Jusqu'à quelle température peut-il encore neiger ?

La neige, pas uniquement en dessous de 0 °C

La croyance selon laquelle il ne peut neiger que s’il fait zéro degré ou moins près du sol est tenace. Pourtant, de nombreux épisodes neigeux se sont produits alors que la température affichait 1 °C, 2 °C, voire 3 °C. Le record de la température la plus élevée mesurée lors de chutes de neige en plaine a même atteint 4 °C dans certaines stations, comme à Paris ou dans l’Ouest de la France.

Les flocons qui nous parviennent ne se forment jamais au niveau du sol, mais bien plus haut, dans des couches d’air où la température est inférieure à 0 °C. Ils entament alors une descente dans des strates parfois plus douces, mais leur fonte n’est pas immédiate.

Le rôle crucial de la température en altitude

Pour qu’il neige, la température de la couche d’air principale traversée par les flocons doit rester négative ou très proche de 0 °C jusqu’à environ 300 à 500 mètres au-dessus du sol. Plus cette couche froide est épaisse, plus les chances d’avoir de la neige au sol augmentent, même si la température au niveau du sol dépasse légèrement le zéro.

La neige commence à fondre dès que les flocons franchissent une zone où la température repasse au-dessus de 0 °C. Si cette tranche d’air douce est mince, les flocons n’auront pas le temps de se transformer complètement en gouttes de pluie. Ils atteindront alors le sol sous forme de neige mouillée ou partiellement fondue, ce que les météorologues appellent la « neige roulée » ou la « pluie et neige mêlées ».

Facteurs influençant la limite pluie/neige

D’autres paramètres entrent en jeu :

• Humidité de l’air : un air saturé d’humidité favorise le refroidissement local lors de la fonte des flocons, abaissant la température juste autour d’eux.
• Intensité des précipitations : lors d’une forte averse, la fonte des premiers flocons absorbe beaucoup de chaleur, créant un refroidissement temporaire de l’air proche du sol (phénomène d’isothermie).
• Structure du sol : sur un sol gelé ou enneigé, la neige tiendra plus facilement, même si la température de l’air est positive.

Ainsi, il n’est pas rare d’observer des flocons jusqu’à 2 °C, voire 3 °C en surface, surtout en cas de précipitations intenses. Mais dès que le redoux s’installe durablement, la pluie prend le relais.

Changement climatique : une limite en hausse

Depuis plusieurs décennies, les relevés montrent une remontée progressive de la limite pluie/neige, notamment en montagne. Selon les projections du GIEC, cette altitude pourrait grimper de 200 à 400 mètres supplémentaires d’ici la fin du XXI^e siècle dans les Alpes françaises, réduisant la fréquence et la durée des épisodes neigeux en plaine.

Ce phénomène impacte la biodiversité, la ressource en eau et les activités hivernales. Les grandes villes du Nord et de l’Ouest, comme Lille ou Nantes, voient déjà le nombre de jours de neige diminuer sensiblement, tandis que les hivers doux deviennent plus fréquents.

FAQ

La neige peut-elle tenir au sol si la température reste positive ?

Oui, surtout si le sol est déjà froid ou gelé. Même avec 1 à 2 °C en surface, une couche de neige peut se former lors d’intenses précipitations, grâce à l’effet d’isothermie.

Pourquoi observe-t-on parfois de la pluie et de la neige mêlées ?

Ce mélange apparaît quand la couche d’air douce près du sol n’est pas suffisamment épaisse pour faire fondre tous les flocons, créant une alternance de neige fondante et de gouttes de pluie.

Le changement climatique rend-il la neige plus rare en plaine ?

Oui. En France, la fréquence des épisodes neigeux en plaine a diminué de 10 à 20 % depuis les années 1960, notamment à cause du réchauffement des hivers.

Existe-t-il des exceptions à ces règles ?

Certaines configurations locales, comme le foehn ou les inversions thermiques, peuvent faire varier fortement la limite pluie/neige sur de courtes distances. Les modèles numériques prennent en compte ces microclimats pour affiner les prévisions.