Actualités météo | Le froid peut-il rendre malade ? Décryptage et fausses idées
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Le froid peut-il rendre malade ? Décryptage et fausses idées

Publié par Météocity , le 22 nov. 2025 à 04:45

Chaque hiver, les nez coulent et les salles d’attente se remplissent. Le froid est-il responsable des rhumes et des grippes, ou n’est-il qu’un facilitateur ? On fait le point, chiffres et mécanismes à l’appui, pour comprendre ce que la météo change réellement pour notre santé.

Une femme avec une écharpe

Non, le froid seul ne rend pas malade...

"Ne sors pas sans écharpe, tu vas attraper froid et tomber malade !" Une phrase que l'on entend régulièrement, et qui sous-entend que le froid pourrait causer une maladie. Mais il s'agit d'une idée fausse. 

Un rhume, une grippe ou une bronchiolite sont provoqués par des virus qui se transmettent par les gouttelettes, les mains et les surfaces. Autrement dit, le froid n’est pas un agent infectieux. 

Pour tomber malade, il faut croiser la route du virus : s'il fait très froid et qu'il n'y en a pas, alors vous ne serez pas malade. 

...mais il peut créer des conditions propices à la contamination

Cela ne signifie pas que le froid n'a aucun impact. En fait, il crée des conditions propices à la circulation et à la contamination, notamment lorsque l’on vit davantage en lieux clos l’hiver.

Sur le plan biologique, la baisse de température dans les fosses nasales (environ 33 °C contre 37 °C au niveau pulmonaire) atténue la réponse immunitaire innée contre le rhinovirus, ce qui facilite sa réplication. C’est la conclusion d’une étude publiée dans PNAS : à 33 °C, les cellules déclenchent moins d’interférons et de gènes antiviraux qu’à 37 °C. 

Des travaux récents apportent une autre pièce au puzzle : l’air froid réduit la libération de vésicules extracellulaires protectrices par la muqueuse nasale (–42 % environ), diminue des microARN antiviraux et le “leurre” des récepteurs captant le virus ; le résultat observé est un doublement possible de la réplication virale locale.

Pourquoi l’hiver concentre les infections ?

Air plus sec, virus plus solides

Le chauffage et l’air extérieur froid assèchent les intérieurs. Or à faible humidité relative, les particules respiratoires s’évaporent, restent en suspension plus longtemps et l’influenza conserve mieux son pouvoir infectieux. Des expériences en pièce test montrent qu’au‑dessus de 40 % d’humidité, l’infectiosité chute rapidement.

Côté hôte, l’air sec altère le tapis muco‑ciliaire, diminue la clairance des particules et émousse la réponse antivirale, aggravant la maladie dans des modèles expérimentaux. 

Comportements hivernaux

En hiver, on passe plus de temps en intérieur, parfois peu ventilé, ce qui multiplie les contacts à courte distance. Les autorités sanitaires recommandent de porter un masque en cas de symptômes, d’aérer plusieurs fois par jour et de se laver les mains 30 secondes. Ces gestes réduisent concrètement la transmission des virus de l’hiver. 

Conseils pratiques / À retenir

  • Vaccination : à jour contre la grippe si éligible et rappel Covid‑19 selon recommandations en vigueur.
  • Lavez‑vous les mains 30 secondes, aérez 2 à 3 fois/jour, portez un masque en cas de symptômes ou en milieu clos bondé.
  • Humidité intérieure : visez 40–60 % avec un hygromètre ; trop bas, les virus survivent mieux et les muqueuses s’assèchent.
  • Température intérieure : au moins 18 °C pour la santé (plus pour personnes fragiles) ; 19 °C est une bonne cible de confort et de sobriété.
  • Habillez‑vous en couches : tête, cou, mains et pieds protégés ; évitez l’humidité au contact de la peau.
  • Évitez les chocs thermiques : sortez couvert, limitez la climatisation trop froide et les variations brusques chaud/froid.
  • Surveillez les plus vulnérables : nourrissons, aînés, personnes avec pathologies cardiorespiratoires ; appelez le 15 en cas de signes d’hypothermie. 

FAQ

Le froid “tue‑t‑il” les virus à l’extérieur ?

Certains virus respiratoires persistent mieux dans l’air froid et sec. Le froid ne les élimine donc pas systématiquement ; l’aération et l’humidité intérieure correcte restent clés. 

Dormir fenêtre entrouverte en hiver augmente‑t‑il le risque d’attraper un rhume ?

Non si l’on est correctement couvert : l’infection vient d’un virus. Toutefois, une pièce froide et trop sèche irrite les voies respiratoires. Visez 18–19 °C et 40–60 % d’humidité. 

Faut‑il couvrir le nez avec une écharpe quand il gèle ?

Oui, cela réchauffe et humidifie l’air inspiré, protégeant les muqueuses nasales dont les défenses locales baissent au froid. 

Les enfants sont‑ils plus sensibles au froid ?

Ils sont surtout sensibles aux virus hivernaux et au risque de déshydratation en cas de gastro ou de bronchiolite ; d’où l’importance des vaccins et des gestes barrières. 

Le changement climatique va‑t‑il faire disparaître les maladies d’hiver ?

Non. Les vagues de froid extrêmes se raréfient, mais l’hiver reste une période de forte circulation virale, avec des épisodes de froid encore possibles.