Vague de chaleur anormale : on a enregistré jusqu’à 30 °C dans le Sud‑Ouest

Des températures de fin d’été… en plein mois de novembre

Le thermomètre a frôlé les 30 °C au pied des Pyrénées, notamment à Trois‑Villes (Pyrénées‑Atlantiques). À Biarritz, on a relevé 27 °C, soit plus de 12 °C au‑dessus des normales pour un 12 novembre, signe d'une chaleur exceptionnelle en novembre. Plus au nord, la douceur a persisté : 21 °C à Bordeaux et Arcachon, 20 °C à Toulouse, 19 °C à Lyon, 18 °C à Tours (+7 °C par rapport à la normale).

Localement, l’écart aux normales a atteint près de 15 °C au pied des Pyrénées. À la côte basque, la douceur a été remarquable dès le matin, avec une minimale supérieure à 20 °C à Biarritz, un seuil quasi inédit.

Sur le littoral aquitain, la journée a pris un air estival : sur le bassin d’Arcachon, on a profité de baignades, signe d’une atmosphère en décalage avec la saison.

Pourquoi fait‑il si doux ? Les mécanismes en jeu

Un flux de Sud piloté par la dépression Claudia

Une dépression est une zone de basses pressions où l’air converge, tourne dans le sens antihoraire et s’élève. Positionnée sur le proche Atlantique, Claudia a généré un vent de Sud qui a fait remonter de l’air chaud en provenance de l’Espagne et du nord du Maroc. C’est ce transport horizontal d’air, appelé advection, qui a dopé les températures jusqu’à la Loire.

L’effet de foehn au pied des Pyrénées

En franchissant les Pyrénées, l’air s’assèche et se réchauffe en redescendant vers le versant nord : c’est l’effet de foehn. Ce réchauffement dit « adiabatique » amplifie les maximales en Pyrénées‑Atlantiques, expliquant des pointes proches de 30 °C et des matinées très douces.

Poussières sahariennes : un ciel voilé, pas la cause de la chaleur

Le même flux de Sud a transporté des poussières sahariennes. Elles peuvent épaissir le voile nuageux, opacifier le ciel et réduire la luminosité. Elles n’expliquent toutefois pas la hausse des températures, qui relève avant tout de l’advection d’air chaud et du foehn.

Ces poussières peuvent parfois se déposer au sol. Lorsqu’elles atteignent la neige, elles diminuent l’albédo — la part de lumière solaire réfléchie — et peuvent accélérer la fonte du manteau neigeux ou des glaciers. Ce risque n’est pas systématique, mais il existe lors de dépôts marqués.

Des effets concrets sur les activités et l’agriculture

La douceur a encouragé les activités de plein air, notamment sur la façade atlantique où l’on s’est baigné sur le bassin d’Arcachon. La nature, elle, apparaît en décalage avec le calendrier, signe d’une saisonnalité bousculée par ces excès de douceur.

Côté champs, les conséquences sont immédiates. Près de Tours, environ 30 % des navets sont devenus invendables, attaqués par les larves d’une mouche plus fréquente qu’habituellement sous douceur automnale. Les choux poussent trop vite et risquent d’arriver à maturité en même temps, alors que la demande se contracte quand il fait 20 °C dehors.

Et maintenant ? Pic jeudi, changement dès vendredi, froid ensuite

La séquence douce doit se poursuivre jusqu’à samedi, avec un pic jeudi : on attend encore 20 à 23 °C dans le Sud‑Ouest, avec des pointes vers 24 à 27 °C, voire un peu plus localement en zone pyrénéenne.

À partir de vendredi, le temps devient plus perturbé : nuages et pluies se généralisent, le vent bascule progressivement à l’Ouest voire au Nord‑Ouest. En début de semaine prochaine, l’ambiance vire au hivernal : dans le Sud, les moyennes chutent d’environ 21 °C à 11 °C d’ici mercredi. Des gelées sont possibles dans la moitié nord et dans les vallées de montagne du Sud.

Ce type de configuration de vent de Sud n’est pas nouveau. En revanche, l’atteinte de valeurs aussi élevées en novembre est facilitée par le réchauffement global, qui rend l’air d’origine — Espagne et nord du Maghreb — plus chaud qu’auparavant.