Froid extrême : de −35 °C dans le Jura à −50 °C en Sibérie, deux mondes glacés
En pleine nuit, la Combe Noire, dans le Jura, a plongé jusqu’à −35,1 °C, confirmant sa réputation de véritable « trou à froid » français. Au même moment, la Sibérie s’enfonce sous les −50 °C, avec une vague de froid intense mais typique de son climat polaire.
−35 °C en pleine nuit dans le Jura : un « trou à froid » hors norme
Dans le massif du Jura, la semaine du 17 au 23 novembre a été marquée par une offensive hivernale précoce. Le phénomène le plus spectaculaire s’est produit dans la Combe Noire, sur la commune de Mignovillard (Jura), où le thermomètre a dégringolé jusqu’à −35,1 °C en fin de semaine.
Cette valeur compte parmi les plus basses relevées en France sur cette période. Elle rapproche la Combe Noire du record national de froid, établi à −36,7 °C à Mouthe (Doubs) le 13 janvier 1968. Le site jurassien avait déjà montré son potentiel extrême avec −33,9 °C mesurés le 4 janvier 2025.
Qu’est-ce qu’un « trou à froid » ?
La Combe Noire est décrite comme un véritable « trou à froid ». On utilise cette expression en météorologie pour désigner une zone encaissée, souvent en fond de vallée ou de dépression, où l’air froid a tendance à glisser et s’accumuler pendant la nuit.
Dans ce type de relief, l’air plus dense et plus froid dévale les pentes et se piège au fond de la cuvette. On parle de nesting de l’air froid, un phénomène qui entraîne des écarts remarquables : dans la Combe Noire, les températures descendent en moyenne d’environ 10 °C en dessous de celles relevées dans les communes voisines.
Records locaux et chute brutale des températures
À une vingtaine de kilomètres au nord de Mignovillard, la ville de Pontarlier (Doubs) a également subi ce coup de froid. La température minimale y est descendue jusqu’à −19,3 °C, ce qui constitue un record mensuel pour ce secteur en novembre.
Au niveau national, la journée du 22 novembre s’est distinguée par son caractère très froid : elle a été classée 6ᵉ journée la plus froide pour cette date depuis 1930. Ce classement prend en compte l’ensemble des relevés et permet de replacer l’épisode dans l’histoire climatique récente.
Malgré l’intensité du froid dans le Jura et en Franche-Comté, l’événement n’entre pas dans la définition d’une vague de froid nationale. La température moyenne calculée sur l’ensemble du pays ce jour-là affichait encore une anomalie positive d’environ +1,4 °C par rapport aux normales de saison. Le froid a donc été très sévère localement, mais pas généralisé.
Sibérie : le seuil des −50 °C franchi, un froid extrême mais « habituel »
Alors que la France voit un « trou à froid » isolé plonger sous les −35 °C, la Sibérie entre, elle, dans une véritable saison polaire. Les mardi 25 et mercredi 26 novembre 2025, la région a connu pour la première fois de la saison des températures inférieures à −50 °C.
Le seuil symbolique de −50 °C a été atteint ou dépassé sur plusieurs localités :
- Delyankir : jusqu’à −50,7 °C ;
- Ust-Nera : environ −50,0 °C ;
- Yurty : autour de −50,0 °C ;
- Oymyakon : proche de −49,5 °C.
Sur de vastes zones sibériennes, les températures oscillent actuellement entre −30 °C et −50 °C. Ces valeurs restent en dessous des normales saisonnières, qui se situent déjà autour de −40 °C en cette fin novembre. L’écart atteint parfois 10 à 15 °C sous les moyennes, faisant de la Sibérie la région présentant l’anomalie thermique négative la plus marquée du globe à cette période.
Pas de records absolus, mais un froid très mordant
Malgré ces chiffres impressionnants, la vague de froid actuelle ne bat pas les records historiques de la région. À Delyankir, par exemple, le record mensuel de novembre reste fixé à environ −56,3 °C. Les −50,7 °C mesurés fin novembre 2025 restent donc environ 5,6 °C au-dessus de cette valeur extrême.
La Sibérie est connue pour être l’une des régions les plus froides de la planète, au climat polaire et continental extrême. On y trouve des zones quasiment inhabitées, mais aussi des villes importantes exposées à ces conditions rigoureuses. La localité de Delyankir ne compte qu’environ 3 habitants à l’année, tandis que Iakoutsk, plus au sud, regroupe près de 340 000 habitants en Sibérie centrale.
À Iakoutsk, le cœur de l’hiver se caractérise par des températures moyennes proches de −40 °C le matin et −34 °C l’après-midi. Le contraste saisonnier reste saisissant : en juillet, on y relève des moyennes d’environ 13 °C le matin et 26 °C l’après-midi, soit près de 60 °C d’écart entre les extrêmes saisonniers.