Cyclones : les plus vulnérables paient le plus lourd tribut
Le réchauffement climatique intensifie la violence des cyclones tropicaux, avec des répercussions sanitaires indirectes de plus en plus préoccupantes. Selon une étude récente, les populations les plus défavorisées, faute de préparation et de moyens, paient le plus lourd tribut. Les conséquences se manifestent bien après le passage de l’événement, exigeant une adaptation urgente des politiques de santé publique.
Des cyclones de plus en plus destructeurs pour la santé publique
Chaque année, plus de 20 millions de personnes sont touchées par des cyclones tropicaux. Outre les destructions immédiates, ces phénomènes climatiques entraînent des pertes économiques majeures, estimées à 51,5 milliards de dollars sur la dernière décennie. Si les effets directs sont bien identifiés (décès, blessures, destructions), les conséquences sanitaires indirectes, elles, restent souvent sous-évaluées.
L’analyse, publiée dans le British Medical Journal, porte sur 14 millions de décès recensés à la suite de 217 cyclones entre 2000 et 2019, dans plus de 1 300 communautés réparties sur différents continents. Les pays concernés incluent l’Australie, le Brésil, le Canada, la Corée du Sud, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Taïwan et la Thaïlande.
Une hausse marquée de la mortalité après le passage d’un cyclone
L’étude révèle que les deux semaines suivant un cyclone représentent la période la plus critique, avec une nette augmentation du risque de décès. Une fois les secours déployés, ce risque diminue progressivement. Les pathologies les plus concernées sont variées, et touchent des organes ou systèmes déjà fragilisés chez les populations précaires.
- Maladies rénales : hausse de 92 %
- Blessures aux reins : +21 %
- Diabète : +15 %
- Troubles neuro-psychiatriques (dépression, anxiété) : +12 %
- Pathologies infectieuses : +11 %
- Maladies digestives : +6 %
- Problèmes respiratoires : +4 %
- Problèmes cardiovasculaires : +2 %
Ces décès sont majoritairement dus aux fortes précipitations consécutives, qui provoquent inondations et contamination de l’eau potable. Les vents, souvent spectaculaires, restent un facteur secondaire pour la surmortalité post-cyclonique.
Les populations les plus pauvres en première ligne
Les chercheurs insistent sur la vulnérabilité accrue des communautés défavorisées et des régions historiquement peu exposées. Un manque de préparation, des systèmes de santé fragiles et une capacité de réponse limitée aggravent la situation. Les ruptures d’accès aux soins et aux médicaments, combinées au stress physique et psychologique, expliquent l’ampleur des conséquences.
Les auteurs de l’étude appellent à une adaptation urgente des politiques de santé publique. Selon eux, il est indispensable d’intégrer ces données dans les stratégies nationales pour renforcer la résilience face à des cyclones de plus en plus intenses et fréquents.