Une étude révèle à quel point le changement climatique aggrave les incendies
L’année 2025 marque un tournant dramatique pour l’Europe méditerranéenne. Entre Grèce, Turquie, Chypre, Espagne ou Portugal, les incendies se multiplient à un rythme inédit, poussés par des conditions climatiques de plus en plus extrêmes.

Une intensification clairement liée au changement climatique
D’après les experts de World Weather Attribution (WWA), les vagues de chaleur, les sécheresses prolongées et les vents forts qui ont alimenté les incendies de 2025 ont six fois plus de chances de se produire aujourd’hui qu’il y a quelques décennies, à cause du réchauffement climatique. Même avec une hausse moyenne des températures globales limitée à +1,3 °C, les conditions météorologiques extrêmes deviennent la norme.
« Les incendies observés aujourd’hui ne peuvent plus être considérés comme exceptionnels. Ils sont devenus des événements probables, et donc prévisibles. »
Selon les scientifiques, 22 % de ces incendies auraient été évités sans changement climatique, ce qui montre clairement l’influence directe des émissions de gaz à effet de serre sur ces événements destructeurs.
2025 : l’année de tous les records en Méditerranée
En Turquie :
- Près de 600 incendies recensés en seulement un mois.
- Environ 60 000 hectares ravagés par les flammes.
- Plus de 50 000 personnes évacuées, notamment à Izmir et Bursa.
En Grèce :
- Des feux ont touché l’Attique, la Crète et l’Eubée, forçant l’évacuation de dizaines de milliers de personnes, y compris des touristes.
- De nombreuses villages entièrement évacués.
À Chypre :
- 125 km² de végétation détruits.
- 17 personnes décédées, dont des pompiers pris au piège dans des zones difficiles d’accès.
En Espagne :
- La saison 2025 s’annonce comme la plus dévastatrice jamais observée : 350 000 hectares partis en fumée, soit bien plus que lors des pics de 2006 ou 2021.
- L’Andalousie et la Catalogne sont les zones les plus affectées.
Des capacités de lutte déjà dépassées
Face à des incendies toujours plus vastes, rapides et imprévisibles, les moyens de lutte sont à la limite de la saturation. Pompiers, protection civile, forces armées et bénévoles sont mobilisés, mais peinent à contenir les flammes.
En Grèce, des véhicules ont brûlé dans des zones évacuées trop tardivement. En Turquie, certains secteurs ont été complètement abandonnés à cause du manque de moyens aériens.
Un pompier espagnol interrogé par EuroNews résume :
« Nous sommes sur tous les fronts, mais chaque nouvelle alerte semble plus grave que la précédente. »
Une Méditerranée particulièrement vulnérable
La Méditerranée est un des points chauds du changement climatique mondial. Le réchauffement y est 20 % plus rapide que la moyenne mondiale, ce qui renforce :
- La sécheresse des sols,
- La vulnérabilité des forêts et des maquis,
- La vitesse de propagation des flammes,
- Et la difficulté à prévoir et à contenir les foyers actifs.
Comment réagir ? L’appel à la préparation
Les experts sont unanimes : il faut repenser l’adaptation dès maintenant.
Les pays du pourtour méditerranéen doivent :
- Accroître les moyens de prévention, y compris la gestion des forêts et des zones agricoles,
- Mieux coordonner les secours à l’échelle européenne,
- Former les populations locales aux gestes d’évacuation rapide,
- Adapter les infrastructures (réseaux électriques, transports, communications) à une exposition accrue aux flammes,
- Et surtout, accélérer la transition énergétique, pour atténuer le réchauffement futur.
L’Europe face à un choix : subir ou s’adapter
Ce que montre 2025, c’est que l’inaction coûte cher – en vies humaines, en destructions matérielles, en pertes économiques. Le modèle méditerranéen, fondé sur le tourisme, l’agriculture et la densité urbaine côtière, doit évoluer pour survivre.
Si les incendies extrêmes deviennent la norme, il est urgent de repenser notre rapport à la forêt, au climat, à l’aménagement du territoire. L’adaptation ne suffira pas à tout, mais elle peut encore limiter l’ampleur des drames à venir.