Actualités météo | En montagne, le climat s’emballe plus vite qu’ailleurs selon une étude
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En montagne, le climat s’emballe plus vite qu’ailleurs selon une étude

Publié par Météocity , le 25 nov. 2025 à 14:32

Entre 1980 et 2020, les zones de montagne se sont réchauffées plus rapidement que les plaines voisines. Ce « turbo-réchauffement » modifie la neige, l’eau disponible pour plus d’un milliard de personnes et bouscule les écosystèmes d’altitude.

Montagne enneigée

Un réchauffement plus rapide en altitude qu’en plaine

Une étude parue le 25 novembre dans la revue scientifique Nature Reviews Earth & Environment montre que les massifs montagneux se réchauffent plus vite que les régions de plaine situées à proximité. Entre 1980 et 2020, les températures moyennes en altitude ont augmenté d’environ 0,21 °C par décennie, soit un rythme sensiblement plus marqué qu’à basse altitude.

En langage météo, cela signifie que les reliefs réagissent comme un amplificateur du changement climatique. Les systèmes atmosphériques y sont plus sensibles, et les effets de la hausse du thermomètre y deviennent visibles plus tôt et plus nettement. 

Ce réchauffement a une conséquence très concrète sur le terrain : une partie des épisodes neigeux d’autrefois se transforme désormais en pluie. Là où le manteau neigeux s’installait durablement, la pluie prend peu à peu le relais, surtout en début et en fin de saison froide. Cela entraîne :

  • modification du type de précipitations (neige → pluie) ;
  • augmentation des crues et inondations ;
  • perturbation de la ressource en eau ;
  • instabilité des pentes de montagne.

La pluie, plus dense et plus rapide à ruisseler que la neige, favorise la montée brutale des rivières et torrents. Les météorologues et hydrologues observent déjà davantage d’épisodes de crues éclairs. Les inondations meurtrières liées aux moussons au Pakistan illustrent ce type de phénomène extrême, même si d’autres facteurs climatiques et géographiques s’y ajoutent.

L’eau des montagnes, une ligne de vie pour plus d’un milliard de personnes

Les montagnes ne concernent pas seulement les habitants des vallées d’altitude. Plus de 1 milliard de personnes dans le monde dépendent directement ou indirectement de la neige et des glaciers pour leur eau potable, l’irrigation, l’hydroélectricité ou encore certaines activités économiques.

Les grands fleuves d’Asie – dont le débit est en partie alimenté par la fonte des neiges et des glaciers – illustrent bien ce rôle de château d’eau. La Chine et l’Inde, qui sont les deux pays les plus peuplés de la planète, reçoivent une fraction cruciale de leurs ressources en eau des glaciers de l’Himalaya.

Traditionnellement, la neige de montagne jouait le rôle de stockage naturel : elle tombait en hiver, puis fondait progressivement au printemps et en été, libérant une eau régulière dans les rivières. Avec des températures plus élevées, plusieurs effets se combinent :

  • moins de neige accumulée en hiver ;
  • fonte plus précoce au printemps ;
  • augmentation des épisodes de pluies intenses ;
  • alternance plus marquée entre excès d’eau et manque d’eau.

En pratique :

  • les réserves neigeuses diminuent, ce qui réduit la quantité d’eau disponible en été ;
  • la fonte se produit plus tôt dans la saison, au moment où la demande en eau agricole n’est pas encore maximale ;
  • les épisodes de pluie intense accentuent les crues en période déjà humide, mais ne sécurisent pas forcément l’alimentation en eau à long terme.

Pour les pays et régions dépendants des glaciers, cette évolution augmente à la fois le risque de pénurie en eau à moyen terme et la probabilité de catastrophes naturelles en cas de crues en aval.

Des écosystèmes montagnards poussés vers le sommet

Le réchauffement en altitude met aussi les milieux naturels sous pression. Faune et flore de montagne sont adaptées à des conditions fraîches, souvent très spécifiques. Lorsque la température moyenne grimpe, ces espèces cherchent des conditions plus proches de leur « climat idéal » en se déplaçant vers des altitudes plus élevées.

Ce mouvement vers le haut a pourtant une limite évidente : le sommet. Les chaînes de montagne n’offrent pas une infinité de paliers. Une fois qu’une espèce atteint la crête ou le pic le plus haut, il n’existe souvent plus de territoire disponible avec des conditions suffisamment fraîches pour elle.

Les scientifiques mettent en garde : sans zones de repli supplémentaires, certaines espèces montagnardes pourraient disparaître, entraînant un bouleversement en chaîne des écosystèmes, qu’il s’agisse d’insectes, de plantes alpines ou de grands animaux adaptés au froid.