Actualités météo | Ouragan Gilbert (1988) : le cyclone le plus puissant de Jamaïque, bientôt détrôné par Mélissa
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Ouragan Gilbert (1988) : le cyclone le plus puissant de Jamaïque, bientôt détrôné par Mélissa

Publié par Claire Météocity , le 28 oct. 2025 à 11:03

En septembre 1988, la Jamaïque a été frappée de plein fouet par un monstre météorologique nommé Gilbert. Un ouragan d’une intensité rare, dont les stigmates marquent encore les mémoires.

Ouragan vu de l'espace

Un colosse né des eaux chaudes

Il est né discrètement, comme beaucoup d’ouragans, à partir d’une onde tropicale dans l’Atlantique. Nous sommes le 8 septembre 1988, et rien ne laisse encore présager la violence du phénomène à venir.

Trois jours plus tard, Gilbert est déjà une dépression tropicale, rapidement reclassée ouragan alors qu’elle approche des Petites Antilles. Le système semble irrésistible, porté par des eaux anormalement chaudes et une atmosphère propice à son développement.

Le 12 septembre, c’est l’enfer sur la Jamaïque. Vents soutenus à 201 km/h, rafales à 241 km/h, pluies diluviennes, houle destructrice… En quelques heures, l’île est dévastée. Et ce n’est que le début.

À peine passé, Gilbert se transforme littéralement : en 24 heures, la pression chute de 74 hPa, un phénomène rarissime, pour atteindre 888 hPale minimum jamais enregistré à l’époque dans l’Atlantique. Les vents atteignent 295 km/h : c’est l’apogée d’un ouragan de catégorie 5, entré dans l’histoire.

Une trajectoire longue, des dégâts colossaux

Après avoir ravagé la Jamaïque, Gilbert file vers l’ouest. Il effleure les îles Caïmans, frappe de plein fouet le Yucatán, s’enfonce dans le Golfe du Mexique, puis termine sa course au nord du Mexique, affaibli mais encore redoutable.

À chaque étape, il sème la destruction : inondations, glissements de terrain, coupures d’électricité, ruptures d’approvisionnement. Son empreinte s’étend bien au-delà des Caraïbes : des restes de la tempête atteindront même les États-Unis.

Jamaïque : une île brisée

Paramètre Détail
Vents 201 km/h (soutenus), rafales à 241 km/h
Pluviométrie jusqu’à 823 mm en montagne
Houle ≈ 5,8 m de surcote
Décès ≈ 45 personnes
Dommages 800 M à 4 Md USD

Le Premier ministre Edward Seaga évoquera plus tard des paysages « comme Hiroshima après la bombe », une comparaison glaçante.

Les chiffres sont brutaux :

  • 95 % des structures sanitaires détruites,
  • plus de la moitié des installations d’eau potable hors service,
  • la filière banane et avicole anéantie,
  • des quartiers entiers sans abris pendant des semaines.

Gilbert a touché au cœur de la résilience jamaïcaine, mettant à nu les fragilités d’un territoire face à des événements extrêmes.

Gilbert, témoin d’une tendance

Si Gilbert reste exceptionnel, il marque aussi le début d’un changement de paradigme : les scientifiques commencent alors à identifier l’intensification rapide comme un phénomène clé dans l’évolution des cyclones.

À l’époque, cette montée en puissance soudaine en 24 heures choque. Aujourd’hui, elle est devenue un signal d’alerte, observée de plus en plus fréquemment dans un climat réchauffé.

Mélissa 2025 : l’histoire se répète ?

Aujourd’hui, l’ouragan Mélissa réveille les souvenirs de Gilbert. Lui aussi s’est formé en quelques jours à partir d’une onde tropicale. Lui aussi a gagné en intensité de manière fulgurante.

  • Vents à 280 km/h
  • Température de surface à 30 °C, soit 2 à 3 °C au-dessus de la normale

Ce que Gilbert nous a appris

Trente-cinq ans après, le nom Gilbert a disparu des listes officielles, mais il est gravé dans la mémoire collective et scientifique.

Il a servi de référence majeure dans les études sur les cyclones tropicaux, leur structure, leur énergie et leur interaction avec le climat. Il a aussi déclenché, en Jamaïque, une prise de conscience sur la vulnérabilité des infrastructures, la nécessité d’anticiper, de renforcer et d’éduquer.

Face aux Mélissa de demain, nous savons désormais ce qu’un ouragan peut détruire en quelques heures — mais aussi ce que nous pouvons construire pour résister.