Feuilles jaunes en été : la chaleur déclenche un automne précoce en France ?
Des feuilles jaunes qui tombent dès le mois d’août, des arbres affaiblis… Cette année, la France observe un « automne » avant l’heure, conséquence directe des vagues de chaleur et de la sécheresse. Que se passe-t-il dans nos forêts et jardins ? Faut-il s’inquiéter pour la santé des arbres ?

Des couleurs d’automne dès l’été : un signal d’alerte climatique
D’habitude, on profite des teintes dorées des forêts à la mi-octobre. Mais cette année, dès la mi-août, les feuilles tombent massivement, parfois jusqu’à deux mois trop tôt. La cause ? Deux épisodes de forte chaleur et de sécheresse ont frappé la France, chacun notable par sa durée et son intensité.
Face à ce double stress, les arbres réagissent vite. La respiration des feuilles ralentit pour économiser l’eau, mais la température des feuilles grimpe alors bien au-dessus de celle de l’air ambiant, parfois jusqu’à 10 °C de plus. Résultat : les feuilles « grillent » littéralement.
Comment la chaleur et la sécheresse affaiblissent les arbres
Les feuilles servent de « fusible » à l’arbre. En les laissant tomber, l’arbre réduit sa consommation d’eau. Mais ce mécanisme de défense a un coût. En perdant ses feuilles trop tôt, l’arbre réduit sa phase de photosynthèse — et donc sa capacité à produire l’énergie nécessaire pour traverser l’hiver.
Le phénomène est aggravé par la fonte de la cuticule (la cire protectrice des feuilles), accélérant leur dessèchement. De plus, la sécheresse provoque des bulles d’air dans les vaisseaux qui transportent la sève : ces « embolies » condamnent irrémédiablement les feuilles, voire des branches entières.
La mortalité des arbres en hausse, un enjeu pour la biodiversité
Selon le dernier recensement de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) en 2024, la mortalité des arbres a doublé en dix ans en France. La répétition et la précocité des vagues de chaleur fragilisent durablement les arbres, notamment lors de leur période de croissance intensive, comme en juin.
Même les espèces pourtant réputées résistantes (comme les chênes verts autour de Montpellier) subissent des dégâts importants.
Des automnes précoces, des printemps bis : un cycle inédit
Autre conséquence étonnante : lorsqu’un automne doux suit ces épisodes précoces de chute des feuilles, on observe parfois une seconde floraison à l’automne. Ce phénomène, déjà constaté après la canicule de 2003, intrigue les scientifiques. Perte de feuilles en été, puis nouvelle production de fleurs et de feuillage à l’automne : le cycle naturel des arbres est chamboulé.