Quelle est la ville la plus froide de France ?
Quelle est la ville la plus froide de France ? Grâce aux relevés précis de Météo-France et d’organismes internationaux comme Copernicus, on sait que la ville c'est dans le Jura que l’on trouve le point culminant du froid hexagonal.

Mouthe, la « Petite Sibérie » française : un cas unique en métropole ?
Quelle commune décroche vraiment le record du froid en France ? À chaque hiver rigoureux, Mouthe revient sur le devant de la scène. Surnommée la « Petite Sibérie », cette localité du Doubs attire l’attention des experts et des curieux du climat. Mais qu’est-ce qui fait de Mouthe un cas aussi exceptionnel, jusqu’à devenir une référence européenne en matière de basses températures ?
Située dans le massif du Jura, à 930 mètres d’altitude, Mouthe compte moins de 1 000 habitants. Son climat est dit continental montagnard : les hivers y sont particulièrement longs et rigoureux, la neige pouvant recouvrir le sol plusieurs mois d’affilée.
Plusieurs fois par saison, le thermomètre plonge sous les -20 °C. Lors de nuits calmes et dégagées, la température chute brutalement, créant des conditions que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en France métropolitaine.
Des records de froid historiques et officiels
Le 17 janvier 1985, la station météo de Mouthe, gérée par Météo-France, a mesuré une température inédite : -41,2 °C. Ce record absolu pour une commune habitée de France a été homologué et figure dans les annales météorologiques nationales.
Pour mémoire, la température la plus basse jamais enregistrée à Paris est de -23,9 °C (en 1879), soit près de 18 degrés de plus qu’à Mouthe.
Les statistiques officielles montrent que Mouthe n’a pas connu un tel froid par hasard. D’autres épisodes extrêmes y ont été observés :
- -36,7 °C en février 1956
- -33,4 °C en janvier 1987
- -31,1 °C en février 2012
Ces valeurs sont issues des bases de données de Météo-France et confirmées par les réseaux européens tels que Copernicus.
Pourquoi Mouthe ? Un phénomène scientifique expliqué
Pourquoi Mouthe et non une ville des Alpes ou du Massif central ? Outre son altitude, c’est la géographie en cuvette et la faible circulation de l’air qui expliquent la concentration du froid. L’inversion thermique y est particulièrement marquée, surtout lors des nuits claires et sans vent.
D’autres communes françaises connaissent des hivers très froids, comme Saint-Étienne-de-Lugdarès (Ardèche), Le Malzieu-Ville (Lozère) ou Lans-en-Vercors (Isère). Mais aucune n’atteint la répétition et l’intensité des minimales de Mouthe.
À l’inverse, les grandes villes comme Strasbourg ou Clermont-Ferrand restent bien plus tempérées, en raison du phénomène d’îlot de chaleur urbain : dans les villes, la densité des bâtiments, la circulation et la pollution retiennent la chaleur, empêchant les températures de descendre aussi bas qu’en milieu rural ou montagnard.
L’îlot de chaleur urbain désigne ainsi l’écart de température (parfois plus de 5 °C) entre un centre-ville et sa périphérie, particulièrement marqué lors de nuits hivernales ou estivales.
Conséquences concrètes du froid sur la vie locale et l’environnement
Habiter à Mouthe impose une véritable adaptation au quotidien. Les maisons sont construites avec une isolation renforcée, les habitants stockent du bois en grande quantité et les écoles peuvent parfois fermer lors des pics de froid. Les transports scolaires et l’acheminement de biens de première nécessité dépendent directement des conditions météo, surveillées en temps réel par Météo-France.
Le climat extrême influence aussi la biodiversité locale. Certaines espèces animales et végétales, comme la chouette de Tengmalm ou le sapin blanc, sont particulièrement adaptées à ces hivers rigoureux. Mais des épisodes de gel prolongé peuvent fragiliser les forêts et la faune, notamment lorsque le froid intense est associé à une faible couverture neigeuse.
Au niveau économique, l’agriculture, la sylviculture et le tourisme hivernal sont tous impactés par la fréquence des gels et l’épaisseur de neige, qui conditionnent aussi bien la survie des élevages que l’attrait de la région pour les sports d’hiver.
Météo locale et changement climatique : Mouthe en première ligne
Le réchauffement climatique mondial, documenté par le programme Copernicus et le rapport du GIEC, tend à faire reculer les grands froids, même dans les régions les plus exposées. Selon Météo-France, on observe à Mouthe, depuis cinquante ans, une légère augmentation des températures minimales et une diminution de la fréquence des épisodes de gel extrême.
Concrètement, cela veut dire que les hivers avec des températures inférieures à -30 °C deviennent plus rares, tandis que les épisodes de chaleur, même dans le Haut-Doubs, sont désormais plus fréquents et plus intenses. Ces évolutions ont des conséquences : la période d’enneigement se réduit, la végétation évolue, et la gestion de l’eau devient un enjeu crucial.
Néanmoins, Mouthe demeure un observatoire naturel irremplaçable pour suivre l’évolution du climat de montagne. Les scientifiques y croisent les données avec d’autres stations françaises et européennes pour mesurer l’impact du changement climatique sur les extrêmes météo, la biodiversité et les activités humaines.