Tornade meurtrière dans le Val-d'Oise : 1 mort et 4 blessés graves à Ermont

Le phénomène : une tornade liée à une supercellule à sommets bas

La tornade s’est déclenchée à 17h45 sur le sud du Val-d’Oise, touchant des secteurs densément peuplés. À l’origine de ce phénomène, une supercellule à sommets bas (aussi appelée Low-Topped supercell ou LT) : il s’agit d’un type particulier d’orage rotatif dont la hauteur verticale est relativement faible, mais qui peut produire des vents très intenses et des tourbillons localisés, comme les tornades. Cette cellule orageuse s’est formée plus tôt dans l’ouest de la France, avant de se renforcer nettement lors de son passage au nord de Dreux et d’atteindre l’Île-de-France, conservant une forte intensité sur le Val-d’Oise.

Selon les premiers constats, la trajectoire de la tornade a principalement impacté les communes d’Ermont, Eaubonne et Franconville. Une seconde tornade aurait simultanément touché Chaumont-en-Vexin, dans l’Oise, occasionnant cette fois des dégâts bien moindres.

Dégâts humains et matériels : un bilan lourd

La tornade a provoqué la chute de trois grues : l’une sur un chantier à Ermont, où un ouvrier de 23 ans a perdu la vie, une autre sur un établissement médico-social (sans victime), et la troisième sur un immeuble d’habitation. Le dernier bilan fait état d’un décès, quatre blessés en urgence absolue et cinq en urgence relative. Les secours ont rapidement mobilisé 80 pompiers, 50 policiers et 20 membres du Samu pour venir en aide aux victimes et sécuriser la zone.

Les conséquences matérielles de la tornade sont considérables :

• Toitures arrachées sur de nombreux bâtiments
• Arbres déracinés, rues jonchées de débris
• Environ 1 700 foyers privés d’électricité, surtout à Ermont, avec des opérations de rétablissement menées par Enedis
• Trafic ferroviaire interrompu jusqu’à 15h entre Pontoise et Ermont-Eaubonne (RER C et ligne H)

Les parcs municipaux d’Ermont ont été fermés par mesure de sécurité, et un centre d’accueil d’urgence a été ouvert dans le gymnase Rébuffat pour héberger les habitants sinistrés.

Mobilisation et gestion de crise

Face à l’ampleur du sinistre provoqué par la tornade, un centre opérationnel départemental a été activé pour coordonner les secours et la sécurisation des lieux. Les forces de sécurité et les équipes techniques poursuivent les opérations de déblaiement et d’inspection des bâtiments. Une enquête pour homicide involontaire et blessures involontaires dans le cadre du travail a été ouverte, confiée à la police judiciaire de Pontoise, avec la présence sur place de l’inspection du travail.

Les autorités locales, dont le préfet du Val-d’Oise Philippe Court et la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse, ont exprimé leur soutien aux victimes et annoncé des aides spécifiques pour les communes touchées. La déclaration de l’état de catastrophe naturelle est attendue prochainement.

Pourquoi cette tornade ? Le contexte météorologique du 20 octobre

Le bulletin émis la matinée du 20 octobre signalait déjà un risque élevé d’orages violents, particulièrement entre la Bretagne et les Hauts-de-France, avec menace de phénomènes tourbillonnaires. Les conditions étaient donc réunies pour favoriser la formation de tornades, en particulier dans le Val-d’Oise et l’Oise. Le bulletin soulignait la possibilité d’averses intenses accompagnées de grésil, de rafales dépassant 70 km/h, ainsi que de tourbillons isolés parfois engendrés par la structuration de certains orages en supercellules à sommets bas.

Il faut remonter au 16 juillet 2003 pour retrouver une tornade comparable dans le Val-d’Oise, ce qui souligne le caractère exceptionnel de l’événement pour la région. La multiplication d’événements météorologiques extrêmes ces dernières années interroge sur le rôle du changement climatique. Bien que chaque tornade dépende de conditions locales très précises, le réchauffement global de l’atmosphère pourrait, selon plusieurs études, augmenter la fréquence et l’intensité de certains phénomènes violents comme les orages et les tornades.