Températures exceptionnellement douces en décembre, mauvaise nouvelle pour la montagne
Début décembre, la France connaît un épisode de redoux marqué, avec des températures bien supérieures aux moyennes de saison. Ce phénomène, s'il apporte une ambiance printanière sur une grande partie du pays, a des conséquences préoccupantes pour l'enneigement des massifs montagneux et la sécurité en altitude.
Une douceur inédite pour un début décembre
La première semaine de décembre s'accompagne d'un changement de régime climatique : les températures grimpent à des niveaux rarement observés à cette période de l'année. Cette situation résulte d'un anticyclone remontant d'Afrique, qui pousse simultanément des masses d'air chaud vers la France et dégage le ciel sur la majorité des régions.
Selon les prévisions, le mardi suivant sera la journée la plus douce de la semaine. On ressentira par endroits une véritable atmosphère de printemps, avec un mercure flirtant avec les 15 °C sur une large partie du territoire. Seules quelques zones, comme la Bretagne (soumise à la pluie et au vent) et la périphérie méditerranéenne (où persiste de la nébulosité), connaîtront un temps plus perturbé.
Après une journée de mercredi placée sous le signe des perturbations, le retour de la douceur est prévu dès jeudi, prolongeant cet épisode atypique jusqu'à la fin de semaine.
Montagne : fonte accélérée et stabilité du manteau neigeux compromise
Les conséquences du redoux sont particulièrement notables en altitude. L’isotherme 0 °C — c’est-à-dire l’altitude à laquelle la température atteint 0 °C, donc le seuil du gel — atteint des valeurs remarquables, comprises entre 3 200 et 3 300 m. À cette hauteur, il devient rare que le manteau neigeux puisse se maintenir en basse et moyenne montagne.
Sous les 3 000 m, la fonte du manteau neigeux s’annonce rapide et massive. Cette dynamique est accentuée par le phénomène de foehn : un vent sec et chaud qui descend les pentes, réchauffant l’air et accélérant la fonte de la neige sur son passage.
Une autre particularité de cet épisode est la hauteur à laquelle les pluies peuvent tomber. Il pleut jusqu’à 2 400 m d’altitude : ces précipitations imbibent directement l’épais manteau neigeux, fragilisant la stabilité de la neige et augmentant le risque d’avalanches, en particulier dans les massifs savoyards.
Risques et conséquences pour la saison d’hiver
Si nombre d’habitants profitent de cette douceur, les répercussions sur la montagne sont loin d’être anodines. La forte fonte de la neige pourrait perturber le début de la saison de ski sur les massifs des Vosges, du Jura et du Massif central, où l’enneigement se trouve déjà sous pression.
La sécurité est également en jeu. Avec un manteau neigeux fragilisé par la pluie et la douceur, le risque d’avalanches se renforce nettement. L’instabilité peut rendre des secteurs entiers dangereux pour les randonneurs et les adeptes de sports d’hiver.
FAQ : Vos questions sur le redoux hivernal
Qu’est-ce qu’un épisode de redoux ?
Un épisode de redoux correspond à une période où la température augmente temporairement, souvent sous l’influence de masses d’air chaudes qui remplacent de l’air froid, entraînant un réchauffement soudain de l’atmosphère.
Quels massifs sont les plus vulnérables à la fonte rapide de la neige ?
Les Vosges, le Jura, le Massif central mais aussi les Alpes sont particulièrement touchés, surtout sous les 3 000 m, où la fonte s’accélère rapidement en cas de hausse prononcée des températures.
Pourquoi l’isotherme 0 °C est-il si important en montagne ?
L’isotherme 0 °C indique la limite d’altitude à partir de laquelle l’eau peut geler : lorsqu’il remonte au-delà des normales, il rend impossible le maintien du manteau neigeux à des altitudes basses et moyennes.
Que signifie le risque d’avalanche accru lors d’un redoux ?
Quand la neige fond plus vite ou reçoit de la pluie, sa structure interne se fragilise : certaines couches glissent alors plus facilement, favorisant le déclenchement d’avalanches.
Le phénomène de foehn joue-t-il un rôle dans la fonte de la neige ?
Oui, le foehn est un vent chaud et sec qui descend le long des montagnes. Il contribue à accélérer, localement, la fonte de la neige en réchauffant l’air à mesure qu’il descend en altitude.