Actualités météo | Une coulée de boue de 200 mètres surprend des habitants en pleine nuit en Savoie
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Une coulée de boue de 200 mètres surprend des habitants en pleine nuit en Savoie

Publié par Sandrine Météocity , le 25 nov. 2025 à 12:00

Au cœur de la Combe de Savoie, le village de Fréterive a été frappé dans la nuit par une coulée de boue d’ampleur inhabituelle. Plusieurs maisons ont été endommagées, un couple de retraités a dû être évacué et les principaux axes de circulation entre Chambéry et Albertville se sont retrouvés coupés. La commune, déjà fragilisée par un éboulement en novembre, doit à nouveau faire face à l’urgence.

Voiture emportée par une coulée de boue

Des pluies soutenues sur des terrains déjà fragilisés

Fréterive est un petit village viticole de Savoie, accroché au relief de la Combe de Savoie. Dans la dernière nuit de l’épisode pluvieux, les précipitations se sont prolongées pendant plusieurs heures, gonflant les ruisseaux qui traversent la commune. L’un d’eux a fini par sortir de son lit, entraînant avec lui terre, pierres et végétation.

La région des Alpes du Nord était alors placée sous vigilance renforcée pour le risque de pluie et d’inondation, avec un appel à la prudence sur la journée. La Savoie et la Haute-Savoie figuraient parmi les départements concernés, les services météo redoutant des ruissellements importants et des débordements de cours d’eau.

À Fréterive, ce nouvel épisode intervenait dans un contexte déjà tendu. Le 4 novembre, un éboulement avait touché la commune. Depuis, la mairie et les services techniques surveillaient de près les secteurs les plus exposés. Des travaux avaient été menés en amont des habitations pour limiter le volume de matériaux susceptibles de descendre avec la pluie. Malgré cette préparation, la saturation des sols et l’intensité de l’averse nocturne ont suffi à faire céder la pente.

Une coulée qui traverse jardins et habitations

Au milieu de la nuit, un mélange très chargé en boue et graviers s’est détaché du versant au-dessus du village. Sur sa trajectoire, le front boueux s’étale par endroits sur une dizaine de mètres et progresse sur près de 200 m jusqu’aux premières maisons, avec des épaisseurs pouvant dépasser un mètre selon les zones.

Plusieurs habitations se retrouvent alors sur la trajectoire. Trois à quatre maisons sont touchées à des degrés divers : murs salis, cours encombrées de terre, clôtures tordues. L’une d’entre elles est nettement plus exposée, la boue pénétrant à l’intérieur du rez-de-chaussée.

La nuit d’angoisse d’un couple de retraités

Dans cette maison, un couple de retraités dort à l’étage. L’époux, Alain Gayet, est tiré du sommeil par un grondement inhabituel et un choc sourd venu du bas de la maison. Descendant vérifier ce qui se passe, il découvre que l’eau et la boue ont déjà envahi le pas de porte. Lorsqu’il entrebâille la porte d’entrée, le flux le déséquilibre et il se retrouve brièvement au sol. Il parvient à se relever et remonte prévenir sa femme. Le couple se met alors à l’abri dans une chambre à l’étage, dans l’attente des secours.

Les pompiers finissent par atteindre la maison, malgré la boue qui complique l’accès. Le couple, choqué mais indemne, est pris en charge puis hébergé en dehors de la zone à risque. Leur logement, lui, est envahi de sédiments et nécessite un nettoyage et une évaluation structurelle approfondis.

Jardin enseveli et véhicules piégés

Autour de la maison, le jardin a disparu sous une épaisse couche de boue. Les rangs de vignes sont recouverts, et il est difficile de distinguer où passaient les anciennes allées. Sur le terrain, Alain gare habituellement les véhicules de son entreprise de taxi. Une partie de sa flotte se retrouve coincée dans le garage, bloquée par les dépôts, et l’un de ses vans s’est enfoncé dans la masse boueuse au point que la carrosserie est partiellement noyée. Au petit matin, alors qu’une pelle mécanique commence à dégager l’accès, il essaie de joindre son assureur pour déclarer les dommages.

Chez les voisins, si l’intérieur des logements a été épargné, la coulée est parfois passée au ras des façades. Certains habitants, inquiets d’un nouveau glissement, installent des blocs ou des barrières provisoires pour détourner un éventuel flux vers des zones moins vulnérables.

Axes routiers fermés et liaison ferroviaire à l’arrêt

Le phénomène n’a pas seulement touché les particuliers. La coulée est venue buter contre la route départementale 201, l’un des principaux axes locaux. Recouverte de boue, la chaussée est rapidement fermée à la circulation pour éviter tout accident et laisser la place aux engins de déblaiement. Un chemin voisin, le chemin des Pilettes, subit le même sort et reste barré.

Un important volume d’eau au pied de la voie ferrée

En contrebas, la ligne SNCF reliant Chambéry à Albertville est elle aussi affectée. L’eau et la boue viennent se plaquer contre le remblai qui soutient la voie. Au petit matin, les agents relèvent par endroits une accumulation atteignant environ un mètre au pied de l’infrastructure, ce qui pose un risque pour la stabilité de l’ensemble.

Face à cette situation, les trains ne peuvent plus circuler. Le trafic est interrompu sur la section concernée, dans les deux sens. Des équipes spécialisées de SNCF Réseau sont envoyées sur place pour examiner la voie, inspecter le talus et décider des travaux à engager.

Pour permettre aux voyageurs de rejoindre tout de même leur destination, des cars de remplacement sont organisés sur le tronçon coupé. Ces dessertes par autocar doivent assurer la continuité du service tant que la voie ferrée reste en cours de sécurisation.

Crédit image : capture d'écran M6