Les éoliennes en mer pourraient ne pas résister aux vents violents
L’essor des parcs éoliens en mer s’accélère à l’échelle mondiale, avec une capacité qui devrait bondir de 63 gigawatts en 2022 à 494 gigawatts d’ici 2030. Mais une étude publiée dans Nature Communications le 4 novembre met en lumière un défi de taille : dans près de 63 % des régions côtières, la vitesse maximale des vents a augmenté depuis 1940.
Près de 40 % des parcs éoliens européens et asiatiques se trouvent désormais dans des zones où les rafales dépassent la tolérance des turbines de classe III (limite : 135 km/h). Face à l’intensification des cyclones et à la complexité technique des installations en mer, la sécurité et la pérennité de ces infrastructures sont en jeu. Les résultats de cette analyse, relayés également par le média australien ConnectSci, imposent de revoir en profondeur la planification et la conception des éoliennes offshore.
Vitesse du vent en hausse : la résistance des éoliennes remise en question
L’étude pilotée par Yanan Zhao et son équipe de l’université des sciences et technologies du Sud à Shenzhen (Chine), parue dans Nature Communications et relayée par ConnectSci, révèle que les vents extrêmes, dopés par le changement climatique, représentent une menace croissante pour les parcs éoliens en mer.
Entre 1940 et 2023, la vitesse maximale des vents a progressé dans une majorité de régions côtières, conséquence directe de cyclones tropicaux plus intenses et du déplacement des cyclones extratropicaux vers les pôles.
Dans ce contexte, la robustesse des installations devient un enjeu technique crucial. Les éoliennes offshore sont classées de I à IV selon leur résistance au vent. Les turbines de classe III, particulièrement répandues en Europe et en Asie, ne sont conçues que pour résister à des vents allant jusqu’à 135 km/h. Or, cette limite est déjà régulièrement dépassée dans de nombreuses zones d’implantation actuelles ou prévues.
Expansion rapide des parcs offshore et défis techniques
Le marché mondial de l’énergie éolienne offshore connaît une croissance fulgurante. En moins d’une décennie, la capacité cumulée installée doit être multipliée par huit, pour atteindre 494 GW d’ici 2030. Ce développement s’inscrit dans les stratégies de décarbonation et de transition énergétique, notamment en Europe et en Asie.
Installer des fermes éoliennes en mer implique cependant des défis techniques majeurs : travaux complexes d’ancrage, adaptation aux vents violents, gestion des vagues et courants océaniques. Plus la capacité installée augmente, plus la vulnérabilité potentielle face aux extrêmes météo croît. Les nouveaux projets doivent donc intégrer ces paramètres pour éviter des incidents majeurs et garantir la continuité de la production.
Adapter les éoliennes aux nouveaux risques climatiques
L’étude dirigée par Yanan Zhao appelle le secteur à une vigilance accrue. Intensification des tempêtes, augmentation de la fréquence des rafales extrêmes : la sécurité et la performance des éoliennes offshore dépendent désormais de leur capacité à anticiper ces évolutions. Il devient indispensable de privilégier des turbines de classes supérieures (I ou II) dans les zones à risques élevés, et de revoir les normes de conception pour tenir compte des tendances observées sur plusieurs décennies.
Les acteurs de la filière, qu’ils soient développeurs, ingénieurs ou décideurs publics, sont invités à intégrer dans leurs projets les dernières données issues de la recherche scientifique et des modèles climatiques, pour garantir la durabilité des infrastructures et limiter les pertes économiques potentielles.