13° dans les écoles à Lyon : les élèves invités à "mettre un pull"
Alors que plusieurs parents lyonnais s’alarment du froid dans certaines classes, la décision de retarder la mise en route du chauffage suscite débat. À l’origine de cette politique : une volonté d’économie d’énergie, une question de maintenance, mais aussi des préoccupations de santé publique post-Covid.

Des classes à 13 °C : le froid s’invite à l’école Jean-Mermoz
Est-il acceptable que des enfants passent la journée à 13 °C en classe ? Dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon, certains élèves de l’école primaire Jean-Mermoz ont dû affronter cette température inhabituellement basse. Plusieurs parents, préoccupés par le ressenti de leurs enfants et la qualité des apprentissages, ont tiré la sonnette d’alarme. Une affichette, visible à l’entrée de l’établissement, a alerté sur la situation et incité à contacter la mairie.
La mobilisation a rapidement gagné les réseaux sociaux, créant une vague d’interrogations. Faut-il s’inquiéter pour la santé des plus jeunes ? Est-ce le prix à payer pour réduire les factures d’énergie ? Ces questions soulignent à quel point le confort thermique à l’école est un sujet sensible pour la communauté éducative.
Pourquoi le chauffage n’est-il pas encore lancé dans les écoles lyonnaises ?
Interpellé sur ce sujet, Patrick Odiard, adjoint écologiste à l’Éducation du 8ᵉ arrondissement, rappelle que la mise en route du chauffage dans les 207 établissements scolaires et bâtiments municipaux de la ville intervient après les vacances de la Toussaint. Cette règle, en place depuis de nombreuses années, vise à :
- Détecter d’éventuels problèmes techniques, comme des chaudières en panne, avant le retour en classe,
- Limiter la consommation d’énergie,
- Réduire l’empreinte carbone de la commune, c’est-à-dire la quantité de gaz à effet de serre émise par ses activités.
Selon l’élu, ce calendrier différé permet à la Ville de réaliser des économies de plusieurs dizaines de milliers d’euros chaque année. La politique de chauffe n’a pas été instaurée par l’équipe municipale actuelle, mais s’inscrit dans une tradition antérieure.
Ventilation et Covid-19 : pourquoi les classes sont-elles plus fraîches ?
Depuis la pandémie, l’aération quotidienne des salles est devenue une habitude à l’école, car renouveler l’air intérieur reste essentiel pour limiter la circulation des virus. Mais ouvrir les fenêtres chaque matin, surtout à l’automne, fait chuter la température intérieure. On observe donc un effet cumulé entre la politique de chauffe différée et la ventilation renforcée.
Patrick Odiard concède que ce contexte peut accentuer le froid ressenti par les élèves, et que ses propos invitant à "mettre un pull" ont pu paraître abrupts. L’élu insiste toutefois sur la nécessité de ces gestes pour garantir la sécurité sanitaire, tout en reconnaissant que la formulation employée n’était "pas des plus heureuses".
Concrètement, cette situation s’explique par la convergence de deux mesures : la lutte contre le gaspillage énergétique et l’application des recommandations sanitaires post-Covid.
Un calendrier de chauffe flexible en cas de besoin
La mairie précise que le dispositif n’est pas totalement figé : une vague de froid exceptionnelle – c’est-à-dire une période où les températures chutent brutalement et durablement en dessous des normales saisonnières – peut conduire à avancer la période de chauffe. Pour le moment, la Ville signale qu’aucune alerte formelle n’a été enregistrée dans les autres écoles du secteur et que les conditions météorologiques restent clémentes à Lyon.
Cette flexibilité permet d’assurer une réaction rapide en cas de besoin, même si l’objectif reste de préserver les finances publiques et l’environnement, tout en veillant au bien-être des élèves.
Gestion énergétique, confort des élèves : des choix sous surveillance
Ce débat met en lumière plusieurs enjeux majeurs pour les collectivités locales :
- La gestion des dépenses publiques dans un contexte de hausse des coûts de l’énergie et de tension sur les budgets municipaux,
- Le confort thermique et la santé des enfants, éléments essentiels pour l’apprentissage et la concentration,
- La capacité de la mairie à communiquer efficacement avec les familles et à prendre en compte leurs retours.
Le sujet du chauffage dans les écoles n’est pas propre à Lyon : de nombreuses communes françaises cherchent un équilibre entre sobriété énergétique et qualité de vie pour les élèves, alors que la question de la transition écologique demeure centrale.