Froid intense en Sibérie : avant-goût d'un hiver glacial en France ?
L’installation précoce d’un froid remarquable sur la Sibérie interroge : faut-il s’attendre à un hiver plus froid que la normale en France ? Retour sur les relevés extrêmes de ce début octobre et décryptage des liens (ou non) entre anomalies sibériennes et prévisions météo hivernales pour l’Europe occidentale.

Froid record en Sibérie début octobre : des chiffres marquants
Depuis le début du mois d’octobre 2025, la Sibérie fait face à une offensive hivernale peu commune. L’air très froid venu du pôle a fait plonger les températures bien en dessous des normales saisonnières.
La ville de Verkhoïansk, située au nord-est de la Sibérie, a relevé quatre jours consécutifs avec des températures minimales inférieures à -25 °C, atteignant même -27,2 °C. Pour un début octobre, la moyenne attendue est plutôt autour de -10 °C. On observe donc un déficit thermique de 17 °C par rapport à la normale.
Cette vague de froid s’accompagne de chutes de neige importantes, provoquant des coupures d’électricité dans certains secteurs. L’étendue de la neige au sol dépasse largement les moyennes saisonnières. Par exemple, Irkoutsk, au sud de la Sibérie, est déjà recouverte d’un manteau neigeux alors que les arbres arborent encore leurs couleurs automnales.
Neige précoce en Sibérie : un indicateur fiable pour l’hiver en France ?
Face à ces conditions extrêmes, la question se pose : une installation précoce de la neige et du froid polaire en Sibérie est-elle annonciatrice d’un hiver rude pour la France ou l’Europe de l’Ouest ?
Pour y répondre, il est utile d’observer les années précédentes. En 2022, l’enneigement en Sibérie début octobre était encore plus marqué qu’en 2025. Pourtant, l’hiver qui a suivi (2022-2023) s’est révélé doux sur une grande partie de l’Europe. Les analyses montrent même que les anomalies de douceur étaient accentuées entre la Scandinavie et l’ouest de la Russie.
Autrement dit, un automne froid en Sibérie ne garantit pas un hiver froid en France. L’anomalie d’enneigement peut évoluer rapidement avant le cœur de l’hiver. Les modèles climatiques soulignent qu’il est encore bien trop tôt pour anticiper le climat hivernal européen sur cette seule base.
Pourquoi la Sibérie influence-t-elle peu le climat hivernal européen ?
Dans l’hémisphère nord, la circulation atmosphérique dominante se fait d’ouest en est. Cela signifie que l’air froid accumulé en Sibérie a tendance à se diriger plus volontiers vers l’Amérique du Nord.
Les flux continentaux puissants, comme le phénomène du Moscou-Paris (transport de masses d’air glacial de la Russie vers la France), restent rares, et se sont même faits plus discrets ces dernières années. La France subit donc une influence sibérienne bien moindre que l’Amérique du Nord durant l’hiver.