VIDEO - 2 mètres de neige dans les Alpes et les Pyrénées, des quantités impressionnantes tombent encore
Depuis plusieurs jours, les massifs alpins, le Jura et, dans une moindre mesure, les Pyrénées, subissent une succession de perturbations très actives. En haute montagne, les épaisseurs de neige deviennent remarquables, avec des hauteurs qui peuvent avoisiner 1,50 m à 2 m localement, tandis que les vallées encaissées reçoivent de forts cumuls de pluie.
Neige abondante en haute montagne : des cumuls remarquables
Sur les versants des Alpes du Nord, l’enchaînement de fronts actifs se traduit par des épaisseurs de neige impressionnantes à partir de la moyenne montagne. Au-dessus d’environ 1 500 à 1 800 m, les chutes de neige se sont multipliées depuis plusieurs jours.
Les relevés et estimations disponibles indiquent, selon les secteurs :
- Autour de 1 800 m, on retrouve souvent plusieurs dizaines de centimètres, avec des valeurs qui peuvent dépasser 60 cm sur les zones les plus exposées.
- À partir de 2 400 m, le manteau atteint couramment entre 70 cm et plus d’un mètre, avec des pointes au-delà de 1,20 m dans les massifs des Aravis, du Beaufortain ou de la Haute-Maurienne.
- Vers 2 500 m, les projections pour le milieu de semaine évoquent jusqu’à 1,20 m à 1,50 m de neige accumulée, parfois davantage sur les pentes les plus arrosées.
Plus largement, le secteur alpin septentrional (Savoie, Isère, zones frontalières avec l’Italie) est celui qui concentre les plus gros volumes. Les scénarios les plus chargés évoquent près de 2 m de neige fraîche sur certaines crêtes ou combes sur une période relativement courte, ce qui reste exceptionnel pour la saison.
Au-dessus d’environ 1 500–1 700 m, de nombreux domaines peuvent ainsi enregistrer de l’ordre d’une cinquantaine à une soixantaine de centimètres, tandis que les bords de vallées situés entre 1 100 et 1 200 m récupèrent en général une vingtaine de centimètres ou un peu plus, selon l’exposition au flux d’ouest.
Pluies soutenues en plaine et sur les piémonts
En parallèle de l’enneigement en montagne, les plaines et plateaux du centre-est connaissent un épisode pluvieux durable. Entre mardi matin et mercredi matin, une nouvelle perturbation venue de l’Atlantique renforce encore ces précipitations.
Sur des départements comme l’Ain (01), le Doubs (25), l’Isère (38), le Jura (39), la Savoie (73) et la Haute-Savoie (74), il est attendu de l’ordre de 50 à 100 mm de pluie au total sur la période. Sur certains postes, cela représente l’équivalent de un tiers à plus de la moitié de ce qui tombe habituellement sur plusieurs semaines en novembre.
Le relief joue un rôle amplificateur : dans le Jura et les contreforts alpins, le vent d’ouest, forcé à s’élever sur les pentes, intensifie encore les précipitations. À mesure que l’air se refroidit en altitude, une partie de cette eau se fait sous forme de neige, ce qui limite la quantité d’eau liquide alimentant torrents et rivières en amont. En aval, en revanche, les sols déjà gorgés d’eau et les fortes intensités de pluie favorisent les ruissellements et des montées rapides de niveaux.
Paysages métamorphosés dans les Alpes alors que les abondantes chutes de neige se sont poursuivies toute la journée, ici aux Saisies en Savoie. Attention au risque d’avalanches toujours très élevé ⚠️. Vidéo We are Saisies pic.twitter.com/k5XMt7c5lb
— Kévin Floury (@kevinfloury) November 24, 2025
Refroidissement net et abaissement de la limite pluie-neige
Au fil des heures, une masse d’air plus froide s’impose sur l’ensemble des reliefs. Cette arrivée d’air plus frais entraîne une descente rapide de la limite entre pluie et neige, qui peut se situer entre 500 et 800 m suivant les vallées et l’intensité des précipitations.
Concrètement, des localités jusqu’ici arrosées par de la pluie basculent progressivement sous des chutes de neige. Les routes de moyenne altitude, jusque-là simplement mouillées, se retrouvent recouvertes d’une couche neigeuse puis, par endroits, de plaques de verglas, ce qui complique fortement les déplacements.
À partir de mercredi et jeudi, les précipitations se font nettement plus discrètes. Le temps devient plus sec mais reste froid, assurant le maintien de la neige en haute montagne. Cette période de froid durable limite la fonte mais n’efface pas instantanément les fragilités internes du manteau neigeux, déjà mal structuré par les chutes abondantes des jours précédents.
Un manteau neigeux très fragile : risque d’avalanches élevé
Le profil du manteau neigeux, en particulier dans les Alpes du Nord, présente plusieurs couches aux caractéristiques différentes, superposées en peu de temps. Les importantes quantités de neige récentes reposent sur une base plus ancienne qui adhère mal, ce qui crée un ensemble hétérogène et peu solide.
Dans ce contexte, des plaques de neige se forment fréquemment, notamment sur les versants ventés et les combes où la neige est transportée et tassée. Ces plaques peuvent se rompre brutalement, soit d’elles-mêmes, soit au passage d’un skieur ou d’un randonneur. Le danger est particulièrement marqué au-dessus de la limite de la forêt, sur les pentes inclinées.
Dans plusieurs massifs des Alpes du Nord, les services spécialisés évoquent un niveau de risque élevé à très élevé. Le maintien de températures basses les prochains jours va préserver ces couches fragiles, qui mettent du temps à se consolider. Cette combinaison de fortes accumulations récentes, de sous-couche peu cohésive et de froid durable rend la situation avalancheuse délicate, surtout hors des domaines sécurisés.