Rideaux thermiques : sont‑ils vraiment efficaces pour garder la chaleur ?

Comment un rideau thermique garde la chaleur

Un rideau thermique n’est pas qu’un tissu épais : c’est un ensemble étoffe lourde + doublure + pose enveloppante. L’objectif : créer une barrière continue du plafond au sol et piéger une lame d’air quasi immobile devant la vitre, tout en limitant les échanges radiatifs avec la pièce.

Convection : calmer les courants d’air

Quand l’air touche une vitre froide, il se refroidit et « plonge » : le rideau fait écran et atténue cette boucle convective. L’effet est d’autant meilleur que les fuites latérales et en tête/bas sont limitées. 

Conduction : ajouter une petite résistance thermique

Le tissu ajoute une résistance thermique R modeste mais utile. Des valeurs de l’ordre de 0,10 à 0,30 m²·K/W sont rapportées pour des rideaux/stores selon leur type et leur pose.

Rayonnement : couper l’effet “paroi froide”

Une doublure claire ou aluminisée renvoie une partie du rayonnement infrarouge émis par le corps et les émetteurs de chauffage, améliorant le confort radiant ressenti à proximité de la baie. 

Quels gains attendre, en chiffres

Ordres de grandeur réalistes (fenêtre courante 1,2 à 1,5 m², pose soignée, volets fermés la nuit) :

• Simple vitrage : réduction des pertes de 10 à 20 % avec rideaux lourds doublés et pose couvrante ; des mesures à ~14 % existent en conditions patrimoniales (HES).
• Double vitrage ancien (Uw ≈ 2,7–3,0 W/m²·K) : 5 à 10 % selon la continuité du rideau et l’étanchéité des ouvrants.
• Double vitrage récent (Uw ≈ 1,1–1,3 W/m²·K) : 2 à 5 % surtout en confort (l’économie absolue est plus modeste car la fenêtre est déjà performante). 

Côté facture, en s’appuyant sur des prix moyens en France métropolitaine en 2025 (~0,239 €/kWh au TRVE électricité au 01/02/2025 ; ~0,118 €/kWh pour le gaz en janvier 2025), un gain typique peut aller d’~10 à 65 € par an et par fenêtre selon vitrage, climat (HDD/DJU) et énergie.

Comparatif rapide

Notes : ordres de grandeur pour une fenêtre de 1,2–1,5 m², climat français (HDD 1 800–3 000 K·j), pose soignée, volets fermés la nuit ; prix moyens 2025. Méthode de calcul détaillée en fin d’article.

Où et quand l’effet est le plus sensible

• Climats froids : plus les HDD/DJU sont élevés, plus l’intérêt économique grandit (besoins de chauffage proportionnels aux degrés‑jours).
• Parc ancien : fenêtres simple vitrage ou double ancien, menuiseries peu étanches : l’impact relatif est plus fort.
• Avec volets : fermés la nuit, ils créent une seconde lame d’air et cumulent l’effet du rideau.

Bien choisir et bien poser : la méthode qui change tout

1) Le tissu et la doublure

• Masse : viser 250 à 450 g/m², plus la doublure. La masse freine l’air et améliore l’écran radiatif.
• Doublure technique : molleton, mousse fine ou couche aluminisée côté vitre pour renvoyer l’infrarouge.
• Longueur : jusqu’au sol, sans jour en bas ; retombée de 1–2 cm.

2) La tringle et la couverture

• Pose au plus près du plafond et 15–25 cm au‑delà de chaque côté pour couvrir le tableau.
• Retours latéraux ou coffrage léger : ils guident le rideau contre le mur et réduisent les fuites (corrigé : balise fermante superflue supprimée).
• Pas de radiateur enfermé : s’il est sous la fenêtre, laisser une fente de 2–3 cm pour ne pas piéger la chaleur derrière le rideau.

3) Les joints et accessoires utiles

• Joints mousse/b brosse sur ouvrants pour couper les entrées d’air parasites.
• Boudins de bas de porte et soin du seuil sous la fenêtre : effet immédiat sur la convection.
• Volets : fermés la nuit, ils renforcent l’isolation globale de la baie. 

Condensation : vigilance mais pas de panique

Un rideau très étanche réduit l’aération locale et peut favoriser la buée sur la vitre froide. Pour l’éviter : courte aération quotidienne, léger espace en tête (1–2 cm) ou tringle déportée (~2 cm), et éviter que le tissu ne colle à la vitre.

Rideaux thermiques vs. autres solutions : bien les positionner

Le remplacement d’un simple vitrage par un vitrage performant reste la référence sur le plan thermique (Uw des fenêtres récentes autour de 1,1–1,3 W/m²·K pour du double performant). Les rideaux thermiques sont un accélérateur de confort : gain immédiat près des baies, courants d’air atténués, “paroi froide” réduite, pour un coût modéré. 

Conseils pratiques / À retenir

• Choisir un rideau lourd et doublé, longueur au sol, couvrant largement la baie.
• Installer la tringle au plus haut et, si possible, des retours latéraux.
• Traquer les jours : joints de fenêtre, boudins de porte, seuils.
• Fermer volets et rideaux dès la tombée de la nuit. Ouvrir en journée au soleil.
• Ventiler quotidiennement pour éviter la condensation.
• Ne pas couvrir un radiateur : laisser une fente pour la convection de chauffage.

FAQ

Un rideau thermique remplace‑t‑il un double vitrage ?

Non. Il apporte une résistance additionnelle modeste et un gros gain de confort local, mais ne transforme pas une fenêtre en vitrage performant. C’est un complément utile, surtout en attendant une rénovation. 

Quelle matière choisir ?

Velours, laine, jacquard ou polyester lourd avec doublure molletonnée ou aluminisée. La masse et la doublure comptent plus que la fibre elle‑même.

Rideau occultant = rideau thermique ?

Pas toujours. Beaucoup d’occultants sont denses et améliorent le confort, mais seuls ceux avec doublure isolante et pose couvrante offrent de vrais gains thermiques. 

Peut‑on mesurer l’effet chez soi ?

Oui : thermomètre infrarouge (température de paroi vitre rideau ouvert/fermé) et test de courant d’air (flamme de bougie ou fil léger). L’écart dépendra beaucoup de l’étanchéité latérale du rideau. 

Et l’été ?

Un rideau clair et doublé réduit l’échauffement solaire s’il est tiré avant l’ensoleillement ; l’effet est bien meilleur avec des protections extérieures (volets, stores) qui arrêtent le soleil avant la vitre.