bien qu’ils soient moins médiatisés qu’une canicule ou une tempête, ces événements touchent fortement les secteurs agricoles et les zones périurbaines mal protégées.
Crues à répétition en 2024 : la France sous vigilance
L’année 2024 se distingue par une fréquence exceptionnelle des crues. Le système Vigicrues enregistre plus de 1 500 heures de vigilance orange ou rouge sur au moins un bassin fluvial, un record depuis sa mise en place. Plusieurs épisodes d’inondation touchent la Garonne, la Loire, le Rhône et de nombreux affluents secondaires.
La saturation des sols, liée à des précipitations automnales abondantes, provoque des débordements réguliers. Dans plusieurs communes, les habitants vivent quatre ou cinq montées d’eau importantes dans la même année, épuisant les capacités de réponse des collectivités.