Pourquoi certaines personnes ont-elles plus froid que d'autres ?
Dans une même pièce ou sous le même ciel d’hiver, certains grelottent quand d’autres restent à l’aise. La sensation de froid n’est pas qu’une affaire de thermomètre, elle dépend d’un équilibre fin entre notre corps et l’environnement. Voici un décryptage clair pour comprendre d’où viennent ces différences et comment mieux y faire face.
Thermorégulation : comment le corps gère le froid
Notre température interne oscille autour de 36,5 à 37,5 °C. Dès qu’elle baisse d’environ 0,5 °C, l’hypothalamus déclenche des réponses : vasoconstriction des vaisseaux cutanés (on “coupe” la peau du flux sanguin), frisson musculaire et piloérection. Le frisson peut multiplier par 2 à 5 la production de chaleur.
La morphologie joue aussi : plus on est petit et mince, plus le rapport surface/volume est élevé, donc plus on perd de chaleur. La masse musculaire agit comme une chaudière ; la masse grasse, surtout sous-cutanée, isole. La graisse brune, présente chez le nourrisson et encore chez l’adulte, assure une “chauffe” sans frisson via la thermogenèse.
Facteurs individuels : pourquoi certains ressentent davantage le froid
Âge et sexe
Avec l’âge, la peau s’affine, la vasomotricité baisse et la masse musculaire recule : on dissipe plus vite la chaleur. En moyenne, les femmes ont une masse musculaire moindre et une distribution de graisse différente, ce qui peut accentuer la sensation de froid aux extrémités.
Hormones, métabolisme et médicaments
- Thyroïde : une hypothyroïdie ralentit le métabolisme basal, donc la production de chaleur.
- Fer : une anémie ferriprive réduit l’oxygénation des tissus et favorise les frissons.
- Médicaments : certains bêtabloquants, vasoconstricteurs ou sédatifs modifient la thermorégulation.
- Nicotine et caféine : effets vasculaires contrastés, parfois trompeurs sur le ressenti.
Circulation et troubles spécifiques
Une mauvaise perfusion des mains et des pieds expose au froid des extrémités. Le phénomène de Raynaud touche une fraction non négligeable de la population, avec des doigts qui blanchissent puis bleuissent au froid. En cas de douleur ou de crises fréquentes, un avis médical s’impose.
La part de la météo : vent, humidité, altitude et ville
Le vent accentue fortement le froid ressenti (refroidissement éolien). Par exemple, par 0 °C avec un vent de 20 km/h, l’indice de refroidissement éolien vaut environ −5 °C, ce qui cadre avec l’idée d’un ressenti 4 à 6 °C plus bas qu’en air calme.
Dans l’eau, la perte de chaleur est bien plus rapide que dans l’air : l’eau conduit la chaleur plus de 25 fois mieux que l’air, d’où un refroidissement accéléré en cas d’immersion ou de vêtements mouillés.
En ville, l’îlot de chaleur urbain élève souvent les températures nocturnes de quelques degrés par rapport aux zones rurales. Les modélisations montrent des écarts de l’ordre de +2 à +4 °C selon les villes (ex. Amiens : +3,6 °C en été), et davantage en période de canicule.
Mode de vie et acclimatation : ce qui change vraiment au quotidien
- Sommeil : une nuit écourtée perturbe les hormones et le contrôle thermique.
- Hydratation : un déficit réduit le volume sanguin circulant et la perfusion des extrémités.
- Alimentation : un apport énergétique trop faible limite la production de chaleur ; penser aux protéines et aux féculents chauds.
- Activité physique : marcher 10 à 15 minutes relance le débit sanguin et la thermogenèse.
- Acclimatation : des expositions progressives au frais (vêtements plus légers, douches tièdes) améliorent la tolérance au froid en quelques semaines.
Le choix des vêtements est crucial. Les couches superposées emprisonnent l’air isolant : une couche respirante, une couche isolante, puis une couche coupe‑vent et déperlante. Mains, pieds et tête concentrent les pertes ; gants, chaussettes en laine et bonnet font la différence.
Mesurer sa sensibilité au froid : tableau pratique
| Facteur | Indication | Impact sur le froid | Signal d’alerte |
|---|---|---|---|
| Masse musculaire | Faible | Moins de chaleur produite | Frissons rapides, fatigue |
| Masse grasse sous‑cutanée | Très faible | Moins d’isolation | Extrémités glacées |
| Thyroïde | Hypothyroïdie | Métabolisme ralenti | Frilosité persistante |
| Vent | ≥ 20 km/h | Ressenti ~ −5 °C (par 0 °C) | Engourdissement |
| Humidité / eau | Peau ou vêtements humides | Refroidissement accéléré (eau ≈ ×25) | Chair de poule durable |
Conseils pratiques / À retenir
- Empilez les couches et protégez les extrémités : gants, bonnet, chaussettes épaisses.
- Coupez le vent avec une couche externe déperlante ; un coupe‑vent change la donne à vélo ou à pied.
- Bougez souvent : 5 minutes d’allers‑retours dans l’escalier chauffent plus qu’un plaid.
- Misez sur le chaud‑humide à table : soupes, boissons tièdes, féculents ; évitez l’alcool qui dilate la peau et donne une fausse impression de chaleur.
- Gardez la peau sèche : changez de couche si elle est humide, surtout au niveau du dos et des pieds.
- Surveillez la santé : fatigue anormale, ongles cassants, frilosité chronique ? Parlez‑en à un professionnel pour dépister carences ou troubles hormonaux.
FAQ
Pourquoi mes mains et mes pieds sont‑ils toujours froids ?
Le corps priorise les organes vitaux : il réduit le flux sanguin cutané pour conserver la chaleur du tronc. Des extrémités froides peuvent refléter une vasoconstriction marquée, une masse musculaire faible ou un trouble de la circulation.
Le “froid humide” est‑il vraiment plus mordant ?
Oui si la peau ou les vêtements sont humides : la conduction et l’évaporation accélèrent la perte de chaleur. Le vent amplifie encore ce ressenti en chassant la mince couche d’air chaud au contact de la peau.
Pourquoi deux personnes habillées pareil ne ressentent pas la même chose ?
Parce que la production de chaleur varie selon la masse musculaire, l’activité, les hormones et l’acclimatation. La même tenue ne suffit pas toujours si l’une a un métabolisme plus bas ou une perfusion périphérique réduite.
Le sport rend‑il moins frileux ?
L’activité régulière augmente la masse musculaire et améliore la circulation ; on produit plus de chaleur au repos et on la répartit mieux. Les effets se voient en quelques semaines.
Comment savoir si ma frilosité est “anormale” ?
Si la sensation de froid devient permanente, s’accompagne de perte de poids, de fatigue marquée, de peau sèche ou de troubles cardiaques, il faut consulter. Une cause corrigible (fer, thyroïde, médicaments) est fréquente.